Trois petits chats, chapeaux de paille
Le 15 mars 2016
Les disparues de Hanging Rock par une réalisatrice hors du commun. Exquis cauchemar.
- Réalisateur : Lucile Hadzihalilovic
- Acteurs : Marion Cotillard, Hélène de Fougerolles
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h55mn
- Date de sortie : 12 janvier 2005
Les disparues de Hanging Rock par une réalisatrice hors du commun. Exquis cauchemar.
L’argument : Dans un mystérieux établissement où on enseigne la danse et les sciences naturelles, trois fillettes vont découvrir les étranges lois qui régissent cette école.
Notre avis : Portes entrouvertes, souterrains lugubres, inquiétante étrangeté, malaise diffus. Le prologue, silencieux, instille d’emblée une atmosphère inquiétante et malsaine. Déjà réalisatrice d’un moyen métrage sulfureux (La bouche de Jean-Pierre), Lucile Hadzihalilovic retranscrit une angoisse qui naît du quotidien à l’aide d’images fortes, en baissant ou en augmentant le son, en filmant des visages inquiets et blafards, en laissant pénétrer l’air du désir dans un lieu oppressant où toutes les vérités sont bonnes à être cachées.
Cette plongée dans les mystères de la vie et de la découverte de soi-même est impressionnante, elliptique, allégorique. Toutes les jeunes filles arrivent dans cet étrange établissement dans un cercueil (comme si elles avaient passé un cycle) et doivent se conformer à un système hiérarchique où la plus âgée est celle à qui on doit le respect. La différence est visible grâce aux rubans qu’elles portent dans les cheveux et dont la couleur détermine le degré de responsabilité. La mise en scène est au diapason d’un récit qui oscille entre la surface et la profondeur comme pour refléter l’ambivalence mentale de demoiselles qui jouent à des jeux d’enfants et possèdent l’irrésistible envie de gratter le vernis des apparences pour découvrir la vérité nue. Ici, il n’est question que d’innocence, ou plutôt de la perte de l’innocence : rivalité balbutiante, concurrence rude, prise de conscience de sa propre violence, découverte de la sexualité et de pulsions enfouies, transgression des interdits, apparition des premiers fantasmes, métamorphose des corps.
Ses relents de conte morbide où le sexe et la mort semblent intrinsèquement liés consument le récit comme dans le long final trouble d’A ma sœur de Catherine Breillat mais Innocence vaut mieux : avec son aversion pour les lieux communs (schéma narratif déglingué) et sa saine attirance pour les gialli de Dario Argento (on pense beaucoup à Suspiria), Lucile Hadzihalilovic a signé le Pique-nique à Hanging Rock français où là aussi de mystérieuses disparues possèdent la beauté miraculeuse des anges de Botticelli. Un film d’un autre temps, quelque part entre le cauchemar familier et le songe lointain.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Seize petites minutes de bonus avec la présentation du film par la réalisatrice (aussi mystérieuse que son film) et une intervention de la petite Zoé Auclair, qui revient à l’occasion d’un commentaire de photos, sur cette expérience cinématographique. Simple et intéressant.
Image & son : Très belle définition pour cet univers onirique bénéficiant d’une confortable fluidité dans les jeux de lumière. Rien à signaler autour du son proposé ici en Dolby Stéréo et Dolby Digital 5.1. C’est dynamique, mâtiné d’une douceur due au mixage bien agréable.
Galerie photos
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tromatoxic 19 janvier 2005
Innocence - la critique du film
Je viens de voir ce film que j’ai adoré !
A sa vision, on pense à pas mal d’autres films comme "madolescenza"ou "la compagnie des loups" qui traitent du même sujet de l’éveil à la sexualité et du passage fantasmagorique de l’enfance à l’adolescence, mais "Innocence" garde un style et une atmosphère qui lui restent propres.
On pense aussi beaucoup au film de Chabrol "Alice ou la dernière fugue".
Ce qu’il y a de plus fascinant dans le film c’est sa manière de nous renvoyer à notre propre perversité. En effet, la mise en scène prodigieuse ballade le spectateur de bout en bout pour l’amener sans cesse à attendre l’indiscible, alors qu’au final le titre du film est scrupuleusement respecté : le film ne parle que d’innocence et ne parlera que d’innocence jusqu’à la dernière minute.
Une subtile manipulation que seule une mise en scène experte pouvait produire !
Bad13 20 août 2018
Innocence - la critique du film
Le film le plus mauvais que j’aie vu depuis longtemps : scénario absent, images longues et ennuyeuses, intrigue (ce qui soutient l’attention d’un éventuel spectateur…) sans aucune tension. Manifstement, la réalisatrice confond angoisse et ennui. Pourquoi un cercueil ? Pourquoi ces filles ont-elles été enlevées à leurs familles ? S’agit-il d’un institut qui œuvre au profit de pédophiles (hypothèse la plus probable) ? Eh bien, on n’en saura jamais rien… La fin est tellement ridicule que c’est à pleurer, puisqu’elle revient à dire que ces rapts n’ont aucun but, ce qui laisse pantois… Et c’est d’une longueur… Si le 2e film tiré de la même histoire est de la même eau, ça promet… Je suppose que c’est tiré d’une nouvelle sans succès de 4 ou 5 pages au plus… Bref, une pure "vignette" comme on dit outre-Atlantique, sans histoire… Et, du coup, non seulement c’est mauvais, mais ça en devient prétentieux à l’extrême, du style « C’est de l’Art, il n’y a donc rien à comprendre, et surtout, rien à expliquer…