Le 30 mars 2025
Mal fichu, et à la limite de la caricature dans certains portraits, le deuxième long-métrage du producteur Bernard Mazauric ne parvient pas à emporter ses spectateurs.


- Réalisateur : Bernard Mazauric
- Acteurs : Denis Lavant, Michel Jonasz, David Ayala, Ériq Ebouaney, Alexandre Medvedev, Fadila Belkebla, Patrice Quarteron, Hammou Graïa
- Genre : Comédie dramatique, Nanar
- Nationalité : Français
- Distributeur : Torelor Films
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 2 avril 2025

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Résumé : Quand Hyacinthe colosse introverti de trente-cinq, psychiquement handicapé, perd sa mère, Reda, un ami de la famille, accepte avec réticence de devenir son tuteur. Âgé de soixante-cinq ans, de constitution fragile, c’est un petit dealer, joueur invétéré, dragueur impénitent. Vlad, un gangster impitoyable, l’accuse d’avoir triché dans son tripot. Reda doit se mettre au vert. Hyacinthe insiste pour le suivre. Malgré les épreuves et les dangers, cette cavale les rapproche, leurs relations s’améliorent. Une vraie et profonde amitié les lie désormais. Mais Vlad ne lâche pas l’affaire. Le destin reprend la main.
Critique : Surtout, n’ayons pas peur des clichés. D’un côté, un grand Black balèze, qui s’entraîne des journées entières à la boxe peut-être pour compenser son handicap psychique . et de l’autre un petit malfrat relativement âgé qui, en plus de perdre beaucoup d’argent aux jeux, trafique de la drogue et collectionne les coucheries. Voilà à peu près le décor planté par ce long-métrage français où le réalisateur ambitionne de se frotter autant au policier qu’à la comédie sentimentale et bucolique. Il s’entoure d’acteurs plutôt reconnus, comme Denis Lavant, Michel Jonasz ou David Ayala, qui sont incapables de combler le vide sidéral d’un scénario sans queue ni tête.
Le récit démarre par la mort de la maman du grand boxeur. Avant de quitter notre monde, elle a laissé un message au notaire où elle enjoint Reda de prendre sous sa protection son fils Hyacinthe. Drôle de projet, d’autant que ce Reda n’est pas des plus fiables honnêtes. Il n’a pas la langue dans sa poche et n’hésite pas à braver tous les coups pour assouvir son désir de jeux d’argent. Naturellement, avec un tel profil, il se retrouve très vite sous la pression de mafieux mal intentionnés, l’obligeant à se mettre au vert avec son "petit" protégé, si j’ose dire. Le duo cumule alors les situations baroques avec, en arrière-plan, le début d’une belle amitié entre un valide et une personne handicapée.
- Copyright Torelor Films
Il faudrait rappeler en premier lieu au réalisateur qu’il est bien loin le temps où les personnes en situation de handicap mental croupissaient dans des hôpitaux psychiatriques. Au mieux, elles vivent chez elle en parfaite autonomie ou, au pire, elles habitent des institutions spécialisées. Car c’est la hantise de Hyacinthe qui se raccroche à Reda pour s’éviter une macabre hospitalisation. Il s’entraîne des journées entières à boxer dans sa chambre, pendant que son protecteur s’égare dans des combines dangereuses.
On se demande pendant près d’une heure quarante ce que Denis Lavant est venu faire dans cette galère. Peut-être a-t-il accepté le rôle par amitié, tant on perçoit que les moyens sont infimes pour ce film. Le comédien s’évertue à interpréter un malfrat attachant, nerveux, dont on ne parvient pas à comprendre comment il a pu échapper à une balle dans la tête. Le plus affligeant demeure le protagoniste principal interprété par Patrice Quarteron. Son personnage est un condensé de caricatures et clichés sur le handicap d’abord, et son pédigrée ensuite. Cela est choquant qu’il ait pu accepter de telles attitudes, qui à bien des égards sont humiliantes pour des personnes de grande taille.
- Copyright Torelor Films
Hyacinthe ne fonctionne absolument pas. On s’y ennuie à mourir, en dépit de la volonté affichée du réalisateur d’introduire de terrifiantes tueries orchestrées par la grand banditisme. Cela tombe bien : c’est à la mode que de vouloir mettre fin au trafic de drogue dans l’Hexagone. Le long-métrage alterne des scènes où les deux compères apprennent à vivre ensemble, et d’autres où la Pègre s’engage à les retrouver pour faire leur peau. Il s’agit pour le moins d’un récit mince et l’intérêt qu’il apporte est à la hauteur de la vacuité du propos.
Il est fort à parier que ce nanar sera vite oublié. Pourtant, il y avait de belles intentions que de confronter un joueur addict et endetté avec un garçon en situation de handicap. Il n’y a jamais de mauvaises opportunités pour parler du handicap sur les écrans de cinéma ou ailleurs, tant la question de l’inclusion demeure un axe encore trop timide des politiques publiques. On espère juste que Bernard Mazauric saura trouver, pour son prochain long, de plus heureuses inspirations.