Le 24 décembre 2014
- Voir le dossier : Bilan 2014, Classement 2014
Le social avant tout. Le cinéma a sondé les plaies à vif d’une société malade. Il nous a ouvert les yeux contre l’obscurantisme. Les artistes sont bien vivants, plus que jamais pertinents et légitimes.
Le social avant tout. Le cinéma a sondé les plaies à vif d’une société malade. Il nous a ouvert les yeux contre l’obscurantisme. Les artistes sont bien vivants, plus que jamais pertinents et légitimes.
Les dérives politiques, les discours haineux, la confusion étatique, l’aliénation médiatique qui a réussi à rendre people la politique et à légitimer aux yeux de beaucoup les dérives d’un certain libéralisme... tout cela a forgé l’année 2014, navrante dans son incapacité à comprendre les douleurs quotidiennes d’une France malade. Plus que jamais, le cinéma s’est armé pour combattre les injustices, l’obscurantisme, la mauvaise foi qui s’élève dans des discours de sévérité, s’autoproclamant "durs" et donc "forts". La misère des sans-abris dans une ville musée suresthétisée (Au bord du monde), le sacrifice des existences non productives qualifiés par certains politiques d’assistés, alors qu’ils ne sont que des ombres malheureuses en marge de la société (Se battre), le combat pour la dignité du personnage dépressif de Marion Cotillard, splendide de fragilité et d’authenticité, au passage, dans Deux jours une nuit, les cassures adolescentes à fleur de peau dans Les poings contre les murs, le déterminisme atavique de Joe avec un Nicolas Cage ressuscité, et ce magnifique couple juvénile brisé dans son amour par la crise en Espagne (La belle jeunesse), tout cela (entre autres) a donné de l’épaisseur à l’actualité cinématographique, au même titre qu’un épatant Timbuktu qui était là pour évoquer le continent malade qu’est l’Afrique, rongé par la tentation de radicalisme islamiste. Sans oublier les prostituées vidées de leur raison d’être dans le troublant Atlas de Antoine d’Agata, une vision peu glorieuse de la mondialisation et de l’universalité du malheur...
Tout cela ne laisse pas de place dans mon cœur aux apitoiements de Xavier Dolan, dont le génie consisterait à mettre une musique connue de tous, en fond, sur des scènes d’une grande intensité dramatique. Il m’a plus convaincu avec Tom à la ferme qu’avec Mommy qui, bien que louable, n’est nullement une référence de bon goût... A vrai dire, Leviathan avait plus de vérité à offrir à Cannes cette année. IL est donc dans mon top 10, sa peinture de la Russie des campagnes est édifiante.
Mais outre le social, le cinéma, c’est aussi des trips, formidables dans le divertissement de science-fiction (Interstellar, X-Men Days of future Past), des itinéraires esthétiques sur des routes mythiques qui convoquent le meilleur du cinéma indépendant (Her, Under the Skin, avec la déesse de l’année, Scarlett Johansson, Only lovers left alive, Sarah préfère les courses ou Nebraska). C’est aussi les premier film frais "made in chez nous", Les Combattants et Party girl, nettement supérieur à 90% de l’actualité made in France, et enfin, c’est un chef d’oeuvre, une proposition de cinéma intégrale, entre intelligence, beauté formelle et réflexion essentielle sur l’indicible passé, son poids et ses conséquences. Ida, de Pawel... Certains auteurs et libres penseurs conservateurs devraient s’en inspirer, plutôt que de dégainer des rengaines nauséabondes aux micros des télés étrangères...
1. Ida (Pawel Pawlikowski)
2. Au bord du monde (Claus Drexel)
2-bis. Atlas (Antoine d’Agata)
3. Se battre (Andréa Santana et Jean-Pierre Duret)
4. Her (Spike Jonze)
5. Under the skin (Jonathan Glazer)
6. Sarah préfère les courses (Chloé Robichaud)
6-bis. Enemy (Denis Villeneuve)
7. Leviathan (Andreï Zviaguintsev)
8. La Belle jeunesse (Jaime Rosales)
9. Deux jours une nuit (Jean-Luc et Pierre Dardenne)
10. Les Poings contre les murs (David Mackenzie)
10 Bis. Joe (David Gordon Green)
Autres coups de cœur : Nebraska, Only lovers left alive, The Best offer, Interstellar, X-Men : Days of Future Past, Timbuktu, Saint Laurent, Les Combattants, Jack et la Mécanique du coeur, Tante Hilda !, I am Divine, Eastern Boys, Tom à la ferme, Maps to the stars, Bird People, Palo Alto, Gemma Bovery, Hippocrate, Pride, Gone Girl, The Tribe, White Bird, Alléluia, Cold In July, Le Hobbit : la Bataille des cinq armées, Pasolini, Whiplash, Lucy, Party Girl, Mister Babadook, À la recherche de Vivian Maier, The Raid 2
Tout ça pour ça ? Le vent se lève, Philomena, La Belle et la Bête, Elle l’adore, Horns, Mommy, Eden, Favelas, Hunger Games la révolte Partie 1, Les Gardiens de la galaxie, Nos Étoiles Contraires, Winter Sleep
Les nullités de 2014 : La vie rêvée de Walter Mitty, Prêt à tout, Jamais le premier soir, Dallas Buyers Club, M. Peabody et Sherman, Dodgem, La légende d’Hercule, Un amour d’hiver, The Amazing SPider-Man 2, Aux Yeux des vivants, La crème de la crème, Au Nom du fils, Amour sur place ou à emporter, The Baby, Godzilla, Sabotage, Triple Alliance, Un amour sans fin, Zero theorem, Annabelle, Ninja Turtles, Coming Home, Benoît Brisefer, les taxis Rouges, Le Père Noël, Les Pingouins de Madagascar, Transformers : L’âge de l’extinction
Pas vus, mais ils avaient une chance d’intégrer le Top 10... Night Call, Le sel de la Terre, Braddock America, Sacro Gra, Heli, Et maintenant, L’institutrice, Le chant de la mer, Eau Argentée, Qu’Allah bénisse la France, Sils Maria
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