Notes de bas de pages – La chronique BD

Première bande dessinée de Nacha Vollenweider, Notes de bas de pages séduit en premier lieu par sa construction narrative. Le voyage en train de l’autrice sert de fil directeur à un récit autobiographique qui parcourt différentes époques. Nacha Vollenweider épouse de cette manière le fonctionnement de notre mémoire, qui digresse à partir d’un objet ou d’un son familier. Cette construction permet au récit de faire des rapprochements entre des événements et des situations a priori très différentes : la crise des migrants en Allemagne est ainsi mise en parallèle avec l’émigration des Européens en Argentine au XIXe siècle. Au-delà de l’exercice autobiographique dont la bande dessinée est aujourd’hui familière, l’histoire familiale s’avère intéressante pour ses résonances avec les problématiques contemporaines comme les migrations, l’identité, le souvenir. Le lecteur francophone découvre également au fil des pages des pans méconnus de l’histoire de l’Argentine contemporaine, en particulier la dictature militaire de 1976-1982 .

Nacha Vollenweider - iLatina

Les dessins au feutre noir de Nacha Vollenweider révèlent un graphisme assez épuré et sans fioritures, avec une belle maîtrise du noir et blanc. Outre une maîtrise convaincante des effets permis par le noir et blanc, le talent de l’autrice s’exprime dans la construction de certaines planches au graphisme suggestif, qui permettent notamment d’évoquer la violence de la dictature sans la montrer ni l’éluder.

Par l’intermédiaire d’un procédé narratif original, Nacha Vollenweider construit par petites touches un récit familial touchant qui parle des enjeux de notre époque.