Le 6 juillet 2020
Fou et démesuré, Fitzcarraldo marquera à jamais le cinéphile qui osera s’en approcher.
- Réalisateur : Werner Herzog
- Acteurs : Claudia Cardinale, Klaus Kinski, José Lewgoy, Peter Berling, Miguel Ángel Fuentes
- Genre : Drame, Aventures, Film culte
- Nationalité : Allemand, Péruvien
- Durée : 2h35mn
- Date télé : 6 juillet 2020 22:40
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 16 juin 1982
- Festival : Festival de Cannes 1982
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Un homme projette la construction d’un opéra en plein coeur de la forêt amazonienne.
Critique : Fitzcarraldo ne se laisse pas attraper facilement. Cette histoire d’un homme qui voulait construire un opéra au cœur de la jungle, traversée d’images sublimes et sublimées - le bateau à la dérive, les Indiens bûcherons, l’opéra final - est un torrent que rien n’arrête, la folie destructrice d’un personnage, d’un metteur en scène, d’un film. Car au-delà de sa nature même d’œuvre cinématographique, Fitzcarraldo est aussi une étrange mise en abyme inconsciente, un making of passionnant de lui-même, impression renforcée par le style parfois quasi-documentaire de Herzog. Tournage fou pour un projet fou : le cinéaste refuse tout trucage et le bateau est bel et bien hissé par les Indiens à l’aide de poulies géantes. Et puis, il y a cette nature envahissante, à qui il faut mener la guerre : des trombes d’eau, des rapides, un guide blessé et trois années de préparation et de tournage...
Difficile de ne pas penser à Aguirre, la colère de Dieu : même acteur fétiche, même frontière floue entre épique et réalisme, même contexte géographique. Mais là où la folie d’Aguirre l’amène à la solitude et à la détestation de tous, celle de Fitzgerald est plus perverse, plus insidieuse, emportant tour à tour dans son projet ceux qui s’approchent de lui. Le regard de Klaus Kinski, lui aussi plus fou et effrayant encore que dans Aguirre car caché sous un masque de semi-normalité, transperce l’écran et vibre de cette certitude : rien ne pourra raisonner cet homme. Même Claudia Cardinale, plantée au début dans sa robe blanche et faisant figure de dernier bastion de conscience là où tous marchent sur la tête, cède elle aussi au projet absurde de son ami.
Cri d’amour au futile et au dérisoire, portrait d’un homme qui tente l’impossible pour des chimères au cœur d’une nature ennemie, deux heures et demie de démesure. Certains resteront à quai, c’est certain. Les autres seront à jamais marqués dans leur parcours cinéphilique par cet objet ample et dément. Périple halluciné d’un personnage, d’un metteur en scène, du spectateur : et si finalement, Fitzcarraldo était avant tout un film d’aventure ?
Galerie photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.