Le 4 juillet 2022
Ce quatrième tome d’une série de livres sur le cinéma français explore avec bonheur une décennie cruciale, des innovations de la Nouvelle Vague aux réussites des films de Melville ou Mocky. Indispensable.


- Auteurs : Denis Zorgniotti, Ulysse Lledo
- Editeur : LettMotif
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 24 juin 2022
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : "Une histoire du cinéma français" se présente comme une série d’ouvrages, classés par décennies successives (des années 30 à nos jours) pour offrir au lecteur un panorama complet du cinéma français. Pour chaque année sont mis en avant les films majeurs, un grand réalisateur, une actrice et un acteur ainsi qu’un grand dossier thématique abordant pour le cinéma les questions essentielles de la période. À travers ces analyses, et la mise en perspective des œuvres et des artistes dans un contexte historique, social, politique et même technique, ce livre se veut le récit pertinent – et à l’occasion, impertinent ! – de l’histoire, riche mais encore trop méconnue, de notre cinéma.
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Critique : Quatrième tome d’une série de livres classés par décennies, Une histoire du cinéma français (1960-1969) est l’œuvre de deux spécialistes du septième art. Denis Zorgniotti a été notamment journaliste et critique de cinéma et musique, et enseigne l’Histoire du cinéma à 3IS Nantes. Ulysse Lledo, diplômé en études cinématographiques, est enseignant et critique de cinéma. Il succède à Philippe Pallin, coauteur des deux premiers volets, décédé en 2020. Une histoire de cinéma français est palpitant dans la richesse de sa documentation, la pertinence de ses analyses et son style élégant, les auteurs évitant à la fois l’hermétisme du jargon universitaire et les excès de la vulgarisation. Ils s’inscrivent dans la lignée de Claude Beylie, Raymond Chirat, Marcel Martin et autres passionnés (et passionnants) amoureux du cinéma français.
- Playtime, Specta Films C.E.P.E.C. © 2022 Éditions LettMotif. Tous droits réservés.
Le quatrième tome a le mérite de rappeler que le cinéma français des années 1960 ne se limite pas à la Nouvelle Vague. Celle-ci a certes constitué un courant cinématographique majeur de la décennie (surtout dans sa première moitié) avec des œuvres emblématiques de Godard, Chabrol ou Rivette. À ce titre, on appréciera que Lola (1961) de Jacques Demy, Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda ou le méconnu La peau douce (1964) de François Truffaut aient eu droit à la rubrique « Le film de l’année ». Mais le cinéma d’auteur n’a pas concerné que la bande des Cahiers du Cinéma et on louera la place accordée dans la partie « Gros plans » aux œuvres intellectuelles d’Alain Resnais (L’année dernière à Marienbad, 1961), ou à un cinéma à la fois exigeant et populaire incarné par Henri-Georges Clouzot (La vérité, 1960), Pierre Schoendoerffer (La 317e section, 1965) ou Jean-Pierre Melville ((L’armée des ombres, 1969). Le présent volet met aussi judicieusement l’accent sur des personnalités inclassables et insolites du cinéma français, de Luis Buñuel (Belle de jour, 1967) à Robert Bresson (Mouchette, 1967), sans oublier ces films à la fois classiques et culte comme Les yeux sans visage (1960) de Georges Franju et Les dimanches de Ville d’Avray (1962) de Serge Bourguignon. Pour autant, le cinéma grand public, comique ou romanesque, n’est pas oublié et l’on trouvera des pages sur La grande vadrouille (Gérard Oury, 1966) ou Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966), même si le label « Film de l’année » nous semble excessif pour le premier. L’ouvrage se lit avant autant de plaisir que les précédents tomes, dont il reprend la structure : pour chaque année, apparaissent le contexte historique et cinématographique, « Le film de l’année », des « Gros plans » et « Coups de cœur », ainsi que des « Arrêts sur images » et « En accéléré » sur d’autres métrages. Une année comprend aussi un portrait de réalisateur, d’acteur et d’actrice, ainsi qu’un dossier thématique, de « La censure » (1960) à « La jeunesse » (1969). Et si les stars de la décennie ont une place primordiale dans l’ouvrage, de Jean-Paul Belmondo à Catherine Deneuve en passant par Lino Ventura, les auteurs accordent également leur attention à des personnalités moins bankable mais tout autant talentueuses, comme Marie Dubois, Bruno Cremer et Claude Rich, ou dont le nom touche désormais au mythe, tel Jean-Pierre Léaud (qui fait la couverture). Au final, ce quatrième tome est tout aussi réjouissant que les précédents.
520 pages
26,90 € – 54,00 €