Le 31 octobre 2017
- Scénariste : Bertrand SANTINI >
- Dessinateur : Lionel Richerand
- Coloriste : HUBERT
- Série : L’esprit de Lewis
- Collection : Métamorphose
- Genre : Fantastique
- Editeur : Soleil
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 18 octobre 2017
- Durée : T.1
Premier acte d’un diptyque, vraiment fantastique, et pas du tout fantomatique.
À première vue, ce magnifique album de la collection Métamorphose, enluminé comme un manuscrit et rappelant les cadres de Gustave Doré, devait raconter la vie de Lewis Carroll. Le héros porte bien son prénom, il commence une carrière d’écrivain, mais son nom de famille est Pharamond. Magnanime, à la mort de sa mère adorée, il laisse les demeures de la capitale anglaise à ses sœurs pour s’exiler dans un manoir d’un autre temps, sur une île isolée et isolante. Rapidement, au milieu d’un immense cabinet de curiosités, il se laisse hanté par un esprit féminin. Loin d’être effrayé, il cherche à connaître le fantôme, afin d’y puiser son inspiration, car il en manque aussi cruellement que l’apparition manque de vie et d’épaisseur. Sa science ésotérique lui permet de communiquer avec le spectre, nommé Sarah, jusqu’à mêler les deux mondes... Si le début du récit paraissait un poil contemplatif et un brin apathique, l’apparition emballe totalement l’histoire, qui se construit sur la dualité entre un Lewis enfermé parmi les vivants, une Sarah emprisonné dans l’oubli d’une mort violente, tous deux cherchant à se rejoindre dans un entre-deux morbide et plein d’espoir. La fin vient mettre à mal cette relation ambiguë, et le détachement du héros vient faire évoluer le scénario. Sachant qu’il n’y aura qu’une seule suite, l’attente est forcément haute pour le futur second volet de ce diptyque étrange.
© Soleil
Si l’on se penche sur les plaisantes planches de Lionel Richerand, là aussi les échos de l’auteur d’Alice au pays des merveilles reviennent en tête, avec des personnages aux visages blafards et torturés, des yeux comme des abîmes et un bestiaire angoissant, où un renard empaillé s’éveille comme un ectoplasme déglingué. Les éléments perturbants sont là, dans chaque coin de page, qui créent une ambiance de siècle romantique, entre Chateaubriand et Poe, où les jours sont trop lents et les nuits trop courtes. Glaçant dans son ouverture, le manoir se dévoile chaque jour un peu plus, tandis que le cœur du héros s’entrouvre et se ferme successivement, au gré de l’amour, du désespoir ou de l’ambition. Le dessin a réussi à capter cette atmosphère légèrement insalubre, aussi bien des corps que des âmes, qui ne respirent pas la santé, physique ou psychique.
© Soleil
S’il était un bijou, L’esprit de Lewis serait une lapis-lazuli, dans des tons bleus plein de tristesse, tantôt sombre ou lumineux, avec des éclairs dorés comme sa couverture. Finement ouvragé, il sera complet lorsque son second tome achèvera le diptyque comme il l’a commencé : avec subtilité, intelligence et charme, tout en conservant cette ambiance délicatement pestilente.
74 pages - 16,95€
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