Un retour... Nostalgie du titre trompeuse. C’est d’une fin qu’il s’agit ici. Aussi brutale qu’inattendue. Invité au mariage d’un filleul qu’il na jamais vu, Néstor Fabris, antiquaire, quitte sa Rome tranquille pour Buenos Aires dont il avait fui la dictature trente ans plus tôt. Au contraire de ses camarades de lutte qui y étaient restés, certains au propre comme au figuré.
Dans cette cité qui lui semble figée, ses fantômes surgissent un à un, renvoyant Fabris moins à ses jeunes années qu’à sa décision de les oublier dans l’exil, amours comprises. Les rencontres se succèdent, extraordinaires, jusqu’à cet ultime voyage vers une colonie de vacances en dehors de la ville, en dehors du temps, où se croisent, paisibles, bourreaux et victimes d’un passé que l’antiquaire avait cru pouvoir oublier. C’est par ce glissement implacable dans le fantastique et par le délicieux décalage entre son propos et la prose délicate et ouateuse d’Alberto Manguel qu’Un retour frappe sec et fort.