Le 17 novembre 2021
En Allemagne, un homme, disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, cherche à se faire embarquer sur un péniche pour regagner Strasbourg. Ce premier film réunissant Gilles Grangier et Jean Gabin, s’il ne manque pas de certaines qualités, a tendance à se perdre dans une mise en scène qui hésite entre plusieurs styles.


- Réalisateur : Gilles Grangier
- Acteurs : Jean Gabin, Élina Labourdette, Olivier Hussenot, Claude Vernier, Nadia Gray, Andrée Clément , Renaud Mary , Albert Dinan
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Sirius
- Durée : 1h25 mn
- Date de sortie : 13 novembre 1953

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Résumé : En Allemagne en 1948, Pietr (Claude Vernier) est matelot à bord de la péniche la "Vierge du Rhin", de retour vers la France. Lors d’une étape à Düsseldorf, Il croit reconnaître l’inconnu (Jean Gabin) qui dit s’appeler Martin Shmidt et qui sollicite Meister (Olivier Hussenot), son capitaine, pour être embarqué jusqu’à Strasbourg. Meister refuse jusqu’à ce que son second matelot soit victime d’un accident.
Critique : Le personnage de Pietr, qui commente le début du récit en voix off, reconnaît vite l’inconnu quand celui-ci manœuvre habilement sur le bateau comme un professionnel aguerri : c’est Jacques Ledru, l’ancien propriétaire de la compagnie de péniches dont "La Vierge du Rhin" fait partie. Celui-ci, porté disparu depuis 1940, avait été déclaré mort. Il se trouve que Pietr fait justement partie d’un réseau de contrebande organisé par Geneviève (Elina Labourdette), l’épouse de Ledru, remariée depuis avec leur ancien collaborateur devenu son complice, Maurice Labbé (Renaud Mary).
Ce drame mâtiné de policier est basé sur l’une des conséquences de la Seconde Guerre mondiale, à savoir le retour de soldats français disparus en Allemagne, que l’administration avait déclaré morts. Mais, le retour tardif de Ledru en France reste mystérieux, et l’homme ne semble pas forcément si net que cela, d’autant qu’il revient sous un faux nom.
Le problème de ce long métrage est qu’il exploite plusieurs pistes sans vraiment aller jusqu’au bout, en changeant de rythme, voire de style à chaque chapitre : le passé trouble de Ledru, jamais dévoilé, ne permet pas de prendre vraiment faits et causes pour son personnage. Il n’y a que Maria (Nadia Gray), la fille de Meister, pour vraiment croire en lui,
Pietr, omniprésent au début (c’est lui qui raconte l’histoire), va devenir tout à fait secondaire, pour ne revenir que vers la fin ; et curieusement aucune autre voix-off ne prend son relais. On en aurait eu pourtant bien besoin pour mieux comprendre le fonctionnement de la compagnie de bateaux présenté très sommairement. On comprend juste que les nouveaux propriétaires s’adonnent à un joli trafic, qui leur aurait déjà été fatal sans l’honnêteté d’une secrétaire zélée (Andrée Clément). Le rôle de la police et de son commissaire goguenard (Albert Dinan) fait glisser maladroitement la dernière partie vers une forme de comédie.
Jean Gabin, à l’aise comme souvent, ici en marinier plus vrai que nature, démarrait là une fructueuse collaboration avec le cinéaste Gilles Grangier : ensemble, ils feront en tout douze films en moins de vingt ans. Ils toucheront à tous les genres, souvent avec le concours de Michel Audiard aux dialogues, avec quelques vraies réussites comme Gas-oil (1955), Le sang à la tête (1956) ou encore Le désordre et la nuit (1958).