Dark king of kings . T.1 - La chronique BD

La dark fantasy représente un univers où, comme son nom l’indique, tout penche dangereusement du mauvais côté. En imaginant un royaume proche de la Russie féodale, entre Pologne revisitée et Transylvanie de Stoker, Aramaki propose dans son prologue du sang et de la violence, qui ne sera qu’épisodique ensuite. Ces éclatements de vampirisme dissimulé, viol voilé ou démembrements effectifs ne doivent pas masquer la vraie originalité, et réelle qualité, de Dark king of kings : sa capacité d’être un jeu de stratégie narrativisé. Il s’agit en effet très vite pour le héros de se confronter à des choix de tactique et de morale, pour combattre son ennemi. Attaquer de nuit, choisir un point de rendez-vous, établir des postes avancés, on sent que la fibre RPG croisé avec la stratégie a influencé l’auteur, un développement que l’on a pu apercevoir dans une série comme Servitude en BD, ou Trône de Fer pour les romans. Finalement, l’atmosphère n’est pas si horrible qu’annoncée par la couverture, mais ce premier tome peut laisser envisager des suites plus denses, et une violence moins contenue.

© Delcourt

Pour ce qui est de la forme, certaines pages semblent en effet contenir cette violence. Les corps ne sont pas nus mais suggérés, meurtris mais jamais outranciers, et les quelques morts, malgré une tête ou un bras coupé, ne sont jamais insoutenables, à la différence de nombreux mangas d’horreur. Le style est même plutôt didactique, avec une nette envie de bien rendre un décor du paysage du Moyen-Âge européen. Ici pas d’armures rutilantes, mais bien des capes et des cuirs adaptés à des raids nocturnes. Bref, un bel effort d’immersion, et rien d’écœurant qui donnerait envie de remonter trop vite à la surface.

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Entrée en matière prenante mais pas étouffante parce qu’elle suggérait, ce premier tome annonce une série qui pourrait bien s’étirer, avec un charme tout à fait maléfique.