Le 2 février 2005
Une sélection pauvre en surprises et en grands moments. En attendant la suite...
Une sélection pauvre en surprises et en grands moments. En attendant la suite...
Mer d’ennui sur les écrans du festival. Les monstres ont déserté les Vosges pour laisser place à quelques fantômes asiatiques pas très inspirés. Oubliés l’effroi et l’imaginaire débridé... Le cru 2005 a été d’une sobriété tristounette. Où diable étaient passés les célébrités et les bons films ? C’est ce que les festivaliers se sont demandé pendant ces cinq jours de festivités morbides. Une baisse de régime probablement due à une sélection en demi-teinte : surreprésentation d’un cinéma asiatique aux formules éventées (six films), films préhistoriques disponibles en DVD à l’étranger et qui ont déjà circulé dans de nombreux festivals y compris en France (Save the green planet ou Bubba ho-tep par exemple). Les organisateurs semblent avoir perdu de leur flair. Ils ont des états d’âme (pour reprendre le leitmotiv de cette édition). Moins d’action, mais plus de réflexion, moins de gore, mais plus de violence psychologique. A l’image du palmarès couronnant un Trouble auteurisant, la sélection s’est débarrassée courtoisement, à quelques exceptions près, du cinéma de genre pour se diriger vers un cinéma d’auteur à la limite de l’art et d’essai (Calvaire ou Trauma). Le divertissement horrifique qui faisait le bonheur collectif a cédé la place à des peurs plus personnelles, qui ont un peu laissé les spectateurs de marbre. Froid dans les rues de la station de ski (-17° la nuit, - 6° en journée), et froid dans le dos, à une moindre dose tout de même. Survient alors la bombe Saw, une série B indépendante furieuse, d’une efficacité exemplaire qui fait naître un consensus magique. On tient alors notre Grand Prix. Euh, pas celui du jury je vous le rappelle. Quel dommage ! Gérardmer est passé à côté du bijou qui aurait donné à cette manifestation essentielle dans le paysage cinématographique français la crédibilité qu’elle semble avoir perdue depuis quelques années. On notera cependant l’hommage mérité à Roger Corman, le pape de la série B américaine. Un roi du bis d’un autre âge qui a su partager sa passion pour le cinéma populaire sur plus de quatre décennies. Une présence providentielle pour Fantastic’arts. En attendant la cuvée 2006 qui sera, on l’espère à la hauteur des années passées. Longue vie à Gérardmer.
Les films de la sélection :
Abnormal beauty, d’Oxide Pang (Hong Kong, 2004). Avec Race Wong et Rosanne Wong.
Le cinéma fashion véritable chantre du creux et de l’esthétique artificielle ! Un vague remake hongkongais de Tesis par l’un des deux réalisateurs de The eye. L’un des films les moins appréciés des spectateurs. On peut comprendre pourquoi.
Bunshinsaba, d’Ahn Byung-Ki (Corée du Sud, 2004). Avec Kim Kiu-Ri et Lee Yun-Jo.
Film de fantômes à cheveux longs. Ceux qui l’ont vu ont regretté de s’être déplacés et le considèrent comme l’une des purges du festival.
Calvaire, de Fabrice Du Welz (Belgique, 2004). Avec Laurent Lucas, Jackie Berroyer et Philippe Nahon.
Treize ans après C’est arrivé près de chez vous, le cinéma belge pète de nouveau un câble. Une expérience cinématographique brillante dans la lignée du cinéma de Gaspar Noé. Une vraie réussite artistique qui s’est mis dans la poche le jury, les critiques et le public présent. Lire notre critique.
Hypnos, de David Carreras. (Espagne, 2004) Avec Cristina Brondo et Demian Bichir.
Les amateurs de cinéma fantastique espagnol sont ressortis déçus. L’un des films mineurs de ce festival. Il est passé complètement inaperçu.
One missed call, de Takashi Miike (Japon, 2003). Avec Kou Shibasaki et Shinichi Tsutsumi.
Le réalisateur déjanté d’ Audition revient assagi avec un film visiblement de commande bénéficiant d’un budget conséquent. Son excellente scène finale de vingt minutes, tout à fait effrayant,e ne parvient pas à nous faire oublier le caractère soporifique de ce succédané de Ring où il est encore question de coups de téléphones mortels.
La peau blanche, (Canada, 2004) de Daniel Roby. Avec Marc Paquet et Marianne Farley.
Cette production canadienne a séduit une partie des festivaliers mais pas le jury. Son absence du palmarès en a surpris plus d’un.
Saw, (USA, 2004) de James Wan. Avec Cary Elwes, Leigh Whannell et Danny Glover.
Le silence des agneaux en 1991, Seven en 1995, Saw en 2005. L’histoire cinématographique continue ! Le thriller horrifique de l’année pour sûr et de très loin le meilleur film du festival. Jubilatoire pour tous ceux qui ont l’estomac bien accroché. Lire notre critique.
Trauma, (Royaume-Uni - 2004) de Marc Evans. Avec Colin Firth et Mena Suvari.
Le réalisateur de My little eye en a déconcerté plus d’un avec le rythme lent et le scénario nébuleux de son dernier opus. Beaucoup lui ont attribué le prix fictif de la prise de tête. A vérifier.
Trouble, (France, 2004) de Harry Cleven. Avec Benoît Magimel, Natacha Régnier et Olivier Gourmet.
Les avis sont partagés à la rédaction, mais le Grand Prix qui lui a été attribué est pour nous tous une surprise plutôt désagréable. Une belle photo et de beaux plans, certes, mais le film pâtit d’un manque de rythme et d’un scénario lourdingue. Lire notre critique.
En avant-première
Capitaine Sky et le monde de demain, (USA, 2004) de Kerry Conran. Avec Gwyneth Paltrow, Jude Law et Angelina Jolie.
Cet échec cuisant au box-office américain n’a pas fait grande impression auprès des festivaliers. Lire notre critique.
The eye 2 (Hong Kong, 2004) d’Oxide et Danny Pang. Avec Shu Qi et Eugenia Yuan.
La suite d’un des films fantastiques les plus surestimés de ces dernières années.
Les séances spéciales
Arahan, (Corée du Sud, 2004) de Ryoo Seung-wan. Avec Ryoo Seung-bum et Yun Soy.
Un film d’action bouffon où burlesque rime souvent avec série Z. Drôle, efficace, mais confus. Aussitôt vu, aussitôt oublié.
Bubba ho-tep, (USA, 2003) de Don Cosacarelli. Avec Bruce Campbell et Ossie Davis.
Une réussite incontestable par l’auteur de Phantasm et de ses suites. Son scénario et son atmosphère singulière ont trouvé un écho favorable auprès de beaucoup de monde. Le film devrait enfin sortir en France cet été.
Camara oscura, (Espagne, 2004) de Pau Freixas. Avec Silke, Unax Ilgade et Adria Collado.
Une chasse à l’homme sur un cargo. Rien à sauver dans cette série B bon marché dont l’action répétitive vient à bout de notre patience bien rapidement. A fuir.
Hair high, (USA, 2004) de Bill Plympton.
Un Plympton mineur mais parfaitement recommandable. Une version délirante et animée de Carrie. L’humour en plus.
Koma, (Chine, 2004) de Lo Chi-leung. Avec Angelica Lee, Karena Lam et Andy Hui.
Un thriller bancal qui commence honnêtement pour finir dans le grotesque. Entre son casting de pacotille et ses invraisemblances risibles, il vaut mieux passer son chemin.
Save the green planet, (Corée du Sud, 2004) de Jang Jun-hwan. Avec Shin Ha-kyun, Bael Yun-sik.
Un mélange des genres aussi corrosif que déconcertant. Le cinéaste alterne humour Z et séquences nihilistes et passe ainsi à côté du grand film qu’il aurait pu réalisé. Dommage, mais le film vaut quand même le détour.
Le fil de la vie, (Danemark, 2004) de Anders Ronnow Klarlund.
Le réalisateur du thriller maléfique Possessed de retour avec un film d’animation où les héros sont des marionnettes. Sortie française en février. Lire notre critique.
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