Le 7 août 2018
- Voir le dossier : La Révolution Netflix, 40 ans d’évolution cinématographique
De la VHS à Netflix, 40 ans d’évolutions dans nos habitudes culturelles. Quel impact pour le cinéma ?
Le cinéma est-il devenu une parodie de lui-même ? C’est l’impression que l’on peut avoir en s’approchant des multiplexes cet été. L’envie de vivre une expérience en salle peine à trouver satisfaction devant le peu de nouveautés vraiment attrayantes, originales et audacieuses.
Netflix, YouTube, les plateformes de streaming légales et illégales ont-ils asséché la fréquentation et les recettes mondiales en 2018 et ce nouveau mode de consommation de l’image retient-il les spectateurs à domicile ?
Quand on voit l’étroitesse de l’exploitation américaine, cela ne fait aucun doute. L’intérêt des spectateurs est ailleurs et les salles, malgré le prix élevé des tickets qui agit en trompe-l’œil dans la lecture des chiffres hebdomadaires, se vident progressivement, en dépit de la tentative ratée d’une carte pass, modelée plus ou moins sur le système d’UGC ou des cinémas Gaumont Pathé.
En face, l’ubérisation de l’offre cinématographique est glorieuse et même Disney prépare activement le lancement de sa propre plateforme de visionnage (Disney Channel 2.0) avec contenus exclusifs (anciennement connus sous l’appellation peu ragoutante de Direct-to-video, puisqu’on évoquait alors des œuvres pas assez bonnes pour trouver leurs places dans les salles).
Beaucoup aimeraient laisser certaines plateformes émergentes avoir le monopole des sorties, gérer nos envies pépères en révisant notamment la chronologie des sorties dans les différents médias. Mais c’est sans compter que la France, contrairement au Royaume-Uni ou aux USA, profite d’une variété de cinématographies exposée chaque semaine en salle, qui est unique au monde. On voit des films scandinaves ou islandais, des œuvres turques ou coréennes, en plus des sempiternelles productions locales et américaines.
Aucun pays au monde ne connaît pareille offre. Et pour ces 7 premiers mois de 2018, notre production cinématographique compte pour 35% des entrées cumulées. Mais désormais Canal +, qui perd des abonnés et essaie aussi de se réinventer, est rétif à produire comme auparavant à la chaîne, d’être le seul poumon de la production. Et c’est désormais toute la fragilité de notre système qui nous a tant offert qui expose les risques pour le cinéma made in France au grand jour.
Laissons le divertissement palliatif tout emporter sur son passage – rarement télévision et petits écrans riment avec raison -, et l’équilibre précaire français, acquis sur des décennies de négociations avec les différents acteurs de la distribution-exploitation-diffusion, pourrait bientôt voler en éclats, en faveur de pléthore de programmes nouveaux, indigents, uniquement gérés sur le modèle de la consommation de masse, de la série, de la reproduction, de la répétition, car le spectateur des formats petits n’a que rarement le droit au programme bon, et quand il lui est diffusé à dose thérapeutique, peu de spectateurs se dirigent vers cette qualité qu’ils considèrent élitiste.
- spip-slider
Attaqué de toute part, l’art et essai pur et dur ne fait donc plus recettes comme avant ; il croule sous les difficultés quand il s’agit de trouver des salles, systématiquement squattées par les mêmes productions agressives qui inondent le marché grâce à la force des majors. Récemment le distributeur Zootrope Films a dû fermer boutique dans ce contexte intenable et beaucoup d’autres sont en apnée.
Le cinéma attaqué est surtout polarisé sur quelques productions qui obtiennent toute l’attention, tous les écrans, toute la fréquentation (le cas Disney-Marvel-Lucas Films est le plus remarquable avec des œuvres non remarquables mais jamais ratées qui réalisent des scores historiques).
Aujourd’hui les spectateurs ne vont plus voir un film pour ses qualités, pour la curiosité, l’envie de découverte, mais pour la familiarité des figures connues, récurrentes comme dans les feuilletons télévisés. Appelons-les également séries TV. L’on connaît les limites de ce cinéma-là, mais l’on cède peut-être à la pression sociale du faire comme tout le monde et partager sur les réseaux sociaux.
Le spectateur n’y voit guère de mal, après tout c’est ce qu’on lui propose, mais refuse de remettre en question sa place dans le maillon de la chaîne, acceptant ainsi que les plus gros représentent l’essentiel des recettes et que les autres n’aient plus rien. Ils y sont pourtant opposés quand il s’agit de leurs petits salaires et du non-partage des bénéfices des entreprises. Contradiction.
Nous avons profité de la semaine du 8 août, l’une des plus indigentes de l’année, en matière de cinéma, et ce depuis toujours, pour voir à quelle sauce sont mangés les spectateurs depuis ces 40 dernières années. Séquence nostalgique ou pas, l’on découvre dans l’évolution du paysage cinématographique le reflet de l’évolution des médias, des technologies, des fluctuations sociales, sociologiques… Doit-on y voir une sophistication de l’œuvre ou du public ? Un appauvrissement ? On vous laissera vous faire votre propre idée, en voyageant ci-dessous dans le temps.
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.