Le 20 août 2024
Ce thriller a d’indéniables qualités techniques mais Shyamalan reste prisonnier de ficelles d’écriture qui rendent cette œuvre bien inférieure à des modèles du genre.
- Réalisateur : M. Night Shyamalan
- Acteurs : Josh Hartnett, Alison Pill, Hayley Mills, Marnie McPhail , Kid Cudi, Ariel Donoghue, Saleka Shyamalan
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 7 août 2024
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Résumé : Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert. S’échappera-t-il ?
Critique : Réalisateur important mais inégal, M. Night Shyamalan ne cesse de surprendre depuis le consensuel Sixième sens qui l’avait véritablement révélé, en 1999. Son œuvre, qui a revisité les codes du thriller, de la science-fiction ou du fantastique, a connu de véritables sommets avec des pépites comme Split (2016) et Glass (2019) qui comptent parmi les meilleures réussites de la décennie. En revanche, les déceptions ont été flagrantes avec le blockbuster Le dernier maître de l’air (2010) ou le survival Old (2019), dans lesquels Shyamalan se situait entre les statuts de faiseur détaché et d’auteur signant le brouillon d’une œuvre manquée. Produit par Blinding Edge Pictures et distribué par Warner Bros., Trap nous semble davantage appartenir à la deuxième catégorie. Écrit par Shyamalan himself, le scénario est vaguement inspiré d’un fait divers s’étant déroulé à Washington en 1985, qui a avait vu le déploiement d’une opération de police pour arrêter un groupe de fugitifs ayant reçu des billets pour une compétition sportive. Le récit de Shyamalan préfère traiter du cas d’un brave père de famille accompagnant son adolescente de fille à un concert. Certes, tout n’est pas à jeter dans Trap qui bénéficie de qualités techniques indéniables.
- Josh Hartnett, Ariel Donoghue
- © 2024 Warner Bros. Tous droits réservés.
Les mouvements de caméra sont parfois grandioses dans la première partie, Shyamalan se montrant virtuose dans l’art de filmer les mouvements de foule. Il est bien épaulé par une équipe au top, à commencer par la monteuse Noemi Katharina Preiswerk, qui avait déjà travaillé sur Knock at the Cabin (2023) ; ainsi que le directeur photo thaïlandais Sayombhu Mukdeeprom, collaborateur de Weerasethakul et Miguel Gomes, ici aussi à l’aise dans les éclairages du concert que pour capter les tensions nocturnes dans la seconde partie. Et c’est un réel plaisir de voir Josh Hartnett incarner un rôle de maturité, l’ex-gravure de mode des teen movies des années 2000 semblant prendre un virage de carrière similaire à celui d’un Zac Efron. Malheureusement, c’est peu pour compenser les faiblesses d’un long métrage qui souffre surtout de son manque d’originalité, Shyamalan ne faisant qu’appliquer des bonnes vieilles recettes. Les histoires de serial killer machiavélique ont déjà été déroulées maintes fois sur les écrans, y compris chez Shyamalan, et Glass ne fait pas le poids face à des modèles de la trempe de Zodiac ou Prisoners.
- Josh Hartnett
- © 2024 Warner Bros. Tous droits réservés.
Et si le réalisateur avoue son admiration pour Hitchcock, certains passages ou traits de caractère sont dérisoires en comparaison de l’œuvre du « maître du suspense » : l’apparence trompeuse des liens familiaux (comme dans L’ombre d’un doute), le faux gentil qui est un vrai méchant (coucou Norman Bates !) ou le drame en plein concert (L’homme qui en savait trop). Par ailleurs, des invraisemblances grossières nuisent à l’efficacité narrative, à l’instar de la séquence qui voit un employé du complexe donner au tueur le code des sorties de secours, au prétexte que ce dernier lui a déclaré être un pompier… Ce problème est accentué par des rebondissements faussement prévisibles, le public ayant souvent une longueur d’avance sur les protagonistes. Enfin, Glass souffre d’une partition musicale atroce dans la première partie, le concert de la star incarnée par Saleka Shyamalan, fille de son père, déclenchant une épreuve douloureuse pour les oreilles du spectateur. Il faut en outre regretter que la jeune femme ne brille pas non plus par son jeu dramatique, alors que son personnage est essentiel dans la suite de la narration. Précisons que cette remarque n’est en rien une stigmatisation des enfants de la balle, sa sœur Ishana Shyamalan ayant d’ailleurs réalisé un estimable film d’horreur avec Les guetteurs. Espérons que M. Night Shyamalan donnera rapidement le meilleur de lui-même. Ce sera peut-être le cas avec Labour of Love, dans lequel il dirigera Bruce Willis.
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