Le 13 juin 2006
Le festival lyonnais passe un cap, grossit à vue d’œil et devient petit à petit le meilleur rendez-vous électronique d’Europe.
Le festival lyonnais passe un cap, grossit à vue d’œil et devient petit à petit le meilleur rendez-vous électronique d’Europe.
Jour 1 - Mercredi 24 mai - Piscine du Rhône/Les Docks Port Rambaud
Comme chaque année, tout commence le mercredi qui précède l’Ascension. Et comme chaque année la soirée d’inauguration est une nouvelle fois déplacée. Cette année, la joyeuse commission de sécurité a décidé d’interdire l’accès au site de l’Antiquaille 48 heures avant l’ouverture des festivités. C’est donc une nouvelle fois la piscine du Rhône et sa splendide vue qui accueille les premiers clubbers de cette quatrième édition du festival lyonnais. C’est plutôt sympa et bon enfant, on y croise institutionnels, journalistes, pro, teufeurs, artistes et who’s who lyonnais. On se regarde le nombril, on se dit qu’on est beau avec nos lunettes de soleil. Allez. 22 heures, on se casse. C’est gentil les inaugurations, mais il est clair que tout le monde a envie de voir comment le site du Port Rambaud (qui accueille trois soirées cette année) est aménagé. Un coup de tramway et une traversée de chantier plus tard et nous y voilà. Et là, c’est un peu la grosse claque. Sans avoir écouté un seul son, il est déjà clair que le festival lyonnais est passé à la vitesse supérieure. Le site est tout simplement monstrueux. Trois scènes installées dans les bâtiments qui longent le Rhône (Salins du Midi et Sucrière), un nombre incalculable de bars et de restos, un espace pro gigantesque, le tout s’étalant sur plus de cinq cents mètres le long du Rhône. Le lieu a la capacité d’accueillir sept mille personnes par soir et franchement les organisateurs ont au final prévu presque trop petit...
Cette première soirée s’annonçait sous de bons auspices. Une programmation éclectique et plutôt pointue, rendant hommage à la fois au son allemand (Berlin et Cologne) et à plusieurs artistes alternatifs qui ont marqué la création musicale depuis trente ans. Il a fallu donc naviguer entre trois scènes qui proposaient des univers radicalement différents.
- Faust 12
Les excellents Anglais de The MFA dans un live survolté faisaient ainsi face aux furieux Faust qui, dans la lignée de leurs expérimentations passées, avaient installé une vraie usine sur scène sous forme de bétonneuse, porte de voiture, tronçonneuse et scie circulaire.
Au même moment, sur le troisième très beau plateau, le temps semblait comme suspendu. Là, la troupe de chez Kompakt faisait des étincelles au rythme d’une techno minimaliste et inspirée. Une montée tout en douceur orchestrée de main de maître par les boss du label Reihard Voigt et Michael Mayer. De retour sur la scène principale le duo Villalobos - Luciano met le feu aux poudres avec un ping-pong de folie. Un set "rouleau compresseur" de 3h30, un tantinet racoleur mais bougrement efficace. Dj Hell clôturait cette première soirée par un mix un peu trop classique au goût de votre reporter, ce qui lui permit de rentrer reposer ses vieilles jambes.
Jour 2 - Jeudi 25 mai - Laurent Garnier "All day long"/Circuit électronique
- Laurent Garnier
Après avoir clôturé le festival 2005 par un mix d’anthologie, Mister Garnier était de retour pour une journée (12h/22h) sous le signe de la techno. Que dire mis à part le mot "parfait" ? La maîtrise du Parisien est tout simplement incroyable et sa capacité à garder le public en éveil pendant dix heures est prodigieuse. Sous le soleil, les festivaliers s’en sont donné à cœur joie et l’ovation qui a retenti à la fin du mix était à la hauteur de la performance. Magique. Mais il fallait se résoudre à quitter les lieux pour explorer une nouvelle fois les étapes gratuites du circuit électronique. Huit étapes, huit lieux (salle de concert, parking sous-terrain, chapelle) une foultitude de DJs et de groupes. En un mot, une overdose sonore. Dans l’impossibilité de couvrir seul l’ensemble du circuit, votre serviteur s’est focalisé sur deux soirées.
- Flore
Au skate park de Gerland c’est le collectif DeLaBreak, mené par l’excellente Flore, qui entama les hostilités. Break beat et drum’n’bass enflammé, notamment le live des Suisses de Blessing’s Break Beat. Ensuite, direction le Kao pour la soirée Mouvement électronique ou notamment le Dj set de Damien Lazarus (patron de Crosstown Rebel) restera dans les annales.
Jour 3 - Vendredi 26 mai - Les Docks Port Rambaud
Histoire de se mettre en jambes, direction le Bistroy (salle alternative) dès 20h pour un live trip-hop des régionaux de l’étape, Jade. Un combo de sept musiciens, de l’électro sophistiqué, une chanteuse étonnante. Excellente mise en bouche pour cette troisième soirée qui s’annonçait volcanique.
Un line-up éclectique avec des vieux (ESG et Alan Vega), des givrés (Panico, Herman Düne, Les Georges de Leningrad et leur rythmique "Bob l’éponge") des nerveux (l’excellent Laurent Wasser et sa disco-punk), et un plateau parfait qui alignait de 22h30 à 6h ce qui se fait de mieux actuellement au rayon nouveaux talents. Nathan Fake (protégé de James Holden) et The Hacker (plus vraiment un nouveau talent lui...) lançaient la soirée et laissaient vers 2h du matin la place à deux des meilleurs live électro du moment.
- Booka Shade
Tout d’abord le Danois Trentmoller suivi de près par le buzz du mois de mai, les Allemands de Booka Shade et leur house sophistiquée qui déclenche l’hystérie. Et pour finir en beauté, la référence française, porte drapeau de l’électro made in Lyon et invité permanent des Nuits Sonores, Agoria pour un mix dont lui seul a le secret. Entre puissance, dextérité et maîtrise du dance floor. Il est 5h, Lyon s’éveille et moi j’me rentre. Vanné, les jambes comme des poteaux.
Jour 4 - Samedi 27 mai - Les Docks Port Rambaud
Les pieds en compote, je me traîne le long du Rhône pour arriver une dernière fois pour cette année à ma destination préférée. En cette belle soirée de printemps l’électricité est palpable dans un air rapidement saturé de basse et de bière. Le samedi est évidemment la soirée la plus convoitée par le public et c’est en arrivant sur les lieux que cela saute aux yeux : le festival intra muros atteint ses limites et la "taille humaine" revendiquée par les organisateurs n’est pas vraiment d’actualité. Heureusement cela ne portera aucunement préjudice à cette dernière soirée de haute volée.
- Cold Cut
Sur la première scène vont se succéder la crème de la production hip-hop avec Subtle (et son MC Doseone échappé d’Anticon), le Peuple de l’herbe pour un live furieux devant son public et les vétérans de Coldcut venus, le temps d’un live Dj/Vj un peu trop propre sur lui, promouvoir leur dernier opus. Q-Bert quant à lui se contentera d’une prestation a priori facile pour lui mais tout simplement époustouflante pour le public déchaîné par ses scratchs massifs et sa maîtrise absolue du turntablism. Que faire face à cette avalanche de beat ? Le festivalier avait le choix. Soit se diriger vers le deuxième grand plateau qui proposait un voyage initiatique aux origines de la house et de la techno (Patrick Chardonnet, Alex Smoke, Andrew Weatherall) soit préférer passer quelques heures en compagnie de l’avant-garde française sur la petite scène où la programmation avait été déléguée au magazine Trax.
- Jennifer Cardini
Et si vouliez vivre un grand moment, c’est là qu’il fallait être. De Tekel à Jennifer Cardini en passant par Para-one (metteur en son de TTC) et Justice, aucun n’a laissé de répit à un dance floor transpirant la bière par hectolitres. Une euphorie générale qui n’était pas sans rappeler les lives épiques des Daft Punk époque Homework. A 7h, la belle Jennifer clôturait cette quatrième édition avec la classe qu’on lui connaît. Il est l’heure du café, le week-end le plus éprouvant de l’année est officiellement terminé. Les Nuits Sonores battent tous les records d’affluence (48 000 spectateurs) et sont en passe de devenir un des meilleurs festivals électro d’Europe. Chapeau bas à l’équipe d’Arty Farty. L’année prochaine, si vous pouviez fournir des semelles Scholl avec les accréditations, ce serait sympa.
Une sélection des sites internet :
The MFA sur le net
Faust sur le net
Kompakt sur le net
Laurent Garnier sur le net
Flore sur le net
Damian Lazarus sur le net
Jade sur le net
Nathan Fake sur le net
Booka Shade sur le net
Agoria sur le net
Subtle sur le net
Le Peuple de l’Herbe sur le net
Q Bert sur le net
Coldcut sur le net
Galerie Photos
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