Le 19 décembre 2024
- Réalisateur : Céline Sallette
- Acteur : Céline Sallette
Actuellement membre du jury du festival des Arcs, Céline Sallette témoigne de cette expérience et revient sur sa riche année, tout en évoquant ses projets.
Les Arcs Film Festival marque une nouvelle expérience de jury pour vous, après que vous ayez déjà intégré ceux dédiés aux courts métrages de Cannes et à Un Certain Regard. Comment vivez-vous ce genre d’exercice, qui peut être joyeux mais aussi frustrant dans le cas où le palmarès final ne récompense pas vos coups de cœur ?
Il est vrai que participer à un jury peut être une expérience frustrante, mais il ne faut pas la considérer comme un enjeu trop personnel. On peut avoir des coups de cœur mais, de façon générale, ce que l’on pense à titre personnel des films n’est pas important. Au contraire, il faut les remettre dans une perspective, s’interroger sur la raison pour laquelle on attribue un prix, et en quoi ces films répondent aux enjeux du monde contemporain. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Il ne s’agit pas juste de dire qu’on aime une œuvre ou non. Il faut savoir si les sujets sont originaux ou pas. Si les films font écho à des problématiques d’aujourd’hui. Sinon, c’est trop subjectif. Donc oui, cela peut être frustrant de primer une œuvre qui nous touche moins à titre personnel, mais même dans ce cas là, je peux comprendre en quoi c’est important de la soutenir. Et puis c’est aussi un exercice de démocratie… et de jeu de pouvoir. Mais quand on s’écoute vraiment au sein d’un jury, on peut ressentir des choses de façon commune.
J’ajoute que maintenant que j’ai moi-même réalisé un long métrage, Niki, je vois des choses dans les films des autres que je ne voyais pas lorsque je n’étais qu’actrice. Désormais, mon prisme, mon regard sur les histoires sont différents. On grandit à mesure que l’on gagne en expérience. L’important est de savoir user de solides arguments. C’est cela qui compte : convaincre des camarades de ce qui nous semble être le plus juste, mais sans aucune certitude.
Justement, avec votre premier film, Niki, vous avez sûrement dû recourir à des arguments convaincants pour emmener avec vous une équipe et des partenaires dans votre projet ?
Complètement ! C’est miraculeux de mener un film à son terme. Il doit rencontrer des partenaires, des validations, du désir, des producteurs, des financiers, des chaînes de télévision, des chefs de poste. À chaque fois, à chaque rendez-vous, on sait qu’on joue l’avenir du film. Il faut convaincre chaque personne l’une après l’autre. J’ai principalement misé mes arguments sur le personnage de Niki de Saint Phalle, une pionnière incroyablement précurseur. Nous avons réuni un budget de 2,8 millions d’euros. Une somme plutôt confortable pour un premier film mais qui implique néanmoins de procéder à des arbitrages face aux contraintes. Cela nécessite beaucoup d’imagination à chaque étape de création. Nos choix sont toujours en challenge par rapport au réel et aux éléments contraires auxquels il faut s’adapter.
- Copyright Wild Bunch
Comment avez-vous vécu cette première expérience de réalisation ? Vous êtes-vous sentie immédiatement à votre place en dirigeant un plateau pour la première fois ?
Oui mais comme c’était ma première expérience de réalisation d’un long métrage, ma légitimité était sans cesse challengée. Si j’étais à ma place, c’est parce que j’étais, sur le plateau, la personne ayant le plus étudié la vie, le parcours et l’œuvre de Niki de Saint Phalle. Un metteur en scène est responsable de son histoire, de sa vision et de son équipe. C’est une médaille à deux revers. Quand on va au bout de l’expérience, il faut assumer ce qui arrive au film lorsqu’il sort en salles. Quand on lit un critique mitigée, il faut savoir la comprendre tout en se disant que l’on n’aurait pas fait son film différemment. Ce qui compte, c’est d’être convaincu que l’on a fait le film qu’on voulait faire.
Avez-vous d’autres projets de réalisation ?
Je vais mettre en scène un documentaire sur des mères dénonçant des faits d’inceste et qui sont incriminées. J’ai été saisie en entendant ces récits de mères qui sont accusées d’être des manipulatrices aliénantes en dépit de preuves parfois flagrantes. En l’occurrence, la mère qui fait l’objet de mon documentaire a placé un mouchard dans le doudou de sa famille et a enregistré le viol de sa fille. Nous allons faire expertiser ce mouchard par un expert judiciaire. Dans beaucoup de cas, la justice n’entend pas les enfants et les mères. Et ce documentaire doit servir à témoigner de cela. Notre travail d’enquête est celui que ne fait pas la justice.
Et vous reverra-t-on prochainement devant la caméra ?
Je viens de tourner une série de Jean-Charles Hue, Malditos, sur les gens du voyage. Elle sera diffusée sur HBO Max. Et j’ai récemment tourné dans le premier film de Camille Ponsin, Les Furies.
Propos recueillis par Nicolas Colle
Galerie photos
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