Bushés doubles
Le 8 juillet 2005
Un disque beau et tendu qui donne une vision de l’Amérique profonde vue de l’intérieur.
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Depuis quatre albums maintenant, Will Sheff et Jonathan Meiburg optimisent leur folk rock crépusculaire. Tantôt particulièrement léchée, tantôt plus débridée comme sur ce disque, la musique du groupe d’Austin s’inscrit dans la mouvance d’artistes comme Smog ou Sparklehorse, une bonne dose d’adrénaline en plus.
Les initiés le savent sans doute : Meiburg et Sheff sont également aux commandes de Shearwater, groupe signé chez Fargo et auteur du très beau Winged life l’an dernier (et dont un nouveau cinq titres délicat, Thieves, vient de paraître). Un disque sombre et soyeux, délicat et taillé dans la roche. Et pour Okkervil River, les deux songwriters cultivent pareillement l’art du délicieux paradoxe. Réputés pour leurs compositions lentes et sombres, ils savent également tendre leur jeu de guitare et accélérer le rythme. Sur ce quatrième album, qui prend pour personnage central un simple d’esprit, bouc émissaire d’une communauté, confronté aux appels de la violence, Sheff et Meiburg ajoutent à leur folk déjà superbe une dose de tension rock particulièrement cinglante.
Car, chose surprenante pour qui connaît le groupe (qui compte aujourd’hui cinq membres), quasiment un morceau sur deux est construit autour d’une rythmique résolument urgente, plaçant Okkervil River sur la voie d’un rock indépendant brut, plus proche de Pavement que des symphonies folk de Lambchop, par exemple. Après l’ouverture (empruntée à Tim Hardin) qui donne son titre à l’album, c’est le grave single For real qui donne le ton du disque : une réflexion sur la violence et l’injustice du monde actuel vue de l’intérieur (en l’occurrence depuis le Texas), ou comment la politique de Bush affecte l’Amérique profonde dans son quotidien...
Et alors qu’on se demande si le Black sheep boy en question n’est pas Bush lui-même, Okkervil River déroule d’autres réussites magnifiques comme Black ou The latest toughs, qui eux aussi réussissent à illustrer parfaitement leurs propos grâce à un rock enlevé. Sans oublier les superbes ballades parfaitement orchestrées (A king and a queen, So come back, I am waiting), qui restent la marque de fabrique d’un duo de songwriters passionnant et en totale prise avec l’Amérique actuelle.
Black sheep boy, Okkervil River (Jagjaguar/Chronowax)
Tracklisting :
1 Black sheep boy
2 For real
3 In a radio song
4 Black
5 Get big
6 A king and a queen
7 A stone
8 The latest toughs
9 Song of our so-called friend
10 So come back, I am waiting
11 A glow
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