Petits meurtres entre inconnus
Le 13 mai 2008
Un premier film dérangeant et romantique, drôle et excitant, qui ne cherche pas à plaire et court-circuite les conventions du survival. Un chef-d’œuvre.
- Réalisateur : Fabrice Du Welz
- Acteurs : Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Brigitte Lahaie
- Genre : Thriller, Survival
- Nationalité : Français, Belge, Luxembourgeois
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h30mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 16 mars 2005
Résumé : Marc Stevens est chanteur itinérant. Après s’être produit dans un hospice, l’artiste reprend la route mais tombe en panne dans un endroit désert. Il se rend dans une auberge tenue par Monsieur Bartel, un homme psychologiquement fragile. Début du calvaire ? Oui.
Notre avis : Lauréat du Prix très spécial en 2004, Calvaire, premier long métrage de Fabrice Du Welz, démarre sur le mode de la comédie cinglante avec son cortège de petits vieux fascinés par les chansons tannantes du jeune Marc Stevens (Laurent Lucas, impeccable en double rajeuni de Frank Michael et autres Marc Aryan). Puis, le chanteur reprend la route, finit par se paumer chez un aubergiste étrange (Jackie Berroyer, excellent) et tombe dans un no man’s land où les croque-mitaines ont des figures humaines.
Disons-le clairement : Calvaire est un film d’horreur comme on en fait peu et pas assez : épouvantable, ténébreux, angoissant, rigolo et pervers. Qui instille l’angoisse dans nos cerveaux captifs et dérange nos yeux de spectateurs blasés. Qui donne à voir des choses ignobles. Le récit - imprévisible et bizarre au-delà de ce qu’on peut imaginer - bifurque progressivement vers le fantastique et repose sur une gradation oppressante de la banalité à l’horreur. Le calvaire du titre n’est pas mensonger : c’est un film monstrueux et irrésistible qui possède tant de substance, de passages hilarants et de performances inédites qu’il fonctionne à répétition et révèle à chaque vision des surprises qui font froid dans le dos.
Au milieu de ce massacre à la tronçonneuse, Marc Stevens assiste stoïque à l’effondrement de son propre monde et de sa propre personnalité. Les références au cinéma bis (Jean Rollin, Brigitte Lahaie, Jess Franco) et au cinéma tout court (Polanski période Le locataire, Alfred Hitchcock, John Boorman, Tobe Hooper) jalonnent cette descente aux enfers viscérale et traumatisante qui sonde la perte de l’humanité et le retour à la bestialité. Le style visuel évoque Gaspar Noé avec lequel Du Welz partage le même chef-opérateur (Benoît Debbie, également sur le superbe Innocence, de Lucile Hadzihalilovic) : Calvaire aurait pu souffrir de la comparaison avec un Irréversible (qui effectue le chemin inverse - il part de l’horreur pour ramener de l’humanité, via un montage alinéaire pour détruire le temps qui détruit tout) si Fabrice Du Welz n’était pas doté d’une sensibilité aiguë et d’une maîtrise technique hors pair. Le jeune réalisateur belge retors et doué suscite la sympathie, provoque le rire, pointe les failles de ses personnages avant de choquer ou de retourner les tripes. Sous les effluves gores, sous la poisseuse atmosphère, se cache un film grotesquement sublime et profondément romantique où l’incapacité d’exprimer son mal-être prend la forme d’une parabole sur l’abandon et la solitude. Là où se croisent la cristallisation des désirs et les histoires d’amours manquées.
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marcel 19 mars 2005
Calvaire - Fabrice du Welz
En premier lieu il faut etre dans un état d’esprit particulier pour voir ce film.On assiste a une histoire tiré par les cheveux.On se demande clairement au bout de dix minutes où veut en venir Fabrice Du Welz et pourquoi on est venu voir ce film.Franchement on souris quelques fois mais c’est loin d’etre hilarant. Le réalisateur a utilisé, à mon avis, des moyens un peu trop simples pour nous mettre mal à l’aise : zoophilie, folie, viol entre hommes, cri de truie pour couronner le tout, chaque spectateur est à la limite de déglutir son repas.La caméra bouge, le son est inaudible, c’est à la limite du suportable. Il a voulu qu’on parle de son film, il a du tellement craindre de passer inaperçu qu’il a du metrre quelques scènes choquantes et inhabituelles, forcément c’est réussi. J’ai assisté à l’avant première:Fabrice Du Welz et Jackie Berroyer après la projection prennent un malin plaisir d’artiste plein de dédain à ne pas répondre aux attentes légitimes de leurs public, qui paie, se déplace, essaye de comprendre la démarche artistique. Le réalisateur ne parle pas du film et Berroyer rabaisse les quelques personnes qui n’ont pas aimé le film et qui osent poser des questions, du style vous avez pas aimé le film c’est que vous avez pas compris et vous êtes des "bofs" !! Bref on se demande pourquoi autant de tapage pour un petit film qui n’atteindra jamais le niveau d’Orange mécanique de Stanley Kubrick.On se demande vraiment pourquoi a t il fait ce film, si ce n’est pour prendre du plaisir à sentir son public mal à l’aise et dégouté pendant 1h30 ????????????????????????????
Jeds 4 avril 2005
Calvaire - Fabrice du Welz
Il s’agit d’un film Franco Belge -Luxembourgeois. J’avoue qu’au début, ça m’a fait un peu peur, mais bon, j’y suis allé sans rien connaître de l’histoire. Ce film est tout simplement dans la veine de Massacre à la Tronçonneuse !! Je pense que le réalisateur + le scénariste se sont inspiré de ce film d’ailleurs !! Mais sans jamais sombrer dans la copie indigeste !!! D’ailleurs, y’a même pas de tronçonneuse dedans Laughing .
Scénario : Le scénario est tout simplement génial ! Le film commence comme un banal film humoristique qui laisse entendre qu’on va bien s’ennuyer pendant une heure et demie. On suit donc le personnage principal (un chanteur) qui, après une représentation tombe en panne dans une forêt. A ce moment là, tout va changer. Je vais pas en dire plus pour ne rien gâcher du spectacle de l’histoire. mais rassurrez vous, le scénario tient parfaitement la route !!
Réalisation : la réalisation est assez particulière. Par moment, on ressent une espèce d’atmosphère documentaire puis de film des années 70’. Et ça fait du bien, je vous assure !! Bien entendu (et tout comme pour Saw d’ailleurs) on est dans une réalisation assez particulière qui ne collerait pas avec n’importe quel film, mais dans celui là, c’est tout simplement envoutant !! On est envouté du début à la fin ! Et je parle même pas du générique qui est horriblement jouissif Twisted Evil Je ne pourrait comparer la réalisation et l’ambiance qu’à Massacre à la Tronçonneuse de Tob Hooper (si ma mémoire est bonne). La scène dans le bar, avec une certaine danse est presque culte à mes yeux !
Persos/Acteurs : Et bien les acteurs sont vraiment bien choisi !! Je dis bravo au casting !! Il ne fallait pas de star dans ce genre de film et c’est ce qui le rend encore plus proche de la réalité et donc plus effrayant !! Les acteurs sont vraiment excellent et flippant !! Mention spéciale au géant (vous le reconnaitrez si vous voyez le film) qui a une tête à faire flipper le plus dur des dur et je parle même pas de sa carrure !! L’acteur principal (celui qui va vivre un petit calvaire^^) n’est pas en reste, plus le film passe et plus on le comprend et on partage sa douleur..
Bref, pour conclure, je dirais que Calvaire est un film à ne pas mettre entre toutes les mains ! Il n’est pas particulièrement visuellement gore, mais je dirai plutôt qu’il s’agit d’un film psychologiquement gore !! D’où cet aspect choquant et d’où l’interdiction au moins de 16 ans !! En tout cas, si vous voulez vous prendre une claque, allez-y, vous l’aurrez votre choc !!!
fouinette 4 novembre 2005
Calvaire - Fabrice du Welz
Personnellement j’ai detesté ce film. Il m’en faut beaucoup d’ordinaire pour me faire sortir d’une salle de cinéma en plein milieu d’un film. Mais là je n’ai pas pu... Trop de violence gratuite, trop d’images insoutenables.
Ilsa 16 janvier 2006
Calvaire - Fabrice du Welz
J’ai beaucoup d’admiration pour la critique de Romain qui me fait voir le film d’une façon différente. Je ne l’avais pas vu avant de visionner le film qui m’a... franchement rebuté. Après lecture de cette critique, je pense que je vais le revoir et peut-pêtre le comprendre ?
Je ne sais pas quelle note mettre parce que je crois que je suis passée à côté, trop choquée par les images tordues et violentes. Je le revois et je reviens ;o)
etienne2056 21 novembre 2006
Calvaire - Fabrice du Welz
Un film qui surprend. Il est franco-belge, réalisé par un inconnu (première réalisation), et a tout pour être un film original. J’ai cru au départ à un Haute Tension sans le coup de théâtre mais pas du tout. C’est plus recherché, plus engagé. Nous ne retrouvons pas les erreurs que Alexandre Aja avait fait dans Haute Tension, mais nous retrouvons Philippe Nahon (qui n’apparaît pas suffisamment à l’écran). La grande surprise est dans la réalisation et les angles de vue qu’utilise Fabrice Du Welz : ça faisait longtemps qu’on avait pas vu des plans aussi originaux (comme la scène, au dernier quart d’heure, prise de haut). Ca rappelle le style de Gaspar Noé et ça fait plaisir. D’ailleurs, le directeur de la photographie de Irréversible est au rendez-vous. Cependant, même si la réalisation est bonne, le scénario chute et, même si l’engagement du réalisateur est fort, il ne suffit pas pour accrocher le spectateur, perdu dans son dernier quart d’heure. S’il fallait noter la surprise de ce film français, la note serait probablement maximale.
birulune 30 mars 2018
Calvaire - Fabrice du Welz
J’adore cette critique. La crème de la crème !