Rock and Stone T.2 - La chronique BD

La planète coloniale Caldoria est en ruines, la faute à une rébellion de l’intelligence artificielle, qui a jugé que l’humanité s’en sortirait mieux en étant exterminée ou réduite en esclavage. Le chemin continue (et s’achève) pour Stan et son partenaire robotique en surface, tandis que son père tente désespérément, bloqué dans un vaisseau en orbite, de contrecarrer les plans de l’IA. Ce second volume vient clore la série de manière réaliste et aboutie : le combat doit avoir une fin, et il faudra pour cela des sacrifices, des deux côtés. La scénarisation, qui fait la part belle en début d’album aux flashbacks, entrecoupés d’ellipses à chaque planche, offre une plongée dans les sentiments du père, tout en apprenant aux lecteurs les raisons du chaos qu’il a découvert dans le premier tome. Les réponses sont là, l’action laisse temporairement place à l’émotion, avant que l’on ne retrouve les poings ravageurs du robot Rocky, aux prises avec de multiples ennemis.

© Delcourt

Ces ennemis d’acier, aux caractères de plus en plus organiques (dans les réactions et l’apparence), ne sont pas sans rappeler les univers de Matrix ou Terminator. Clairement, Rock and Stone est une bande dessinée qui a les codes (et la fière allure) d’un film à grand spectacle. Les ingrédients sont d’ailleurs réunis pour un franc succès hollywoodien : la relation compliquée père-fils, le jeune intrépide passionné de comic et de robot, des personnages secondaires plus ou moins courageux, un ennemi sans pitié... Finalement, les combats sont plutôt secondaires, ou en tout cas ne sont plus centraux, au contraire du premier tome. Suivre la progression de Stan et son père se fait en jonglant avec leurs difficultés respectives, avec les ralentissements et les pièges successifs qui les poussent à prendre des décisions. Du coup, la scène finale, combat héroïque s’il en est, apparaît presque décevante, ou en tout cas loin du combat légendaire attendu... Mais l’impression de réalisme, qui enveloppe ce récit de science-fiction sur une planète inconnue, n’en est que renforcée. Pas de temps pour les larmes, pas de temps pour des explosions apocalyptiques, même l’épilogue est plutôt sobre. Un choix qui donne à la série un cachet particulier, en fin de compte plutôt éloigné du genre hollywoodien.

© Delcourt

Second volume parfaitement exécuté, Rock and Stone s’inscrit dans un genre sans révolution ou vraie originalité, mais avec un caractère affirmé et une ambiance maîtrisée. Cette série est travaillée et bien conçue dans sa forme, efficace et bourrée de sentiments dans son fond. Une belle œuvre pour un format arrêté et bloqué à l’avance, et donc encore plus digne de louanges.

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