Le 14 mars 2024
Si la question des violences faites aux femmes demeure un enjeu d’intérêt majeur, son traitement parfois à la limite de la dérision nuit quelque peu à la profondeur du sujet.
- Réalisateur : Paola Cortellesi
- Acteurs : Valerio Mastandrea, Giorgio Colangeli, Vinicio Marchioni, Paola Cortellesi, Romana Maggiora Vergano, Emanuela Fanelli
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h59mn
- Titre original : C'è ancora domani
- Date de sortie : 13 mars 2024
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Résumé : Mariée à Ivano, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever. Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes. Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella. Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même.
Critique : La guerre est terminée et Rome reprend sa vie tranquille d’avant, avec ces femmes qui palabrent sur le banc et surtout ces hommes qui confondent l’amour avec les coups. Il reste encore demain sort enfin sur les écrans français, après le formidable succès que le film a connu dans les salles italiennes. On comprend assez bien l’intérêt pour le public romain pour le long-métrage, à la fois naturellement pour la manière dont la comédienne Paola Cortellesi met en scène la violence conjugale, mais surtout pour son traitement fortement italien. Les musiques typiques du pays accompagnent le récit, et la réalisation fait presque penser à la façon dont Roberto Benigni avait transformé en une comédie attachante le drame de la Shoah dans son célèbre La vie est belle.
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Il reste encore demain traite d’un sujet grave, celui de la condition des femmes en Italie à la sortie de la Seconde guerre mondiale, et plus précisément du cercle infernal des femmes victimes des coups de leur mari dont elles sont incapables de sortir, faute souvent de moyens financiers leur permettant de parvenir à l’indépendance. La mise en scène fait beaucoup penser aux agitations de la comedia dell’arte tant les personnages en font parfois trop dans les comportements, au point de friser la caricature. Le récit se veut drôle, léger, aérien, pour un sujet dramatique et douloureux. Ce n’est pas gênant d’envisager les choses de cette manière, tant les excès des uns et des autres, sans aucune nuance, pourraient faire perdre le crédit à un point de vue engagé et revendicatif. Deux figures se font face : celle de la victime et celle du bourreau, dans un décor théâtral, où les témoins cautionnent ce drame de la vie quotidienne par leur silence ou leur hypocrisie. Contre toute attente, le rire est rare car le drame rattrape très vite la tonalité légère de la mise en scène.
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Il faut reconnaître à Paola Cortellesi qu’elle a parfaitement compris et intégré le cercle vicieux dans lequel les femmes victimes de violence se trouvent enfermées, tout comme leur incapacité parfois à s’admettre maltraitées et à imaginer des solutions. La relation entre la mère et la fille est particulièrement bien mise en scène, la première déployant pour la seconde une énergie incroyable pour qu’elle ne tombe pas à son tour dans les griffes d’un mari tortionnaire. De même, les postures des femmes tout autant complices que solidaires des coups auxquels elles assistent tous les jours, impuissantes, témoignent de la force avec laquelle une société peut s’aveugler face à l’inimaginable. En réalité, Paola Cortellesi interroge notre propre période actuelle où les féminicides continuent tous les jours de défrayer la chronique, dans une certaine forme, hélas, de connivence généralisée. Le spectateur sera sensible aussi à l’accession des femmes italiennes au droit de vote en 1946, quelques mois après la France.
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Il reste encore demain n’est pas un mauvais film, mais pas non plus un grand film. L’émotion a du mal à poindre du fait d’une mise en scène volontairement sarcastique ou détachée. L’humour ne fonctionne pas vraiment, et le drame ne touche pas vraiment non plus. Bref, voilà une fiction importante pour le sujet qu’elle aborde, mais sans doute trop superficielle pour lui donner le crédit qu’elle mérite.
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