Le 6 mars 2023
Un film catastrophe eastwoodien, formellement impeccable, qui ne réconciliera pas le metteur en scène avec ses détracteurs.
- Réalisateur : Clint Eastwood
- Acteurs : Tom Hanks, Laura Linney, Aaron Eckhart, Sam Huntington, Anna Gunn, Holt McCallany, Wayne Bastrup
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 23 septembre 2024 21:00
- Chaîne : TF1 Séries Films
- Date de sortie : 30 novembre 2016
Résumé : Le 15 janvier 2009, l’incroyable se produit : un avion qui vient de subir une terrible avarie réussit à se poser sans encombre sur les eaux glacées du fleuve Hudson, au large de Manhattan. Bilan : les 155 passagers ont la vie sauve ! Un exploit hors du commun accompli par le commandant "Sully" Sullenberger (Tom Hanks) et bientôt relayé par les médias et l’opinion publique. Partout dans le pays, la presse s’empare du "miracle sur l’Hudson". Et pourtant, alors même que le pilote est salué comme un héros, une enquête est diligentée qui menace sa réputation et sa carrière…
Critique : Réalisation globalement maîtrisée, malgré deux ou trois scènes sentimentales dont on aurait pu se passer, Sully se regarde d’abord comme un film d’action ou une œuvre à suspens impeccable, même s’il s’agit d’un événement dont on connaît l’issue -heureuse-. Eastwood déploie une belle maîtrise dans l’art du cadrage, parvient à varier les angles et à multiplier les échelles de plan pour nous donner la sensation d’un amerrissage, dont l’existence devient aussi une sorte de performance stylistique. Ces scènes spectaculaires renvoient aux oubliettes quelques passages obligés qui constituent des temps morts : à quoi bon ces conversations téléphoniques où l’on prend des nouvelles de celui ou celle qu’on aime, puisqu’on en sait l’existence, sans avoir besoin de les voir ? A quoi bon en rajouter, puisque notre position de spectateur devient celle d’un impudique qui ne laisse pas aux miraculés eux-mêmes la possibilité d’une intimité ? Et que dire de cette femme au foyer, condamnée à jouer les utilités, en débitant des banalités qu’on devine, pour savoir si son héros de mari se porte bien ?
Ce sont là les manifestations d’un virilisme eastwoodien que ses détracteurs pourront encore lui reprocher et ce long métrage ne les réconciliera pas avec celui qui construit à nouveau un film d’hommes - l’épreuve ne divise jamais ceux qui l’ont surmontée, c’est-à-dire le pilote et le copilote -. Mais on dira aussi que ces deux-là ont raison, qu’une enquête incrimine de manière fallacieuse. Et le propos s’infléchit comme les ailes d’un avion vers une lecture beaucoup plus symbolique que le cauchemar de Sully suggère dès l’ouverture, cauchemardesque, où un appareil s’écrase dans des immeubles de New York. Bien sûr que se projette sur chaque scène l’ombre portée du 11 septembre, le personnage principal devenant, à lui seul, cette image d’une Amérique véritablement clivée entre le sentiment d’avoir réussi à surmonter l’obstacle et celle d’avoir failli à travers cette tragédie. Dans ce pays où l’on célèbre volontiers ses héros, la terrible histoire de Sully fonctionne à front renversé : le sauveur de cent-cinquante cinq passagers devrait être celui qu’on célèbre, c’est pourtant l’homme qu’une enquête soupçonne d’un choix inopportun, le personnage qui devient l’objet d’une investigation kafkaïenne à laquelle Eastwood oppose une sorte de bon sens commun : comment des individus peuvent-ils s’en prendre à l’un des leurs qui, avec un immense courage, a évité une catastrophe écrite dans les eaux glacées de l’Hudson ?
Peu à peu, les doutes du commandant et de son fidèle copilote se transforment en une certitude marmoréenne et implacable reliée à des preuves factuelles, confirmée par les simulateurs, lors d’une séquence finale à haute tension. Et comme chez Eastwood, on pratique aussi l’humour laconique, la dernière blague retrouve les accents des premiers westerns de son auteur, de "l’homme sans nom", qui traversait impassible un monde beaucoup plus tourmenté que sa figure solitaire.
On n’imaginait pas que Tom Hanks fût capable d’une telle sobriété. Et pourtant, il trouve ici l’un des meilleurs choix de sa carrière.
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Démagoman 1er décembre 2016
Sully - Clint Eastwood - critique
Pathétique votre critique Mr Mignard... On aime ou pas ! Mais pour être un bon critique, ne faut-il pas garder ne ligne de mire l’objectivité ? Là ou vous en êtes rendu, il n’y a qu’un pas pour faire du journalisme à sensation !
J’ai cru voir que vous aviez une préférence pour les films d’animation et autres dessins animés, alors je vous laisse dans votre monde des Bisounours ! @Tchaos