Le 10 décembre 2024
- Réalisateur : Louise Courvoisier
- Acteurs : Clément Faveau, Maïwène Barthelemy
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Festival : Festival de Cannes 2024, Festival d’Angoulême 2024
La réalisatrice Louise Courvoisier et ses deux révélations, Maïwène Barthelemy et Clément Faveau, témoignent de l’heureuse aventure de Vingt dieux, en salle le 11 décembre.
Récent Prix Jean-Vigo, lauréat du Valois des étudiants francophones et du Valois de Diamant au Festival d’Angoulême, le premier long métrage de Louise Courvoisier, en salles ne cesse de faire sensation depuis qu’il a été dévoilé en section « Un Certain Regard » à Cannes, où il a aussi raflé le prix de la jeunesse. La réalisatrice et ses deux révélations, Maïwène Barthelemy et Clément Faveau, témoignent de cette heureuse aventure.
- Clément Faveau
- © Agat Films - Ex nihilo / Pyramide Distribution. Tous droits réservés.
Ce projet est-il né de votre envie de raconter votre territoire, le Jura ?
Louise Courvoisier : J’avais envie de filmer la jeunesse locale, avec laquelle j’ai grandi. Cela m’a pris trois ans d’écriture. Je tenais à ce que le film soit très ancré dans le territoire jurassien. Et je souhaitais travailler avec des comédiens non professionnels issus de la région. Ce qui a d’ailleurs représenté un gros challenge.
Comment votre choix s’est-il porté sur vos deux jeunes interprètes principaux ?
Louise Courvoisier : J’ai rencontré beaucoup de monde mais ils se sont vite imposés. Dès notre première rencontre, ils avaient une présence magnétique à l’écran. Comme s’ils avaient fait ça toute leur vie. Nous avons procédé à beaucoup de répétitions les week-ends précédant le tournage afin de nous préparer en amont et que nous puissions tous aborder sereinement cette aventure.
Comment avez-vous vécu cette première expérience de tournage et espériez-vous en vivre d’autres ?
Maïwène Barthelemy : Cela a été une expérience unique, qui n’arrivera peut-être qu’une fois dans notre vie. En tout cas, même si je reste une agricultrice, je ne me ferme à rien quant à de futurs projets dans le cinéma.
Clément Faveau : Le cinéma ne fait pas partie de mon projet professionnel car je tiens à m’installer avec mon exploitation agricole. C’est ma vie depuis toujours. Et je ne veux pas y renoncer. Malgré cette heureuse expérience.
Votre film montre à quel point le quotidien peut être difficile à vivre sur un territoire relativement éloigné des grandes villes, mais qui demeure assez addictif en raison de sa proximité avec la nature…
Louise Courvoisier : La vie y est dure et belle à la fois, très différente qu’ailleurs. Je voulais raconter ce paradoxe mais aussi le mettre en valeur. Il fallait montrer l’âpreté de cette vie mais aussi des choses plus légères, plus lumineuses, plus humaines, où l’on est emporté. Malgré les coups durs qu’il subit, le personnage de Totone se montre à la fois résilient et courageux.
Clément Faveau : Tout au long du film, il gagne en assurance, en confiance, en maturité. Et il noue une complicité avec sa petite sœur, qu’il n’avait pas au début.
Maïwène Barthelemy : Idem pour mon personnage qui semble un peu dur au premier abord mais qui, en vérité, a un vrai cœur d’artichaut. Elle s’ouvre peu à peu et exprime davantage ses sentiments.
- Clément Faveau
- © Agat Films - Ex nihilo / Pyramide Distribution. Tous droits réservés.
Les scènes de fabrication du comté sont étonnamment cinégéniques…
Louise Courvoisier : Au moment du financement du film, certains partenaires s’interrogeaient beaucoup sur la conception de ces scènes. Avec mon chef opérateur, nous voulions trouver la cinégénie de la matière fromagère. Clément a réellement fait un comté en direct et la caméra s’est adaptée à lui, en captant son regard, son sourire, ses efforts. Nous avons veillé à capter tout cela.
Que pouvez-vous dire sur votre rapport à l’agriculture ? Ici, on comprend à quel point c’est un secteur auquel il est difficile de renoncer malgré ses difficultés.
Louise Courvoisier : Je voulais justement raconter à quel point il est difficile de renoncer à cette vie. La plupart des agriculteurs reprennent l’exploitation de leur famille. Leurs racines, leur histoire, leur vie sont liées à cette terre. Quand on n’a pas connu un ailleurs, on peut difficilement l’envisager.
Clément Faveau : Agriculteur n’est pas un métier, c’est une passion. On a ça dans le sang, on ne le fait jamais pour l’argent.
Maïwène Barthelemy : C’est un métier avec une charge de travail conséquente, mais on est aussi son propre patron, avec sa propre entreprise, on organise sa journée comme on en a envie, on est en contact avec la nature. Donc on se sent libre, mais il faut travailler très dur.
Votre projet a-t-il été bien accueilli par les partenaires financiers ?
Louise Courvoisier : La phase de financement était complexe car nous ne bénéficions pas d’un casting connu. Mais nos partenaires se sont montrés confiants et tenaient à faire une sorte de pari. Ils étaient rassurés par la promesse du scénario, avec une plongée dans le milieu agricole mais aussi un récit d’apprentissage, et une comédie romantique. J’avais envie d’un film généreux pour le public, comme je les aime.
Justement, quels sont les films qui ont marqué votre vie ?
Louise Courvoisier : Le cinéma américain indépendant des années 70 constitue mes principales références esthétiques. Mais j’ai aussi grandi avec les films de Julia Roberts. Pour Vingt dieux, je m’inspirais autant de Fast and Furious que de Magic Mike ou des films de Robert Altman ou Ken Loach.
Maïwène Barthelemy : Pour ma part j’affectionne les films qui mettent en scène des animaux, comme Cheval de guerre. Ainsi que des œuvres mettant en avant des femmes fortes, comme Voleuses.
Clément Faveau : J’aime les comédies françaises avec Louis de Funès, ou les films de guerre comme Il faut sauver le soldat Ryan.
Sans condescendance aucune, il semble qu’il y ait relativement peu de salles de cinéma dans le Jura, alors comment vous êtes-vous prise de passion pour cet art ?
Louise Courvoisier : En effet, il y a très peu de cinémas et même peu d’accès à la culture en général. Je suis tombé dedans par accident. J’ai pris une option cinéma afin d’intégrer un internat alors que je n’avais vu que trois films dans ma vie. Mais j’y ai pris goût tant j’avais de super professeurs. À Paris, la faculté ne me suffisait pas car les cours étaient trop théoriques. D’où mon envie de rejoindre la CinéFabrique à Lyon où j’ai réalisé cinq courts métrages en trois ans. C’est là que je me suis senti à ma place. J’ai découvert que j’aimais raconter des histoires, diriger des comédiens et une équipe technique.
Propos recueillis par Nicolas Colle
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