Le 24 mars 2020
Sevrée de compétitions sportives, la chaîne L’Équipe rediffuse ce soir un des plus grands matchs de l’histoire du football, véritable traumatisme pour la génération Platini.
Avis : France-Allemagne 1982 résonne encore, presque quarante ans après, match lesté d’interprétations qui ont dépassé le simple cadre footballistique, comme le symbole, pour certains, d’un jeu et d’une certaine mentalité sportive révolus. C’était l’époque où la France du ballon rond, "championne du monde des matchs amicaux", pointait le bout de son nez dans le gotha international, portée par une génération dorée que les premières lueurs de l’épopée stéphanoise, quelques années plus tôt, avait éclairé d’un halo prometteur. Ils s’appelaient Rocheteau, Giresse, Tigana, Platini, Trésor, Lopez, jouaient dans des clubs français. L’arrêt Bosman n’avait pas encore disséminé nos meilleurs éléments aux quatre coins de l’Europe, disent les plus nostalgiques
N’en déplaise à ces thuriféraires cocardiers (Zemmour en tête qui voue un culte à ce onze tricolore), la naïveté tactique des Bleus de Michel Hidalgo les a empêchés d’accéder à la finale de cette Coupe du monde espagnole. Alors qu’ils menaient trois à un pendant la prolongation, les Français ont continué à attaquer. Les hommes de Jacquet ou de Deschamps, eux, se seraient repliés en défense et n’auraient pas perdu. C’est certes moins spectaculaire, mais c’est plus efficace. Il suffit de revoir France-Belgique 2018 pour s’en convaincre. Les apôtres du beau jeu, prêts à mourir sur le carré vert pour leurs idées, hurleront au scandale : mais comme le disait Gary Lineker, à l’époque, "le football est un jeu qui se joue à onze et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent". Nous, on pleurait souvent.
Alors oui, France-RFA est un match d’une intensité dramatique indéniable - Platini dira avoir ressenti toutes les émotions d’une vie en cent-vingt minutes -, oui, le sort s’est acharné sur cette équipe (l’agression de Schumacher sur Battiston est un immense scandale qui ne suscitera aucune réaction de l’arbitre). Mais la demi-finale est encapsulée comme l’expression d’une forme de nostalgie dans laquelle se complaisent certains discours, qui avaient déjà joué Giresse et Platini contre Deschamps et Petit, en 1998, la créativité des uns contre la tactique ennuyeuse des autres. Eternelle fraction poulidorienne séduite par l’image de ses perdants magnifiques, une certaine France masochiste et de plus en plus âgée n’en finit pas de célébrer cette défaite historique, quand bien même des victoires footbalistiques successives l’auraient effacée et que les plus jeunes ne savent même pas ce que raconte ce match, eux qui ont fêté Mbappé, Griezmann ou Pogba, il y a un peu plus d’un an.
France-RFA 82 vaut mieux que toutes ces exégèses rances. Avec des décennies de recul, la confrontation s’apprécie tout simplement comme un match formidable, d’une haute qualité technique. En dehors de toute lecture symbolique, en dehors de tout passéisme aux relents réactionnaires.
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