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Le 12 janvier 2005
Questions-éclairs pour sa réalisatrice, Lucile Hadzihalilovic, coupable d’Innocence, un exquis cauchemar.

- Réalisateur : Lucile Hadzihalilovic

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Innocence subjugue par ses qualités plastiques, intrigue par son mystère envoûtant, électrise par sa puissance viscérale. Questions-éclairs pour sa réalisatrice, Lucile Hadzihalilovic, coupable de cet exquis cauchemar.
Quel est votre parcours ?
J’ai réalisé un moyen métrage qui s’appelle La bouche de Jean-Pierre et entre-temps, j’ai juste fait un film de cinq minutes Good boys use condoms. C’était assez drôle parce que c’était une commande du ministère de la santé pour promouvoir l’usage du préservatif. Ils avaient demandé à cinq réalisateurs de faire des courts métrages pornos. J’étais dans le lot. Ce qui était assez intéressant, c’est qu’on avait carte blanche pour utiliser la forme qu’on voulait. Cela devait être pornographique dans le sens où on devait vraiment voir la pose du préservatif et en même temps ce qui n’était pas porno, c’était toute la grammaire. On n’était pas obligé de faire un porno au niveau de l’aspect. Sinon, j’ai fait du montage et travaillé sur les films de Gaspar Noé : Carne et Seul contre tous.
Comment est né le film ?
D’une nouvelle d’un auteur allemand qui s’appelle Frank Wedekind (Mine-Haha, de l’éducation corporelle des jeunes filles). C’est un auteur de théâtre symboliste qui a écrit La boîte de Pandore et L’éveil du printemps.
Comment s’est opéré le choix des actrices ?
Je ne voulais pas du tout des enfants qui avaient déjà joué parce que j’avais peur qu’elles ne soient pas assez naturelles. Les enfants apprennent très vite les règles. En revanche, j’ai choisi des petites filles qui avaient fait un peu de danse. On a été dans les cours de danse chercher des enfants et après on leur faisait faire des petits ateliers pour voir si elles apprenaient vite, comment elles se débrouillaient, et puis je parlais un peu avec elles. On faisait une espèce d’interview de chacune et à partir de là, on a fait des choix à partir de groupes. C’était parfois difficile parce qu’il y en avait deux ou trois du même âge qui étaient plus que très bien mais je devais n’en prendre qu’une pour les têtes de la maison. J’ai trouvé très vite celle qui fait Bianca mais on a mis plus de temps pour trouver Iris. C’était un peu intuitif. On n’a pas fait des tas d’essais parce que c’est tellement différent lors d’un tournage, surtout pour des enfants.
Votre prochain film ?
Un film fantastique.
Propos recueillis à Paris en décembre 2004