Premier des 4 derniers films français de Max Ophuls remasterisés
Le 11 février 2020
Un personnage chasse l’autre dans ce marivaudage qui virevolte comme une valse. Ce long-métrage à sketches est le premier des quatre derniers films français du réalisateur à avoir été masterisé.
- Réalisateur : Max Ophuls
- Acteurs : Danielle Darrieux, Gérard Philipe, Simone Simon, Serge Reggiani, Daniel Gélin, Anton Walbrook, Simone Signoret, Isa Miranda, Jean-Louis Barrault, Odette Joyeux, Fernand Gravey
- Nationalité : Français
- Editeur : Carlotta Films
- Editeur : Carlotta Films
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 27 septembre 1950
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Résumé : Un homme (Anton Walbrook) déambule dans un décor de cinéma qui représente Vienne la nuit, et nous convie à suivre, à partir d’un carrousel, les amours souvent éphémères de différents couples dont chaque personnage chassera le précédent. La ronde commencera par la prostituée (Simone Signoret) et le soldat (Serge Reggiani) qui rencontrera ensuite la femme de chambre (Simone Simon)..
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Le film : La ronde marque le retour en France de Max Ophuls après une décennie américaine. Il va y tourner quatre films majeurs et incontournables. Après La ronde adapté de la pièce de théâtre d’Arthur Schnitzer, ce sera Le plaisir (1952), de nouveau un film à sketchs tiré de trois nouvelles de Guy de Maupassant. Viendront ensuite Madame de... (1953), fondé sur un roman de Louise de Vilmorin et son ultime réalisation Lola Montès (1955), adapté de Cecil Saint-Laurent.
Le film joue clairement la carte du carton-pâte et de la théâtralité. Dès les premières images, le narrateur se déplace dans un décor de cinéma avec ses rails, ses projecteurs et autres trompe-l’œil. Les différentes séquences vont se succéder au rythme d’une valse où du carrousel à une danse, le récit va tournoyer d’un couple à l’autre. On danse, on boit du champagne, on dîne dans le cabinet d’un grand restaurant... comme si la vie n’était que plaisir et légèreté. Mais tout ceci n’est qu’apparence : les personnages sont tristes, désespérés pour certains, mentent aux autres, se mentent à eux-mêmes aussi. Avec une délicate subtilité, le récit nous laisse entendre que les amours, illicites pour la plupart, ne vont même pas jusqu’au bout, et finissent souvent dans l’indifférence.
Si les hommes fanfaronnent et sont lâches, les femmes ne sont pas leurs jouets, et au contraire manipulent ces messieurs avec beaucoup de malice.
L’impressionnante distribution sert le film avec talent : Anton Walbrook, le narrateur très dandy traverse le long-métrage avec nonchalance. Simone Signoret, la prostituée, est généreuse et gouailleuse. Serge Reggiani, le militaire, se révèle mufle et indifférent. Simone Simon se montre douce et mutine, quasiment à contre-emploi de ses rôles précédents. Daniel Gélin, qui joue les naïfs, sait très bien ce qu’il fait. Danielle Darrieux, faussement ingénue, esquisse le personnage qu’elle développera à merveille quand elle sera Madame de..., toujours pour Max Ophuls deux ans plus tard. Fernand Gravey, drapé dans sa dignité, court les cocottes. Odette Joyeux joue les écervelées et se perdra face à un intellectuel pédant et égoïste. Cet intellectuel, c’est Jean-Louis Barrault, qui se prend pour un poète, persuadé de rester dans l’histoire. Isa Miranda, comédienne, est toujours en représentation, sur et en dehors de la scène. Et le dernier personnage, finement interprété par Gérard Philipe, est un militaire noble, décadent et lymphatique qui traverse la vie dans les brumes de l’alcool.
La ronde, film élégant et nostalgique ouvre la voie à la seconde carrière française exceptionnelle du cinéaste d’origine allemande. Ses quatre films, qui n’ont pas forcément eu le succès qu’ils auraient mérité (ce qui n’est que trop vrai pour le dernier), demeurent aujourd’hui d’une incroyable modernité et méritent d’être redécouverts sans modération.
Le test DVD
La restauration donne une image granuleuse qui ne rend pas hommage au noir et blanc du film. Le son un peu étouffé rend parfois malaisée la compréhension.
En bonus, uniquement la bande annonce originale. On aurait aimé des images d’archives ou des interviews, soit de collaborateurs, soit de spécialistes de l’œuvre de Max Ophuls.
Test DVD/Bluray
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