Le 25 novembre 2012
La musique et la vie de Tchaïkovski, lu par l’iconoclaste cinéaste britannique Ken Russell. Lyrique et puissant.
- Réalisateur : Ken Russell
- Acteurs : Richard Chamberlain, Glenda Jackson, Max Adrian, Christopher Gable
- Genre : Drame, Biopic, Musical, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Bel Air Classique
- Durée : 1h58mn
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Pour ne pas être marginalisé à cause de son homosexualité, le musicien Piotr Ilitch Tchaïkovski épouse une de ses admiratrices, Nina, ingénue et crédule. Mais celle-ci devient de plus en plus frustrée, au point de devenir nymphomane. C’est finalement la folie qui l’emporte, laissant Tchaïkovski dans la détresse et le désespoir de cause.
Critique : La première scène de The Music Lovers lance le film dans une sorte d’ivresse dévastatrice, qui emporte tout sur son passage – plans, décors et personnages. Comme par un effet de mimétisme enivrant, le récit et la forme du film se font le miroir de la vie mouvementée et exaltée de Tchaïkovski, composant une sorte de « biopic lyrique » traversé par des scènes grandioses et passionnées. Originellement traduit en français sous le titre La symphonie pathétique, le film explore en effet pleinement les deux sens du terme « pathétique », aussi bien par le caractère bas et lâche des actions des personnages, que par l’expression exacerbée des sentiments qui les animent. L’interprétation presque exubérante de Richard Chamberlain et Glenda Jackson, couple malheureux de cette fausse romance, érige leurs personnages au rang de grandes figures romantiques, poussant la logique de leurs émotions jusqu’à son point le plus extrême. Cette fresque biographique se déroule sur fond d’une Russie sublimée et fantasmée, reconstituée dans l’esprit flamboyant du cinéma de Ken Russell – peu avare d’effets de montage, de cadres audacieux et de lumières démonstratives. Une sorte d’étrange mélange Docteur Jivago et le nouveau cinéma britannique des années 1960, qui réussit à créer une énergie cinématographique toute particulière.
The Music Lovers est toutefois aussi un film important sur le génie et la création musicale. Entouré de ses muses, des femmes qu’il met à distance et de ses fantasmes refoulés, Tchaïkovski-Chamberlain connaît les affres de la logorrhée musicale puis de la page blanche, jusqu’à céder à la facilité de la gloire et du travail peu chèrement gagné. Dans des séquences étranges, très illustratives et quasi « hors récit », Ken Russell propose sa propre vision de l’ « imaginaire musical » d’un compositeur, et essaie de traduire en images – avec parfois, avouons-le, une bonne dose de kitsch – les émotions qui peuvent naître lors de l’écoute ou de l’interprétation d’une pièce musicale. L’irruption d’un rêve champêtre au milieu d’une salle de concert reste ainsi l’une des images les plus marquantes du film… Dans cette tentative de « transcription musicale », la musique de Tchaïkovski lui-même tient lieu de bande-son naturelle au film, et se glisse avec aisance – mais sans doute est-ce l’inverse… – dans le récit, y compris dans les moments les plus « biographiques », désamorçant parfois les œuvres les plus connues (Le lac des cygnes). À l’heure de certains biopics très linéaires, voire formatés, ce parcours en diagonale de la vie de Tchaïkovski produit un effet rafraichissant… et profondément réjouissant.
Le DVD
Une édition soignée, ma non troppo, de la fantaisie musicale de Ken Russell. À redécouvrir à l’occasion des ballets de Noël ?
Les suppléments
Pas de bonus sur le DVD lui-même, mais un simple livret accompagné des biographies du cinéaste et des principaux acteurs, et un texte sur le caractère encore "brûlant" des sujets abordés dans le film...
Image
Les couleurs très "années 70" du film - telles qu’on les retrouvera par exemple chez Nikita Mikhalkov - sont superbement rendues par la copie choisie et permettent d’apprécier le caractère extrêmement visuel de The Music Lovers. Seules deux ou trois séquences semblent provenir d’une autre copie, un peu plus délavée et parcourue de "neige"...
Son
Une piste stéréo disponible en VO et une piste mono en VF - la piste stéréo étant plus agréable pour apprécier la bande-son si importante dans le film...
– Date de sortie DVD : 20 novembre 2012
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