Le 20 janvier 2018

33 faces B et raretés, dont une moitié de reprises, par le plus méconnu en France des groupes phares de la britpop. Pratiquement pas un titre de remplissage : à défaut de se moquer d’eux-mêmes, les mégalo Gallois ne se sont jamais moqués de leurs fans.
Notre avis : Une seule chose à espérer : que cette compilation, sortie à peine un an après un best of (Forever Delayed), ne soit pas destinée à combler une longue attente avant le véritable retour des Manic Street Preachers. Ce qui ne devrait pas être le cas, puisque les Gallois rentreront bientôt en studio pour y enregistrer leur septième album.
Belle constance, visible aussi dans cette excellente sélection de morceaux qui rend compte d’une inspiration mélodique et surtout d’un panache à toute épreuve. C’est d’ailleurs l’un des principaux titres de gloire des Manics : avoir ressuscité un rock’n’roll hargneux et flamboyant dans une Angleterre alors engourdie en pleine vague baggy. Auquel il faut ajouter un sens de la provocation (au hasard dans We Her Majesty’s Prisoners : "Célébrons Buchenwald comme l’héritier de Sa Majesté") un peu perdu depuis l’âge du punk ou les jeunes années de Morrissey. Le titre même de Lipstick Traces, piqué au livre de Greil Marcus écrit en hommage à Guy Debord, témoigne de la curieuse mixture idéologique à laquelle Nicky Wire et ses compères nous ont habitués, puisqu’ils se sont également produits à Cuba avec l’assez peu libertaire Fidel Castro en invité d’honneur...
Du punky Sorrow 16 des débuts à 4 ever Delayed, face B très new wave du récent single There by the Grace of God, Lipstick Traces constitue un très honorable "best of" alternatif de l’histoire mouvementée des Manic Street Preachers, dont le ton n’a cessé d’osciller entre l’épique (l’album This Is my Truth, Tell Me Yours) et le glauque voire le morbide (The Holy Bible, écrit par un Richey James en pleine dégradation mentale, deux ans avant sa disparition). Il est même scandaleux que des merveilles comme le brutal Judge Yr’self ou la ballade Donkeys n’aient pas connu l’honneur des faces A. Léger bémol avec les covers regroupées sur le deuxième CD, qui valent surtout par l’ouverture d’esprit dont elles témoignent (de Nirvana à Boys Town Gang). Exception faite de la reprise de Burt Bacharach Raindrops Keep Falling On My Hand, interprétée avec plus de classe que par Sacha Distel, ou du Last Christmas de Wham !. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut rendre hommage au songwriting de George Michael.
Manic Street Preachers - Lipstick traces (A secret history of Manic Street Preachers) (Sony)