De rebondissements en rebondissements
Le 21 avril 2020
Que de rebondissements ! Si le roman applique les codes du thriller fantastique, la narration mécanique et les références appuyées à l’œuvre de Stephen King étouffent l’originalité du polar.
- Durée : 476 pages
- Editeur : J’ai lu
- Genre : Thriller, Roman
- Nationalité : Anglaise
- Traducteur : Thibaud Eliroff
- Titre original : The taking of Annie Thorne
- Date de sortie : 1er avril 2020
- Plus d'informations : Site de l’éditeur et achat
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Résumé : Joe Thorne est de retour à Arnhill, le village où il a grandi pour occuper un poste d’enseignant remplaçant. Il retrouve les lieux où sa sœur, disparue pendant 48h est réapparue à la maison familiale, en n’étant plus la même. Pourrait-il enfin apprendre ce qui s’est passé.
Critique : Les amateurs du genre ne seront pas perdus : le héros, mal en point, alcoolique, décide d’accepter un poste d’enseignant remplaçant dans une petite ville où il a grandi. Une fois sur place, il est hanté par les démons autour de la disparition puis la mort de sa petite sœur. Il recroise d’anciens personnels du lycée et même quelques anciens de sa bande de copains de l’époque. Il décide de s’installer dans une maison où un meurtre a eu lieu, sans doute pour mieux revivre l’ambiance qu’il a connu adolescent. De retour à Arnhill bien des années après, et si l’Histoire s’était répétée ?
Les amateurs du maître de l’horreur, Stephen King, reconnaissent ici les nombreux emprunts de l’auteure britannique : des jeunes adolescents mal dans leur peau, ceux qui parviennent à quitter la ville où ils ont grandi contre ceux qui restent, les harcèlements dans les cours de récréation, l’ancien amour de jeunesse qui s’est mariée avec le garçon populaire du lycée. Un meurtre atroce permet à Joe Thorne de revenir, lui, l’ancien adolescent réservé, aujourd’hui cabossé par la vie, cherchant à comprendre ce qui a pu se passer des années plus tôt. Bien évidemment, le hasard n’a pas de place dans le récit, tout est calculé et chaque personnage, chaque action est utile.
Malheureusement les personnages ne possèdent pas l’épaisseur qu’ils auraient mérité ; à trop vouloir mettre de détails dans son roman, l’auteure échappe à la légèreté, empêche la respiration et perd le lecteur dans un dédale d’intrigues qui ne méritent pas toutes de trouver une explication. En surlignant ainsi tous les aspects des personnages, ils deviennent des stéréotypes sans grande originalité, alors même que l’ambiance, en dépit du fait qu’elle soit vue et revue, est installée grâce à une écriture précise. La façon de présenter les personnages en miroir, c’est-à-dire de mettre en scène un adulte qui est amené à croiser un adolescent en rappelant un autre qu’il a connu, est tout à fait maladroite car sans surprise. Certes, il faut montrer que l’Histoire se répète, mais le procédé est un peu trop mécanique pour être apprécié. Quant aux personnages secondaires, ils sont enfermés dans leur rôle utilitaire, sans histoire propre, ne servant qu’à la propre action du protagoniste.
La disparition d’Annie Thorne – la sœur de Joe – est évoquée par flashbacks, souvent après la consommation d’alcool du grand frère. Comment se fait-il que personne d’autre ne l’aborde, au retour de Joe ? Pourquoi suscite-t-il autant d’hostilité ? Là où King dépeint magistralement l’ambiance des petites villes, créant des personnages qui aident le lecteur à faire partie de l’action, CJ Tudor se contente de placer ses bribes d’actions, entremêlant des intrigues vites dénouées, sans laisser de part au mystère.
Le récit constitue une lecture simple pour les amateurs de thrillers à rebondissements. Le roman est aussi vite consommé qu’oublié.
C.J. Tudor - La disparition d’Annie Thorne
Edition J’ai lu
Traduction : Thibaud Eliroff
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