Le 26 avril 2025
Plus qu’un discours sur le deuil, le long-métrage du duo O’Sullivan/Thompson est une jolie approche du genre théâtral. C’est pourtant très simple : Shakespeare est intemporel, et le théâtre aussi.


- Réalisateurs : Kelly O’Sullivan - Alex Thompson
- Acteurs : Dolly De Leon, Keith Kupferer, Katherine Mallen Kupferer, Tara Mallen
- Genre : Drame, Mélodrame, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Survivance Distribution
- Durée : 1h55mn
- Date de sortie : 30 avril 2025

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Résumé : Dan travaille sur des chantiers de voirie à Chicago et ses environs. Un peu par hasard, et à l’insu de sa famille, il intègre une troupe de théâtre amateur qui met en scène "Roméo et Juliette". Peu à peu, la tragédie qui se monte sur scène commence à lui renvoyer le reflet de sa propre vie.
Critique : Le théâtre sauve-t-il ? Oui, répond Kelly O’Sullivan, qui signe ici son second scénario après Saint Frances (2019). C’est avec humour et tendresse que la jeune réalisatrice traite, aux cotés d’Alex Thompson (coréalisateur), le deuil impossible d’un père ouvrier qui va devoir faire face à la réalité par le biais d’une rencontre inattendue : le théâtre. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit d’une mise en scène de Roméo et Juliette. Comédiens racisés, âgés, peu importe : ce qui compte est de parvenir à jouer la pièce achevée.
Dan (Keith Kupferer) se retrouve ainsi plongé dans le montage amateur de la tragédie shakespearienne auprès de Rita (Dolly de Leon, aperçue dans la Palme d’Or Sans filtre) et sa troupe. Plus qu’un discours sur le deuil, le long-métrage du duo O’Sullivan/Thompson est une jolie approche du genre théâtral. C’est pourtant très simple : Shakespeare est intemporel, et le théâtre aussi. Ici, on se moque d’où viennent les personnages ou de leurs horizons. Il n’y a que la magie de la fiction, ce qu’elle révèle de Dan (et de nous).
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Mais là où certains y verront une déconstruction d’un père traditionnel, il n’y a en fait qu’une nouvelle construction théâtrale doublée de reconstruction familiale (la triade d’acteurs est d’ailleurs une véritable famille, ce qui ajoute sans doute au réalisme de leurs personnages). Ces subtilités font de Ghostlight un film lumineux, qui offre dans le paysage cinématographique actuel un autre regard sur le deuil, le temps et la force des liens, plus poétique mais tout aussi notable que L’attachement de Carine Tardieu.
Le tout souffre-t-il peut-être de respecter des codes dramatiques classiques (la pièce va-t-elle se faire, oui ou non ? Comment le fils est-il mort ?) mais l’ensemble est suffisamment bien construit et amené pour convaincre le spectateur, et suivre ce père de famille rejetant de tous ses pores la mort de son enfant. La prestation tout en retenue de Keith Kupferer nous transporte d’ailleurs pendant la projection et en assure ainsi sa réussite. Tout cela à l’image des envies théâtrales du personnage principal : sans la moindre prétention. Aucun effet de grandeur ici, mais "de la beauté là où il n’y en a plus", oui.