Le 28 octobre 2024
Ken Loach revient sur les écrans cannois avec l’attachement qu’on lui connaît pour la nature humaine et son combat pour l’égalité. The Old Oak est un petit bijou de délicatesse.
- Réalisateur : Ken Loach
- Acteurs : Debbie Honeywood, Dave Turner, Ebla Mari, Reuben Bainbridge, Col Tait
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Britannique, Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 28 octobre 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 25 octobre 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Résumé : TJ Ballantyne est le propriétaire du "Old Oak", un pub qui est menacé de fermeture après l’arrivée de réfugiés syriens placés dans le village sans aucun préavis. Bientôt, TJ rencontre une jeune Syrienne, Yara, qui possède un appareil photo. Une amitié va naître entre eux...
Critique : La question syrienne occupe les réalisateurs depuis plusieurs années. Et ce d’autant plus que le conflit ukrainien aurait presque fait oublier les massacres qui se perpétuent à Alep sous le commandement impitoyable de Bachar El Hassan, et dans une sorte d’indifférence massive des grandes puissances de ce monde. The Old Oak envisage le problème du point de vue des familles syriennes venues trouver en Angleterre un havre de paix. Ken Loach installe ainsi son récit dans une petite ville, assommée par le chômage et la pauvreté, où l’arrivée de populations migrantes nourrit le racisme et les rancœurs. Pour autant, en dépit des apparences hostiles, une amitié se noue entre un tenancier de bar et une jeune photographe syrienne, anglophile, qui habite avec sa mère et ses frères dans la ville.
- © Copyright Josh Barratt, Sixteen Films
Ken Loach offre une fable sociale moins cruelle que ce qu’on a eu l’habitude de voir chez lui. Si le propos se veut dur, dénonçant la montée de la pauvreté en Angleterre et les poussées populistes de certains, il choisit un angle de vue moins social qu’affectif. La belle relation qui se construit entre Yara et TJ Ballantyne prend sa source dans une passion commune : la photographie. Tous les deux témoignent à leur façon à travers des visages figés sur du papier de l’histoire de leur propre peuple qui a connu, à des degrés différents, la misère et l’abandon. La narration ne cherche absolument pas à tirer les larmes ou à appuyer sur les aspects mélodramatiques. Ken Loach retrace la possibilité d’un vivre-ensemble en dépit de l’inflation galopante, de la pauvreté qui se répand en Angleterre et de la peur de l’altérité. Bien sûr, tout n’est pas simple et il se joue dans ce bar dit The Old Oak le théâtre de toute une humanité, bonne, détestable, lâche et courageuse. À l’instar de cette jolie séquence du début où le protagoniste tente de remettre en place les lettres de la façade de son café, le cinéaste tente de réparer les malentendus et de rendre possible le mixage des cultures et des communautés.
- © Copyright Josh Barratt, Sixteen Films
The Old Oak est donc un film résolument optimiste qui échappe à la brutalité. Certains personnages aigris et teigneux ne peuvent pas s’empêcher de fomenter des coups bas contre la solidarité qui s’installe en faveur des populations syriennes. Mais le bien semble gagner grâce aux deux figures lumineuses de TJ et Yara. Ils représentent deux personnages très différents. Yara est enthousiaste, aimante, vive. Elle symbolise la résilience d’un grand nombre de migrants. TJ est plus sombre, mélancolique. À eux deux, ils vont former une équipe capable de soulever des montagnes pour atténuer la pauvreté et générer un lien social positif.
On pourra reprocher à Ken Loach un excès d’optimisme dans son film. Si le réalisateur arrive en bout de carrière, il donne à voir un monde moins désolant que l’univers de ses premiers longs-métrages. Le style s’est épuré et l’on perçoit à travers son récit, la possibilité d’une humanité meilleure.
– Festival de Cannes 2023 : Sélection officielle, en compétition
– Cannes 2023 : Mention spéciale Prix œcuménique, Grand prix d’honneur Palm Dog
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