Le 24 décembre 2015
- Voir le dossier : Bilan 2014, Bilan 2015
2015. De moins en moins de films dans les salles et des propositions souvent limitées. Heureusement, Mad Max a su porter assistance à cette année de tous les dangers.
2015. De moins en moins de films dans les salles et des propositions souvent limitées. Heureusement, Mad Max a su porter assistance à cette année de tous les dangers.
Désormais il faut surtout chercher les chocs cinématographiques du côté des restaurations HD. Les reprises et éditions blu-ray oeuvrent pour la cinéphilie comme jamais, permettant au répertoire de retrouver l’éclat qu’il mérite. Oui, en 2015, les films anciens, de Taxi Driver à Sorcerer, nous ont épatés, alors que le cinéma américain contemporain n’est plus que l’ombre de lui-même, réitérant des formules marchandes et des coups de marketing (l’omniprésence des Minions, Avengers 2 et Star Wars) dans l’abdication de toute prise de risque, que l’on pourrait aussi qualifier également d’originalité. Le résultat est puéril. Des oeuvres de divertissement sans génie (Jurassic World) scrutent les sommets historiques du box-office.
Des exceptions notables viennent contrecarrer les idées reçues sur les films d’animation (Vice Versa), les reboots (Mad Max Road Fury, tout simplement dantesque, et probablement le pivot d’une décennie), et les films d’épouvante (It Follows).
En France, si le social (La loi du marché, Asphalte, La Tête haute) sauve la production d’un certain naufrage, il faut compter sur les Britanniques pour se distinguer, avec un sens inné du déterminisme plombant (Hyena, Snow in Paradise, Catch me daddy), mais avec une forme audacieuse qui relève le niveau. Outre-Manche, on sait encore nous assener des hyper Cut surpuissants qui nous surprennent. La France préfère désormais réduire ses réalisateurs de cinéma de genre à des amuseurs de nanars patentés dans la comédie. Ainsi, Florent Siri (Nid de guêpes) met en scène Pension Complète avec Gérard Lanvin et Franck Dubosc, Tristan Aurouet (Narco, Mineurs 27) Les Gorilles avec Manu Payet et JoeyStarr, Benjamin Rocher (La Horde) Antigang avec Jean Reno… On est consterné par le peu d’audace du cinéma français en manque de révélation cette année, amené à exporter ses finances pour produire de valeureux films hors de nos frontières. On citera alors Mustang et Much Loved, porteurs d’atouts qu’on a rarement retrouvés entre nos frontières.
Les vraies belles propositions de cinéma, cette année, sont austères, Le Fils de Saul, Crosswind ou Il est difficile d’être Dieu, des monuments qui prouvent une fois de plus l’intégrité artistique du cinéma de l’Est, aux thématiques et techniques qui impressionnent.
Signalons aussi le plan séquence éblouissant de Victoria, encore une fois, à des années lumières du classicisme français.
Le top 2015
1 Mad Max, de George Miller
2 Le Fils de Saüll, de Laszlo Nemes
3 It Follows, de David Robert Mitchell
4 Asphalte, de Samuel Benchetrit
5 Sicario, de Denis Villeneuve
6 Crosswind, la croisée des vents, de Martti Helde
7 Contes Italiens, de Paolo et Vittorio Taviani
8 La tête haute, d’Emmanuelle Bercot
9 Catch me daddy, de Daniel Wolfe
10 Il est difficile d’être Dieu, d’Alexeï Guerman
11 Au plus près du soleil, d’Yves Angelo
12Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
13 Marguerite, de Xavier Giannoli
14 Maryland, d’Alice Winocour
15 Spartacus et Cassandra, de Loanis Nuguet
16 Les Châteaux de sable, de Olivier Jahan
17 Youth, de Paolo Sorrentino
18 Victoria, de Sebastian Schipper
19 Hyena, de Gerard Johnson
20 Two years at sea
21 Vice Versa, de Pete Docter
22 Ex-Machina, d’Alex Garland
23 Artico, de Gabriel Velasquez
24 Sea Fog, de Shim Sung-bo
25 300 Hommes, d’Emmanuel Gras et Aline Dalbis
26 Still Alice, de Richard Glatzer
27 Kingsman : services secrets, de Matthew Vaughn
28 Snow in Paradise, d’Andrew Hulme
29 Foxcatcher, de Bennett Miller
30 Pauline s’arrache, de Emilie Brisavoine
Les reprises et autres restaurations fabuleuses
Après [Wake in Fright de Ted Kotcheff, exhumé de nulle part en 2014, c’est au tour de Sorcerer, de William Friedkin, de s’emparer de la palme de la meilleure reprise de 2015. Copie sublime pour œuvre fabuleuse qui connut un échec impardonnable à sa sortie. Le revoir sur le grand écran a permis de restaurer un peu plus la primauté des années 70, décennie fabuleuse qui a façonné notre vision du cinéma à jamais.
On n’oubliera pas de citer Le Cousin Jules, de Dominique Benicheti, Out1 de Rivette, Au hasard Balthazar de Bresson, Kagemusha de Kurosawa.
L’édition vidéo de l’année :
Body Double. Un coffret impeccable pour une œuvre majeure dans la filmographie de Brian de Palma, qu’il nous est donnée de revoir dans des conditions optimales ! L’éditeur Carlotta n’a pas démérité en 2015, avec notamment l’intégralité du film fleuve de Resnais, Out1, dans un coffret monumental, de 6 blu-ray, avec un livre de 120 pages. Wild Side, pour Sorcerer ou encore Le Solitaire, a accompli un boulot remarquable. Tout comme Pathé et Gaumont dans la révision de leurs œuvres du patrimoine, plus valeureuses que leurs sorties contemporaines.
Les flops 2015
Entre la mauvaise comédie française (estimons-nous heureux, on ne nous a pas montré Pension complète, avec Dubosc et Lanvin, qui sort le 30 décembre), les films d’épouvante en mode found-footage américain d’un ringardisme éprouvant, les films de super-héros inutiles et survendus (Avengers 2, Les Quatre Fantastiques), les coups de marketing creux (50 nuances de Grey), les abîmes ont été sondés en 2015 avec des technologies toujours plus puissantes pour creuser toujours plus en profondeur. Voici la liste des coups des pelotes de réjection de l’année.
Ange et gabrielle, de Anne Giafferi
Antigang, de Benjamin Rocher
Chemins croisés, de George Tillman Jr.
Chic ! de Jérôme Cornuau
Cinquante Nuances de Grey de Sam Taylor Johnson
En Route, de Tim Johnson
Entre amis, de Olivier Baroux
Gunman, de Pierre Morel
Hitman : Agent 47, de Aleksander Bach
Jet lag de Ken Scott
La Dame en noir 2 : l’ange de la mort de Tom Harper
Le Grand partage, de Alexandra Leclère
Le Nouveau Stagiaire, de Nancy Myers
Le Voyage d’Arlo, de Peter Sohn
Les 4 fantastiques, de Josh Trank
Les Gorilles, de Tristan Aurouet
Les Nouvelles aventures d’Aladin, d’Arthur Benzaquen
Les Profs 2, de Pierre-François Martin-Laval
Manglehorn, de David Gordon Green
Nos Femmes, de Richard Berry
Ouija, de Stiles White
Paranormal activity : the Ghost Dimension, de Gregory Plotkin
Pixels, de Chris Colombus
Pyramide de Grégory Levasseur
Robin des Bois, la véritable histoire, d’Anthony Marciano
San Andrea de Brad Peyton
Terminator : Genisys, de Alan Taylor
The Lazarus Effect de David Gelb
The Visit, de Night M. Shyamalan
Un moment d’égarement, de Jean-François Richet
Unfriended, de Levan Gabriadze
Les challengers :
Pour finir, ces films n’ont pas démérité, et avec du recul, ils méritent tout de même d’être cités… :
The Smell of Us, de Larry Clark, Indésirables de Philippe Bassarat, Lost River de Ryan Gosling, Microbe et Gasoil, de Michel Gondry, Nos Futurs, de Rémi Bezançon, American Ultra, de Nima Nourizadeh, La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, de Joann Sfar, Summer, d’Alante Kavaité.
Pas vus, pas pris
Les absents de cette année. Pas (encore) vus et ils manquent probablement à mon classement :
Back Home, de Joachim Trier
El Club, de Pablo Lorrain
Ixcanul, de jayro Bustamante
L’idiot de Yuri Bykov
Tangerine, de Sean baker
Tête baissée, de Kamen Kalev
The Walk : rêver plus haut, de Robert Zemeckis
Je m’arrêterai là pour 2015, alors que la nouvelle année annonce du lourd avec le retour de Quentin Tarantino le 6 janvier. Et oui, Les Huit Salopards me fait davantage saliver que Star Wars. Je ne dois pas être normal, le distributeur, SND, a de surcroît refusé de nous le présenter. Un message annonciateur de la fin du monde pour 2016 ?
Le top 2014 2014 de Frédéric Mignard
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