Le 24 octobre 2022
Ce deuxième film de Ken Loach ne semble pas vouloir prendre une ride. Il restera à coup sûr dans la mémoire de tout cinéphile.
- Réalisateur : Ken Loach
- Acteurs : David Bradley (II), Colin Welland, Freddie Fletcher, Lynne Perrie, Bernard Atha
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Les Films du Paradoxe
- Durée : 1h50mn
- Reprise: 20 mai 2009
- Date de sortie : 1er mai 1970
- Festival : Festival de Cannes 1970, Festival de Berlin 1970
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Résumé : Billy Casper, une douzaine d’année, vit dans une petite ville minière du nord-est de l’Angleterre, à Barnsley, dans le Yorkshire, dans une famille qui se désintéresse de lui. À l’école, Billy est distrait indiscipliné, entouré de camarades et de professeurs plus hostiles qu’amicaux. Un jour, Billy déniche un jeune rapace et se met en tête de dresser l’oiseau.
- © United Artists
Critique : Si le Festival de Cannes est un des plus grands évènements cinématographiques internationaux (voire le plus grand), c’est parce qu’au cours de son histoire, il a su révéler les talents de chaque lendemain. En 1970, un cinéaste alors encore dans l’ombre arrive aux portes de Cannes, direction la Croisette, pour présenter son deuxième long-métrage à la Semaine de la Critique. Ken Loach, alors encore crédité sous son nom complet, Kenneth Loach, a tourné jusqu’ici plus d’épisodes de séries ou de films pour la télévision que de longs métrages pour le cinéma. Même s’il a eu le privilège de tourner son premier film avec Terence Stamp (Pas de larmes pour Joy, 1967), United Artists (producteurs) ne sait pas bien quoi faire de son nouveau film, Kes. Une projection est toutefois organisée pour des « collègues américains », mais lorsqu’on leur demande leur avis, ils répondent, selon les propos-mêmes de Ken Loach, qu’ils comprennent mieux le hongrois que le film. Il faut dire que Kes a été tourné dans une région d’Angleterre où le dialecte est spécifique et particulièrement ancien. Alors, les producteurs décident de projeter le film dans une petite ville située non loin du lieu de tournage, à Doncaster. Le réalisateur précisera d’ailleurs qu’il s’agira de la seule avant-première qu’aura connue alors la petite ville minière.
Puis, le film est finalement sélectionné à la Semaine de la Critique, à Cannes. Modestement, Kenneth Loach dira qu’il a été assez bien reçu. Mais selon des organismes de presse, comme Télérama par exemple, le film aurait même quasiment fait « l’unanimité ».
- © United Artists
Plus de quarante ans plus tard, Kes fait encore bel effet. En peignant les sombres journées de ce jeune garçon, Billy Casper, quelque peu atypique, Ken Loach forge déjà son propre style : un cinéma social qui, à contre-courant des films de Hollywood, s’inquiète de la misère, de la pauvreté et des conditions sociales des familles du pays, celles d’Angleterre. Il y a dans la façon de filmer de Loach beaucoup de noirceur, et ici, pour ce deuxième film, très peu d’optimisme. Le cinéaste filme un pays névrosé, frustre, et des habitants étouffés.
- © United Artists
Billy Casper, héros déjà désillusionné alors qu’il n’a qu’une douzaine d’années, grandit au sein d’une famille éclatée. Son père n’est plus. Sa mère souvent absente. Son (demi)-frère, aigri, sans cœur. L’école se désintéresse de lui. Lui se désintéresse de l’école, et sa seule évasion réside dans le dressage de ce faucon crécerelle, avec qui il tisse un lien particulier, et en qui le spectateur voit forcément une métaphore de la liberté.
Les années passent, mais Kes, lui, ne semble pas vouloir prendre une ride. Bien sûr, l’image a vieilli, le montage semble parfois saccadé, mais on y retrouve toujours un malaise planant, la noirceur des rues et des murs, et l’incroyable goût amer que peut distiller le film. À coup sûr, c’est évident, ce fort témoignage de Ken Loach sur l’envers brumeux de l’Angleterre restera dans un coin de la mémoire de tout cinéphile. Et plus on y pense, plus on l’aime.
Bande-annonce, en version originale :
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