Le 27 mai 2003
Cannes, une volonté permanente de défricher de nouveaux horizons artistiques.
Que représente le Festival de Cannes à l’heure actuelle ? Pour le simple quidam, c’est une vulgaire histoire de célébrités inaccessibles, de soirées gargantuesques, de photographes hystériques et... de films. Depuis une décennie maintenant, cette manifestation est "raillée" pour sa maladresse à miser sur ses attributs glamour, oubliant son ambition première : révéler au public des talents méconnus ou tout juste naissants.
Toutefois, il serait injuste d’associer exclusivement Cannes à la venue de starlettes issues d’un jeu télévisé. A travers ses Palmes d’or, le Festival a démontré plus d’une fois son exigence artistique, sa détermination à ne plier sous aucune pression commerciale et imposer sa vision du septième art. Mieux encore, Jean Cocteau ne disait-il pas que ce "festival est un no man’s land apolitique, un microcosme de ce que serait le monde si les hommes pouvaient prendre des contacts directs et parler la même langue" ?
Au-delà des apparences, souvent trompeuses, le Festival de Cannes poursuit sa quête du chef-d’oeuvre. Cette année encore, 908 longs-métrages venus de 81 pays ont été visionnés pour n’en retenir qu’une petite vingtaine en compétition officielle. "Le meilleur de la production annuelle", comme aime à le répéter Gilles Jacob, le président de la manifestation. Car avoir une chance de décrocher une Palme d’or demeure une envie vissée à l’esprit de chaque réalisateur présent sur la Croisette. Le succès commercial n’est pas forcément à la clé - L’anguille, Palme d’or en 1997, n’a attiré que 30 000 spectateurs - mais la reconnaissance d’un jury hétéroclite assure un prestige d’autant plus méritant.
Souvent avant-gardiste, le Festival de Cannes se présente comme un pionnier en matière de découverte de talent. Quentin Tarantino ne dirait pas le contraire : Reservoir Dogs électrise la Quinzaine des réalisateurs, Pulp Fiction (1994) décroche la récompense suprême. D’autres sont devenus avec le temps des habitués : Lars Von Trier (Dancer in the Dark), Emir Kusturica (Underground), les frères Coen (Barton Fink), David Lynch(Sailor et Lula) : autant de cinéastes reconnus d’abord en France avant de franchir d’autres frontières. Dernièrement, Roman Polanski et son Pianiste ont inauguré leur pléthore de prix (César et Oscars) avec la Palme d’or à Cannes.
On se souvient également des autres, des classiques désormais, venus autrefois fouler le tapis rouge cannois : Martin Scorsese (Taxi Driver), Francis Ford Coppola (Apocalypse Now), Robert Altman (M.A.S.H.), Michelangelo Antonioni (Blow up), Louis Buñuel (Viridiana), Federico Fellini (La Dolce Vita), Orson Welles (Othello), Lucchino Visconti (Le guépard), etc. Chacune de ces palmes a marqué d’une manière son époque, reflet fidèle ou déformé d’une culture en perpétuelle évolution. En ce sens, Cannes et son palmarès forment un formidable repère tant au niveau artistique que sociologique.
Ce festival, vous l’aurez compris, n’a pas pour unique objectif de contenter une poignée de privilégiés. Il représente cette volonté permanente de défricher de nouveaux horizons artistiques (Rosetta par exemple en 1999), faisant fi des modes pour mieux des les initier. Cannes est une référence en matière de cinéphilie, malgré ses bruyants à-côtés, et entend bien le rester.
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