Le 24 octobre 2005
Des romans comme des livres d’histoire.
Des romans comme des livres d’histoire.
Restes de lectures d’été. Parti de Venise, un écrivain, guidé par son étoile venue de l’Est, descend vers le sud de l’Italie pour y trouver des mots nouveaux, libérés de la barbarie du XXe siècle. Antiquaire, Nestór Fabris s’en va, lui, de Rome. Direction l’Argentine dont il a fui les bottes trente ans plus tôt. Dans sa poche, il ne le sait pas encore, un seul billet : retour. Buenos Aires toujours, où un couple de la classe moyenne, en âge de se reposer, livre des pizzas la nuit dans un quartier détraqué.
Histoires [1] et lieux différents, une seule époque - la nôtre. Pas la plus gaie : "Je trouve que nous entrons dans un âge sombre, dit Russel Banks. Le mariage entre les intérêts économiques et l’exercice du pouvoir politique, le tout infusé par la passion religieuse, peut conduire droit au fascisme. " Aussi l’écrivain américain croit-il "à l’urgence d’une littérature qui soit aussi mémoire" [2].
L’art de la joie, de Goliarda Sapienza, qui retrace entre l’intime et l’universel la première moitié du XXe siècle italien, est de ceux-là. Bouillonnant, passionnant, inquiétant aussi quand il rappelle l’un des slogans de l’Italie en pleine mussolinisation : "Ne me frego", je m’en fous. Un souvenir qui sonne comme un cri d’alarme face à l’indifférence et à l’aveuglement de notre temps.
[1] Dans l’ordre : Immersion, d’Alain Fleischer ; Un retour, d’Alberto Manguel ; Les nuits de Florès, de César Aira
[2] Entretiens au Monde des livres et à Télérama. La critique du dernier roman de Russel Banks, American Darling, sera bientôt en ligne sur aVoir-aLire.
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