Chiens enragés
Le 3 mars 2021
Coup d’essai et coup de maître pour Tarantino qui réinvente les codes du polar sanglant.
- Réalisateur : Quentin Tarantino
- Acteurs : Harvey Keitel, Tim Roth, Steve Buscemi, Chris Penn, Michael Madsen, Lawrence Tierney
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Editeur vidéo : Seven sept
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 13 juin 2022 22:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 12 août 2009
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 2 septembre 1992
- Festival : Festival de Cannes 1992
Résumé : Après un hold-up manqué, des cambrioleurs de haut vol font leurs comptes dans une confrontation violente, pour découvrir lequel d’entre eux les a trahis.
Critique : En 1992, au festival de Cannes, un petit film indépendant américain vole presque la vedette à la Palme d’or Les meilleures intentions, de Bille August. Durant cette quinzaine, les critiques ne jurent en effet que par un polar au titre incompréhensible, présenté en séance spéciale. La rumeur fait le tour des festivaliers : le film est violent, original dans sa structure narrative, parfaitement maîtrisé, et superbement servi par une brochette de gueules de cinéma. Reservoir Dogs conquiert ses premiers spectateurs français ; Tarantino n’est plus un illustre inconnu se baladant de festival en festival avec ses bobines sous le bras.
Le chemin fut long avant de parvenir à cette reconnaissance. Gérant d’un vidéoclub à Los Angeles, Tarantino visionne tout ce qui lui tombe sous les yeux. Sa grande cinéphilie lui permet d’imaginer un cinéma truffé de références (pur plagiat selon ses détracteurs et connaisseurs de City of Fire). Par exemple dans Reservoir Dogs, le système d’appellation des truands par des couleurs est emprunté au Pirates du métro (1974) de Joseph Sargent. Toujours est-il que Tarantino se lance à cette époque dans l’écriture de scénario. Il en sortira de sa plume True Romance, Reservoir Dogs et Tueurs nés. C’est Harvey Keitel (Mr. White) qui, impressionné par la qualité du script, acceptera de miser sur lui et de produire son premier film.
Six gangsters sont réunis par un commanditaire pour braquer une bijouterie. Ils ne se connaissent pas et portent des pseudonymes pour préserver leur anonymat. Mais le casse, transformé en guet-apens par la police, tourne au carnage. Les survivants, regroupés dans un hangar, tentent d’identifier parmi eux le flic infiltré...
À la sortie de Pulp Fiction, Quentin Tarantino avait déclaré vouloir uniquement faire des films qui résisteraient à l’épreuve du temps - c’est à ce critère que l’on reconnaît un chef-d’œuvre. Force est de constater que Reservoir Dogs entre sans difficulté dans cette catégorie. Véritable coup de poing cinématographique, ce polar (pas au sens littéraire du terme car on ne suit pas d’intrigue policière) a conservé tout son impact. La recette semble simple : musique inédite mais accrocheuse dès la première écoute, dialogues percutants (- Tu as tué des gens ? - Non que des flics !) et narration innovante.
Car Tarantino ne se soucie pas de renouveler son sujet ; il préfère en révolutionner le traitement grâce à un scénario complètement déstructuré. Ce faux huis clos truffé de flash-back prend ainsi constamment le spectateur par surprise. En fonction de l’action, le spectateur est soit en avance par rapport aux personnages (il connaît l’identité de la taupe), soit en retard donc pris à contre-pied. Tarantino livre un cinéma viscéral dans lequel il tranche à vif. Malin, il préfère filmer la violence à grand renfort de pointes d’humour (la fameuse scène de l’oreille) afin de désamorcer une tension trop éprouvante. On peut d’ailleurs lui reprocher cet amalgame pervers qui ne tend qu’à banaliser cette violence graphique.
Toutefois, Quentin Tarantino fait partie de ces réalisateurs qui aiment leurs personnages et les acteurs qui les incarnent. Il les choie dans un cinémascope qui leur rend toute leur noblesse de salopards. Ici, presque tous ont un rôle à défendre ; tous ont une scène et des dialogues ciselés qui leur permettent d’exprimer leur talent. Dès lors, en dépit de leurs actes répréhensibles, on en vient à apprécier ces truands, ces "tough guys" comme les qualifierait Norman Mailer. Concernant justement la distribution, la palme revient à la prestation de Tim Roth, hallucinant de souffrance dans sa lente agonie.
Reservoir Dogs est la parfaite illustration du film culte. Voilà un film qui peut être visionné avec le même plaisir un nombre incalculable de fois. Brillant, prenant, hilarant par moments, il est un miraculeux condensé d’énergie issue du cinéma indépendant américain et de la maîtrise de fabrication du système hollywoodien.
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Anybodynoz 9 avril 2005
Reservoir Dogs - Quentin Tarantino - critique
A voir absolument sous peine de loupé un chef d’oeuvre et surtout le génie scénaristique de Quentin Tarantino...
birulune 19 septembre 2017
Reservoir Dogs - Quentin Tarantino - critique
Grand film où les acteurs et le scénario sont la clé de cette réussite. Personnages taillés au couteau particulièrement savoureux ( l’emmerdeur Buscemi, le vieux de la vieille Keitel et le bleu Tim Roth) avec des mafieux qui aiment la famille et pour qui l’honneur compte plus que tout.
Des bouchers tout de même.
Scènes hyper-réalistes du quotidien des truands !
Un petit déjeuner et une ballade en voiture:tout y est ! Enfin ce monde masculin est rendu tel quel ( raciste, misogyne) et on parle série et drogue de façon presque décousu comme dans la vraie vie.
Les 3 quarts du film se déroule dans un hangar vide mais la tension est palpable. Captivante.
On voit jamais le flic infiltré en uniforme et le spectateur est carrément figé dans le rôle de la taupe au point de ne plus savoir si il est réellement toujours flic ( la scène onirique des toilettes filmée bizarrement) ou s’il joue a merveille son rôle d’infiltré.
Le film est a l’image de cette scène.
On sent presque physiquement la tension que ressent la taupe à jouer sa vie sur un coup de théâtre, mais on ne sait plus qui est gentil ou méchant et c’est assez gonflant...
Dans le film Space Jam ils font un clin d’oeil à Pulp Fiction avec Daffy Duck et le cochon déguisés en Travolta / Samuel L Jackson ( pfiou)
La violence par trop de suggestion ( scène de l’oreille) ou par la démonstration ( tous les coups de feu) a rendu ce film connu jusque chez les tout petits
FrancoisP 19 octobre 2022
Reservoir Dogs - Quentin Tarantino - critique
J’avais adoré ce film lors de mon premier et unique visionnage il y a de cela bien des années. Les dialogues m’avaient particulièrement plus, c’était très original pour moi qui n’était pas habitué à ce genre de cinéma.
La bande originale est comme souvent chez Tarantino très bien choisie.
Cette critique m’a donné envie de le revoir !