Le 16 juillet 2003
Entretien avec quatre membres du collectif hip-hop californien.
A l’occasion de leur passage sur la scène des Eurockéennes, rencontre avec quatre membres du collectif et label hip-hop californien Anticon, propriétaire d’un son bricolé et perméable à merci, tant le folk, le rock, l’électro ou même le cabaret s’insinuent dangereusement dans leur hip-hop fait maison.
Devant nous, quatre figures d’Anticon : Sole, boss un peu malgré lui, Sage Francis, MC à la barbe taciturne et au regard menaçant, et les deux membres du duo hip-hop/électro Themselves : Jel, impassible et passif, et DoseOne, grande gueule joviale et dont la voix (le croisement entre Mariah Carey et Donald Duck) fait des ravages, aussi bien en interview que sur scène. Morceaux choisis.
Vous faites partie d’un collectif regroupant pas moins d’une dizaine de membres. Pour vous, l’aventure musicale était-elle obligatoirement collective ?
DoseOne : Dans la vie, tout est obligatoire. La vie est dure, mec. Le fait de faire les choses à plusieurs la rend simplement moins difficle.
Et le fait de monter un collectif, c’est un peu inhérent à la culture hip-hop, non ?
Sole : Rien n’est inhérent au hip-hop ou à un seul type de musique. Toute aventure musicale, qu’elle soit collective ou individuelle, peut se vivre à travers n’importe quel type de musique. Regarde le sampling : à l’origine, c’était une pratique issue du hip-hop, mais aujourd’hui, tout le monde sample, les jazzmen, les rockers...
Justement, vous dites utiliser des matériaux de récupération pour votre musique, comme d’autres en utilisent en sculpture, en art contemporain ou en décoration.
DoseOne : Ouais, c’est exactement ce qu’on fait avec les samples qu’on récupère : ils ne servent plus à tel ou tel artiste, alors on se les approprie, et on fait des collages.
Votre public est aussi bien hip-hop que rock ou électro...
Sole (il coupe, enthousiaste) : Ouais, c’est ça qui est bien, c’est ce qu’on voulait réussir à faire : intéresser les gens de la même façon, au-delà de leur origine musicale. Les fans de hip-hop prennent notre musique au premier degré, et c’est bien. Le public électro réfléchit un peu plus à notre musique, prend du recul, et c’est bien aussi. Bon, là, apparemment, y a un public encore différent (il fait référence à Belfort) : ça fait des années que j’avais plus vu autant de monde avec des T-shirts "Anarchy"... (Rires)
Belfort est la dernière étape de votre tournée européenne. Contents de rentrer à la maison ?
Sage Francis (qui se manifeste enfin) : Oh oui ! Moi, ça fait qu’un mois et demi que je tourne, mais j’ai hâte de rentrer.
Sole : Moi ça fait plus de quatre mois, j’ai envie de rentrer, mais en même temps je profite de ces derniers jours où on fait des festivals. C’est un peu comme la cerise sur le gâteau.
Réussissez-vous à travailler en tournée ?
DoseOne : En fait, grâce à l’ordinateur portable, on bosse même beaucoup plus en tournée que chez nous. A la maison, il faut sans cesse s’occuper d’un tas de trucs, de tous les à-côtés du label...
Arrivez-vous à faire en sorte que tout le monde soit satisfait au sein du collectif ?
Sole (prenant rapidement la parole) : Ouais, tout le monde s’y retrouve… On essaye de faire en sorte de sortir les albums solo de chacun dans les meilleures conditions possibles, et voilà. Bon, y a parfois des grincements de dents...
DoseOne : Y a Whinee..
Sole : Ouais, y a Why ?, qu’on a surnommé Whinee (pleurnichard), qui n’est pas toujours content... Je sais pas trop ce qu’il a, en fait...
Et qu’en est-il de cLOUDDEAD (autre groupe gravitant autour de Anticon, et dont fait partie DoseOne) ?
DoseOne : Ca y est, le deuxième album est prêt, il est en cours de mixage et sortira dans les mois qui viennent. Il va également y avoir un album de remixes de Themselves, et les albums de Odd Nosdam et de Why ? viennent juste de sortir.
Sole : L’aventure Anticon continue de plus belle, quoi !
Entretien réalisé le 5 juillet 2003 à Belfort par Frankie Clanché et David Maigrot.
Les disques de Anticon sont distribués en France par Chronowax. Ceux de cLOUDDEAD se trouvent chez Big Dada, distribué en France par PIAS.
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