Le 14 décembre 2024
- Réalisateurs : Zabou Breitman - Florent Vassault
- Distributeur : Moonlight Films Distribution
- Date de sortie : 26 mars 2025
– Sortie en salles : 26 mars 2025
Lors d’une avant-première du film Le Garçon au cinéma Darcy (Dijon), nous avons eu le privilège de participer à une rencontre presse avec les deux réalisateurs Zabou Breitman et Florent Vassault. Leur enthousiasme était communicatif et nous les en remercions.
aVoir-aLire : La même première question concerne la construction et la genèse du film Le Garçon ? D’où est venue l’idée de partir de photos ? Est-ce novateur ?
Zabou Breitman : L’idée de partir de photos est exploitée depuis pas mal de temps par plusieurs artistes, par des auteurs, autrices, artistes contemporains. Là, j’ai Sophie Calle en tête mais il y en a d’autres. Il y a aussi La Carte postale d’Anne Berest. Mais sur le cinéma, j’ai jamais vu un truc pareil. J’ai toujours été attirée par le documentaire. Je fais pas mal de documentaires. Enfin, je mélange le documentaire et la fiction au théâtre, souvent. Avec Depardon notamment. La représentation du documentaire m’a toujours plu. Donc, tout cela ensemble fait que je me dis : "Bon, allez, faisons ça". Il y a eu cela, effectivement. Mais pas de cette façon-là. Et la façon dont on veut le faire... On ne sait pas trop, d’ailleurs. Je dis à Florent : "J’aimerais bien que toi, tu le fasses". Il me répond : "D’accord. Tu vas faire la partie documentaire de la photo".
Florent Vassault : Mais c’est ce que je pense que tu voulais. Tu aimais bien qu’il y ait une partie du film qui t’échappe. En ne faisant pas, toi, le documentaire, en t’adressant à quelqu’un d’autre... Cela te permettait de rester un peu surprise, je pense.
Zabou Breitman : Oui, exactement. Et lui aussi. Non, mais il a absolument raison. C’est ça. Absolument. C’est très important. Il faut que ça échappe. Parce que c’était l’idée. Et c’est un pari, aussi. On va prendre quelqu’un sur une photo. On se le dit tous les deux : effectivement, chaque vie est digne d’être inventée. Chaque vie. Et on peut prendre n’importe quelle vie. Donc on va l’essayer.
Florent Vassault : On a un point de départ mais on a pas de point d’arrivée.
Zabou Breitman : Petit à petit, au montage, c’est vrai qu’après, c’est fabriqué vraiment... Puisqu’il n’y a pas un documentaire tout seul. Et il n’y a pas une fiction toute seule. Ça n’existe pas. L’un n’existe pas sans l’autre, en fait.
aVoir-aLire : Ce film ne participe pas d’une individualité pour tendre à l’universalité, justement ? Tout garçon aurait pu être Le garçon ? Mais vous avez fait un choix.
Zabou Breitman : Personne. Personne, oui. Tout le monde. Oui, c’est un choix. C’est vrai que son regard me plaisait. Je n’ouvre pas qu’une enveloppe, en fait, dans son documentaire. Il me dit : "Tu vas ouvrir toutes les enveloppes, et je vais te filmer." Ah, d’accord. Je suis partie de son documentaire. Je suis d’accord. Il n’y a pas de problème. Il fait ce qu’il veut. Je ne veux pas savoir ce qu’il veut faire. Et j’ai une confiance absolue dans ce qu’il va faire.
aVoir-aLire : Mais vous les avez trouvées où, ces photos ?
Florent Vassault : Dans des brocantes. Enfin, ce lot-là, précisément dans une brocante en banlieue parisienne. Ce n’était pas un lot unique. Souvent, les lots sont vendus comme ça. On ne sait pas s’il y a une famille, mais le lot est constitué. Et là, ce n’était pas le cas. Ce sont des photos éparses, mélangées à plein d’autres de familles. Mais en voyant ce regard là, je le retrouve là, puis là, puis là. Et petit à petit, je rassemble comme cela les photos. J’identifie ses parents. C’est moi qui ai reconstitué ce lot à partir de milliers de photos éparses.
aVoir-aLire : Je ne vais pas vous enfermer dans une statistique, Zabou Breitman, mais vous avez collaboré sept fois dans votre carrière avec François Berléand. Nous aurions aimé que vous nous parliez de lui en tant qu’acteur.
Zabou Breitman : Il y a des individus qui sont des acteurs. Mais qui sont des êtres humains incroyables. Et qui sont des artistes. En fait, c’est un artiste, quoi. C’est un véritable artiste. Isabelle Nanty, pareil. C’est quelqu’un, c’est large, quoi. Il y a des acteurs extraordinaires. Mais qui sont juste dans leur truc. Mais eux, c’est très large, quoi. Alors ils ont bossé comme des dingues. C’est un film très, très, très petit budget. Mais ultra petit budget, on va dire. On a, je ne sais pas, on a...Ouais, on a quoi ? On a 15 % d’un film petit budget. Non, à peu près 20 % d’un film très petit budget. Donc, ce n’est quand même pas beaucoup. Ils sont partis aussi avec un risque, dans l’aventure. Ils étaient d’accord dans l’idée de ne rien savoir et de tenter un truc sans savoir. Donc, ils savaient ce qu’ils jouaient. En revanche, pour eux, c’est écrit à la virgule, forcément. Parce que j’avais le texte. Et le texte que j’ai écrit était très précis.
Florent Vassault : lls ont travaillé comme des dingues. C’est vrai que tu m’as dit que François avait scruté les photos lui aussi, complètement. Comme un fou.
aVoir-aLire : Si on déborde du cadre du film, est-ce que vous ne trouvez pas que c’est un sujet plutôt de société. Est-ce qu’on n’a pas tendance, nous, à mettre en scène, à l’excès, notre propre vie aujourd’hui, via les smartphones, avec les selfies, les vidéos, et à alimenter les réseaux sociaux ?
Florent Vassault : La mise en scène de soi, ça raconte une personne aussi. Qui est dupe, aujourd’hui, d’aller sur l’Instagram de quelqu’un et d’imaginer que sa vie, c’est vraiment ce qu’elle voit ? J’en doute quand même beaucoup.
aVoir-aLire : Au niveau du choix des acteurs, c’est la ressemblance physique qui a primé ?
Zabou Breitman : Oui, et puis aussi parce qu’il ressemble à peu... Il ressemble à Florent. Il a les yeux très, très clairs. Et puis, je connais Damien parce que j’ai travaillé au théâtre avec lui. C’est un acteur que j’adore. Quant à Nicolas, j’ai travaillé aussi avec lui dans une série. C’est un super acteur. Nicolas, c’est celui qui fait le partenaire en face, que j’aime beaucoup. Les lunettes... On lui a mis les mêmes lunettes que le mec sur la photo. J’ai inventé le moment d’avant la photo et le moment d’après. C’était un peu ça, la fiction.
aVoir-aLire : Nous voulions connaître l’accueil que vous avez reçu lors du festival international du cinéma de Saint-Jean-de-Luz, début octobre 2024 ?
Florent Vassault : C’est étonnant, ce n’est pas toujours le même public entre les festivals. Et oui, à Arras, Namur aussi, on a des retours assez phénoménaux.
Zabou Breitman : C’est incroyable, les gens disent des choses dingues. Les gens, c’est pareil, disent des choses tellement belles, tellement fortes, tellement profondes. C’est très beau. Il y a vraiment une réappropriation du film. Au départ, au début du tournage, certains se demandaient, en gros, qui cela pourrait intéresser. Et ce qui est très drôle, c’est que les spectateurs sont toujours renvoyés à eux, se retrouvent dans le film. Il me disent tous : "C’est fou ce que c’est universel, c’est ma famille, je me suis tellement retrouvé dans le film, j’avais vu tellement de moi".
Propos recueillis par Éric Françonnet
Galerie photos
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