Biographie
Le 14 mai 2003
- Réalisateur : Josef von Sternberg
L'a vu
Veut le voir
A-t-il façonné Marlene ou l’a-t-elle superbement inspiré ?
Au contraire de son actrice fétiche, Maria Magdalana von Losch, qui abandonna sa particule pour devenir Marlene Dietrich, Josef Sternberg (1894-1969), né à Vienne dans une famille de la bourgeoisie juive commerçante, ne se gêna pas pour s’accorder un "von" ronflant dès ses débuts dans le cinéma... Après des études en Autriche et aux Etats-Unis, il met le pied dans le métier en tant que monteur et assistant, et signe en 1925 un premier film remarqué par Chaplin et Mary Pickford, (The salvation hunters). Son caractère impossible manque de gâcher ces débuts prometteurs, cependant, son immense talent ne tarde pas à être reconnu avec Underworld (1927) considéré dans l’histoire du cinéma comme le premier vrai film de gangsters.
L’avènement du parlant, c’est L’ange bleu (1930) pour Sternberg, et sa découverte de Marlene Dietrich, quasi débutante encore un peu rondouillarde... On connaît la suite. Pendant cinq ans, le tandem fonctionnera à plein régime : Morocco (Cœurs brûlés), Dishonoured (X27), Shangai Express, Blonde Venus, The Scarlet empress (L’impératrice rouge), The woman is a devil (La femme et le pantin). Une suite en clair-obscur, loin de tout réalisme, onirique, raffinée et décadante, magnifiant l’image de la femme fatale.
Sternberg a-t-il façonné Marlene ou l’a-t-elle simplement superbement inspiré ? Le débat reste entier, les deux protagonistes ayant une version totalement différente des faits. Toujours est-il qu’après 1935, le cinéma de Sternberg perd de sa puissance et de sa folie. Lui même avoue : "J’ai cessé de faire du cinéma en 1935." Quant à Borges, fin connaisseur de Sternberg - entre maîtres du baroque on se comprend - il écrira au sujet de Crime et châtiment (1935) : "Sans solution de continuité, il est passé de l’état d’hallucination à l’état de sottise. Auparavant, il paraissait fou, ce qui est quelque chose ; il est devenu tout simplement insignifiant." [1]
Constat féroce, mais justifié. Jusqu’en 1957, date de son dernier long métrage (Jet pilot), Sternberg ne tournera que des films tout juste honorables, à l’exception de The saga of Anathan (1953), l’histoire d’un groupe de marines japonais qui résiste encore sept ans après la fin de la guerre, où il renoue avec les décors irréels et l’érotisme sulfureux de ses chefs-d’œuvre.
Filmographie (extraits)
– Les nuits de Chicago (Underworld, 1927)
– L’assommeur (Thunderbolt, 1929)
– Morocco (1930)
– L’ange bleu (Der blaue Engel, 1930)
– Une tragédie américaine (An American tragedy, 1931)
– Agent X 27 (X 27, 1931)
– La Vénus blonde (Blonde Venus, 1932)
– Shanghai Express (1932)
– L’impératrice rouge (The scarlet empress, 1934)
– Crime et châtiment (Crime and punishment, 1935)
– La femme et le pantin (The devil is a woman, 1935)
– Sa Majesté est de sortie (The king steps out, 1936)
– Shanghai gesture (1941)
– The town (1944)
– Le paradis des mauvais garcons (Macao, 1952)
– Fièvre sur Anatahan (The saga of Anatahan, 1953)
[1] Cité par Roger Boussinot dans son Encyclopédie du cinéma, Bordas, 1980
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.