Anges du sommeil
Le 4 mars 2004
Pour ses septième et huitième albums, l’un des plus singuliers groupes de pop aux Etats-Unis sort les grands moyens.


- Artiste : Lambchop

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Céleste ou maladroite, la musique des Américains de Lambchop gardait jusqu’à maintenant le même pouvoir de séduction. Avant de tourner en rond sur deux albums contemplatifs mais peu inspirés.
Plus de dix ans après leurs débuts discographiques, est advenu ce qu’on redoutait : que Lambchop se complaise dans son image de valeur sûre de la pop indé US, largement méritée après le petit bijou Nixon de 2000. Lambchop, ou peut-être plutôt son leader nashvillien Kurt Wagner. Une vraie tête à casquettes, celui-là, qui cumule celles d’auteur, de compositeur, chanteur, guitariste et producteur du groupe. Pour l’avoir vu diriger tant bien que mal la fanfare bordélique qu’est Lambchop sur scène (cuivres, vibraphones, pedal-steel, piano, clarinettes, guitares, cordes et on en passe), on savait l’homme, ancien poseur de parquets passé musicien pro depuis le succès de Nixon, à l’abri des problèmes de chevilles enflées.
Ce qui n’empêche pas les albums siamois Aw c’mon et No you c’mon de se reposer sur les lauriers d’une formule séduisante mais éprouvée : des suites d’accords déroutantes, des paroles moins chantées que murmurées et surtout un son capiteux baigné de violons empruntés à Curtis Mayfield ou aux meilleures productions Stax des années 70. Au mieux, cela donne le mystérieux Each time I bring it up it seems to bring you down et son motif entêtant : une sorte de soul onirique, cousine de celle des derniers albums des Tindersticks. Malheureusement la veine mélodique de Wagner, qui s’était lancé comme défi d’écrire une chanson par jour avant de rentrer en studio, a été mise à trop rude épreuve. Aw c’mon, gavé de tempos lents - à part quelques instrumentaux composés pour accompagner une projection Nosferatu de Murnau - et de titres interchangeables, plonge l’auditeur dans une torpeur sans remède au bout d’à peine une poignée de morceaux.
Moins monotone, No you c’mon échappe à l’ennui grâce à quelques tentatives de bossa (The gusher) ou de rock garage (Nothing adventurous please). Mais pour ces quelques infidélités aux ballades orchestrales, il y a aussi beaucoup d’anecdotique, ou pire (le calamiteux Shang a dang). Bien que toujours au-dessus du tout venant pop, Aw c’mon et No you c’mon ne risquent pas de détrôner les plus dilettantes How I quit smoking et What another man spills, certainement les meilleurs albums de Wagner et sa clique. Pour leur capacité à surprendre, au risque d’apparaître maladroits.
Lambchop - Aw C’mon & No You C’Mon (City Slang/Labels)
Tracklisting :
Aw c’mon
1 Being Tyler
2 Four pounds in two days
3 Steve McQueen
4 The long official
5 Something going on
6 Nothing but a blur from a bullet train
7 Each time I bring it up it seems to bring you down
8 Timothy B. Schmidt
9 Women help to create the kind of men they despise
10 I hate candy
11 I haven’t heard a word I said
12 Action figure
No you c’mon
1 Sunrise
2 Low ambition
3 There’s still time
4 Nothing adventurous please
5 The problem
6 Shang a dang
7 About my lighter
8 Under a dream of a lie
9 Jan. 24
10 The gusher
11 Listen
12 The producer