Le 27 janvier 2024
Du vrai cinéma de papa : pas désagréable à suivre, mais tellement stéréotypé.


- Réalisateur : Gilles Grangier
- Acteurs : Bernard Blier, Jean Gabin, Martine Carol, Frank Villard, Robert Dalban, Françoise Rosay, Ginette Leclerc, Antoine Balpêtré, Maurice Biraud, Gérard Buhr, Marcel Charvey, Charles Bouillaud, Hélène Dieudonné, Albert Dinan
- Genre : Noir et blanc, Comédie policière
- Nationalité : Français
- Distributeur : Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
- Durée : 1h38mn
- Date télé : 29 avril 2025 23:15
- Chaîne : Paris Première
- Date de sortie : 27 septembre 1961

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Pour Charles, Lucas et Éric monter une affaire de fausse monnaie avec le "Dabe", c’est encore mieux que de s’associer avec la Banque de France. Tout est en place quand "le Dabe" apprend avec surprise que le graveur est un "cave".
Critique : Adapté du roman homonyme d’Albert Simonin, Le cave se rebiffe constitue le prototype du "cinéma de papa", si prévisible dans ses intentions et sa réalisation qu’on comprend qu’il indispose n’importe quel zélateur de la Nouvelle Vague. Mais Grangier était de ces réalisateurs appliqués, sans grand talent, qui ont aujourd’hui une valeur documentaire. Pour le reste, la configuration est sans surprise : le metteur en scène collabore une nouvelle fois avec sa vedette impériale, Jean Gabin, au summum de son jeu de patriarche, à qui Audiard offre une salve de bons mots. Autour de lui, vibrionnent un second rôle de luxe qui joue les benêts (Bernard Blier) et d’autres comédiens discrètement chargés de donner la réplique. Le scénario s’avère lisse comme la surface d’un lac de montagne par temps calme.
On comprend que Grangier, cinéaste honni par la génération des jeunes hussards des Cahiers, puisse une nouvelle fois agacer tant ce film en charentaises chemine à la cadence de son interprète principal : au petit trot. D’ailleurs, quand le personnage joue par le grand Jean, attelé à son canasson, sème les pandores pour prendre la tangente, aux fins d’être récupéré par son pote truand, on se dit que la séquence tient plus de l’hommage à l’éleveur Gabin que du rebondissement indispensable, d’autant que la bêtise intrinsèque des deux flics depuis la scène de l’aéroport les expose tout à fait à ce genre de désagrément.
Comme l’intérêt du film ne réside pas dans une classique histoire de fausse monnaie, l’œil furète ailleurs, en périphérie, se concentre sur ce que peut documenter ce cinéma : un entre-soi du virilisme où les femmes se font souvent rabrouer (on les appelle volontiers « mon petit ») et même la pauvre Martine Carol n’y peut mais, qui joue les utilités auprès du "cave" Maurice Biraud. Ce cinéma d’interprètes se regarde sans déplaisir, si on supporte d’entendre, toutes les cinq minutes, les sentences définitives du très moraliste Michel Audiard, la gouaille métaphorique de ses dialogues.