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Le 28 février 2006
Deux ouvrages présentent le travail exemplaire du photographe français Klavdij Sluban sur l’univers carcéral.
Deux ouvrages présentent le travail exemplaire du photographe français Klavdij Sluban sur l’univers carcéral.
Dix ans de photographie en prixon et Entre parenthèses : ces deux ouvrages ont pour sujet le travail du photographe français Klavdij Sluban sur l’univers carcéral, un travail qui offre, outre ses qualités esthétiques, une dimension humaine de partage, d’échange, proche de la démarche du projet musical Trop de peine(s) en silence menée par l’association Pulsart. Sluban a animé un atelier de reportage au centre des jeunes détenus de Fleury-Merogis de 1995 à 2001. Henri Cartier-Bresson, William Klein, Marc Riboud sont venus y participer. Depuis 1998, Sluban poursuit son projet avec des jeunes détenus en Russie, Géorgie, Moldavie, Lettonie et, depuis 2000, en Slovénie et Serbie
Entre parenthèses, édité dans la collection "Photo poche" des éditions Actes Sud, est une monographie de l’artiste mais qui occulte les clichés des détenus même si un texte de Sluban explique le contexte : l’atelier est "une parenthèse dans leur passage en prison qui est lui-même une parenthèse dans leur vie". L’avantage de cet ouvrage est de proposer les clichés de Sluban sur support papier avec une définition optimale et de permettre une consultation pratique de son œuvre. Dix ans de photographie en prison, sous sa forme atypique de livre-DVD ou DVD-livre, est une synthèse beaucoup plus globale de cette expérience éditée par la maison d’édition rennaise L’Œil électrique. Présenté au format livre, le contenu est essentiellement numérique si on exclut un texte bilingue franco-anglais très intéressant, dans lequel le photographe expose sa démarche et ce que les uns et les autres en ont retiré. Le chapitrage est alléchant. Deux diaporamas abordent le volet artistique et présentent les œuvres de Sluban et des détenus. Par ailleurs, un film, L’amour tout court, auquel participe Henri Cartier-Bresson, et une émission radiophonique diffusée sur France Culture, C’est de la bombe, donnent la parole aux protagonistes de cette histoire et reviennent sur sa dimension humaine, indissociable de l’ensemble.
L’objectif de Sluban est de "créer un échange et permettre [aux prisonniers] une réalisation avec leurs propres exigences" et de s’interroger sur leur condition. Pour pénétrer ce milieu et accéder à la confiance des tétenus, Sluban a fait sienne cette phrase de Cartier-Bresson : "En photo, il ne faut rien vouloir, il faut être disponible et puis ça vient." Et le résultat est là. Des autoportraits des détenus, moyen de réaffirmer une identité, à la présentation ou la dénonciation des conditions de vie, les photographes dressent un tableau sombre de l’univers carcéral, en phase avec les observations du rapporteur européen Gil Roblès. Toutefois, les clichés révèlent aussi une évasion esthétique, une recherche du beau, ou de l’effet poétique qui dépasse les préoccupations du présent.
Mais cette initiative a trouvé ses limites dans un lieu clos et réglementé où le rythme est "fixe et immuable" ("Le temps, opérateur de la peine", écrivait Michel Foucault). Avec l’atelier, la prison devient un lieu de mouvement et d’expression, un lieu de vie et donc de hasard. Les heurts avec l’administration étaient inévitables. L’autre limite est venue des prisonniers eux-mêmes. Et Sluban constate que "ceux qui sont vraiment meurtris par la prison, [il] ne les [voit] malheureusement jamais". Néanmoins, le photographe s’évertue à donner une suite à ces ateliers en organisant des expos, mais toujours dans des lieux institutionnels avec pour condition la mise en place d’un débat, évitant les galeries et la réduction des œuvres à leur esthétisme ou à leur valeur marchande. L’engagement de l’artiste est total, comme il le dit : "Je veux pouvoir arrêter quand je veux, quand j’aurai épuisé le sujet et moi-même."
Klavdij Sluban, Dix ans de photographie en prison, éd. L’Œil électrique, 2006, 19 € &
Entre parenthèses, Actes Sud, coll. "Photo Poche", 2005, 12,80 €
Autre ouvrage de l’artiste à consulter : Transverses, éd. Maison européenne de la photographie, 2002ph
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