Le 1er février 2006
- Festival : Gérardmer 2006
Fantastic’Arts, 13e édition. Du sang, des fantômes et quelques frissons étaient au menu de l’événement le plus surnaturel de cette fin de janvier. Compte-rendu.
Fantastic’Arts, 13e édition. Du sang, des fantômes et quelques frissons étaient au menu de l’événement le plus surnaturel de cette fin de janvier. En voici le compte-rendu.
Gérardmer, c’est fini. La douceur a regagné la station vosgienne et les stars (euh, les quoi ?) s’en sont retournées aussi. Le festival du film fantastique, toujours aussi attachant dans son esprit bon enfant, a encore gagné en affluence, même si les médias (en particulier les mensuels et autres grandes chaînes de télé) l’ignorent, lui faisant perdre toute légitimité auprès des people et des Français en général. Pas évident alors de concocter un jury quand les personnalités déclinent les invitations les unes après les autres. Pas évident également de trouver des subventions pour alimenter les caisses de l’une des rares manifestations de ce genre sur notre territoire.
On se souvient du cru tout à fait médiocre de l’année 2005, avec son grand prix abracadabrant et douteux ; le très décrié Trouble l’avait emporté sur le chouchou de tous, Saw, remettant en question la crédibilité d’un jury d’ignorants. En 2006, pour fêter le treizième anniversaire de l’événement, le festival s’est doté d’un jury de treize membres, ambitieux dans le nombre, mais toujours aussi peu pertinent dans sa composition (Antoine Duléry, Claire Keim, Gabrielle Lazure, Tom Novembre...). Heureusement, Hideo Nakata, le grand maître de l’épouvante japonais, réalisateur des fameux Ring et Dark water (grand prix de Gérardmer en 2003) les présidait, confirmant que Fantastic’Arts, c’est avant tout un festival de passionnés. Parmi les autres spécialistes qui sont venus fouler le sol vosgien, on notera la présence de Jaume Balaguero, Eli Roth, Billy O’Brien et Dave Payne. Du joli monde.
Cette année, la sélection à Gérardmer a été des plus alléchante. Fort de succès réguliers au box-office national (Saw et sa suite, The descent, Land of the dead...), le cinéma d’horreur est devenu une valeur sûre aux yeux des distributeurs qui ont décidé de multiplier les sorties de films d’épouvante dans les mois à venir. Et devinez quoi, le gros de l’actualité horrifique du premier semestre avait été sélectionné. Fini le temps des projections de nanars qui disparaissaient aussitôt après avoir été diffusés chez Gérard, cette année le festival s’est indéniablement tourné vers le cinéma. Et c’est tant mieux, même si le sentiment général sur la qualité du programme s’est avéré mitigé. Un cas par cas s’impose.
Les films en compétition
Allegro de Chritoffer Boe
La deuxième œuvre du cinéaste danois de Reconstruction a fait bâiller plus d’un spectateur. Entre Lynch et Tarkovsky, cette visite dans la Zone, un quartier fermé de la ville de Copenhague, diffusée le jour de la clôture, a rencontré une certaine hostilité. Perdu au milieu d’un flot de productions populaires horrifiques, ce long métrage en a déconcerté plus d’un, en étant par trop contemplatif, lent et incompréhensible. Un film d’auteur ambitieux, mais raté.
The red shoes de Kim Yong-gyun
Une énième histoire de fantôme asiatique en provenance de Corée du Sud dans laquelle les souliers rouges remplacent la VHS hantée de Ring. Long, répétitif, et poussif, cette œuvre mineure a beau multiplier les effets gratuits pour effrayer, elle ne génère que l’ennui.
Nouvelle cuisine de Fruit Chan
L’un des oublié du palmarès. Une œuvre forte et cruelle portée par la performance de l’envoûtante Bai Ling. Difficile de manger des raviolis chinois après un tel mets !
Fragile de Jaume Balaguero
Le réalisateur de La secte sans nom et de Darkness revient pour la troisième fois dans les Vosges avec une histoire de fantôme qui se situe à mi-chemin entre Dark water et Les autres. Un film d’une grande beauté et d’une grande sensibilité qui a probablement offert aux festivaliers les frissons les plus intenses. Interprété par Calista Flockhart (oui, oui, vous avez bien lu, l’actrice d’Ally McBeal), Fragile a obtenu pas moins de quatre prix, dont celui du jury et du jury jeune.
Hostel d’Eli Roth
L’événement médiatique du festival. On a beaucoup parlé de cette production Quentin Tarentino en raison de ses nombreuses scènes de sadisme et de violence graphique. Sa réputation était un peu surfaite, mais le deuxième long métrage du réalisateur de Cabin fever s’avère être un efficace pop corn movie. Un divertissement un peu bébête, complètement immature, mais jusqu’au-boutiste.
Isolation de Billy O’Brien
Un premier film irlandais d’une grande rigueur qui plonge sa caméra dans la fange et le premier degré. En abordant le thème des expériences génétiques, O’Brien a réalisé un survival imparable doublé d’un film de monstre assez couillu. Un grand prix tout à fait légitime.
Reeker de Dave Payne
Un hommage aux B movies d’antan, qui se complaît dans un second degré maladroit. Cette production indépendante réalisée par un ancien collaborateur de Roger Corman nous plonge dans un désert hostile où la mort rôde. Certes, c’est assez drôle par moments, mais l’ensemble souffre d’un scénario brouillon et peu inventif nourri aux caricatures. Et le twist final, aïe, aïe, aïe.
Wolf creek de Greg McLean
Un très grand survival qui prend son temps pour imposer son ambiance et ses personnages (pas moins d’une heure) mais qui parvient à retourner ses spectateurs comme des crêpes lors d’une dernière demi-heure éprouvante. Injustement absent du palmarès, cette série B australienne vaut le détour.
Zhaibian, the Heirloom de Leste Chen
Encore une histoire de fantôme, cette fois-ci en provenance de Taïwan. Rien de bien intéréssant à se mettre sous la dent, la banalité du script et le manque de rythme ont condamné cette œuvrette aux oubliettes du festival. On en retiendra néanmoins sa jolie bande originale, très occidentale, qui nous rappelle les meilleurs thèmes du cinéma de genre.
Egalement au programme du festival
Underworld : evolution de Len Wiseman
Ouverture du festival
Aucun grand enjeu narratif dans cette suite éreintante et ratée du célèbre blockbuster qui déjà au départ ne volait pas forcément bien haut. Kate Beckinsale roule toujours autant du popotin dans sa combinaison de cuir, faute de proposer un jeu d’actrice convaincant, et les transformations de loups garous sont extrêmement bien réalisées. C’est bien peu pour une production qui a eu le toupet de scruter le sommet du box-office américain à sa sortie.
Happy tree friends de Kenn Navarro et Rhode Montijo
Clôture
Une anthologie d’animation constituée d’épisodes de la célèbre série culte. Délicieusement gore, gentiment régressif, cette délicieuse kitscherie a animé les projections de Gérardmer, puisqu’un segment précédait chaque film projeté. Le long métrage, qui comprend selon les dires des courts inédits en France, a clôturé le festival. Il sortira en salles courant avril. La patience est de mise.
Boogeyman de Stephen T. Kay
Hors compéttion
Sorti aux USA il y a exactement un an, cette production Sam Raimi (Evil dead, Spider-man) ne sortira en France qu’en juin prochain. Une sortie miraculeuse pour un film dont la réputation de somnifère n’a fait qu’enfler à Gérardmer.
Final fantasy VII advent children de Tetsuya Nomura
Hors compétition
Une nouvelle adaptation du jeu vidéo réalisée exclusivement pour les aficionados de science-fiction nippone et du mythique jeu vidéo. On a beaucoup dit que son animation confinait au génie, mais que son histoire n’était pas forcément bien à la hauteur. A vous de voir.
Sheitan de Kim Chapiron
Hors compétition
En pleine promo du film, Chapiron et tous ses potes, Vincent Cassel le premier, sont venus mettre le feu au festival. Beaucoup sont restés de marbre face à ce déballage de gags de très mauvais goût, d’autres ont pardonné au cinéaste son immaturité artistique pour ne retenir que la bonne poilade qui a accompagné la projection.
Nanny McPhee de Kirk Jones
Séance enfants
On en a déjà dit beaucoup de bien sur le site. Cette comédie britannique, sensible et hilarante, a cartonné depuis aux USA. L’accueil chez Gérard a été tout aussi chaleureux. Attendons maintenant sa sortie française...
Fog de Rupert Wainwright
Hors compétition
Le pire long métrage sélectionné cette année. Un ratage lamentable que l’on peut imputer à son seul réalisateur, déjà coupable de l’horripilant Stigmata (1999). Laid dans ses intentions suresthétisantes, inepte, affreusement interprété (les acteurs ressemblent à Ken et Barbie !), ce remake est une insulte à son model signé Carpenter, qui avec rien était parvenu à créer une ambiance angoissante inoubliable.
The saddest music in the world de Guy Maddin
Hors compétition
Maddin, le Canadien esthète, a ses fans. Ils lui ont fait un triomphe en considérant son dernier opus comme l’un des meilleurs de sa bien singulière filmographie.
Schizophrenia de Gerald Kargl
Séance culte
Le seul film du réalisateur autrichien. Une œuvre culte et fascinante qui nous plonge dans l’esprit d’un tueur psychopathe. Introuvable depuis longtemps (il date de 1983), ce long métrage devrait sortir en DVD chez Studiocanal dans le courant de l’année. Une très grande nouvelle !
Galerie Photos
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