Mort alliée
Le 9 décembre 2010
Publié par les éditions capricci en collaboration avec le Centre Beaubourg à l’occasion de la Rétrospective Werner Schroeter ce petit livre à l’écriture nerveuse et inspirée parvient admirablement à cerner ce qui rend précieux, et même indispensable, l’oeuvre du cinéaste.
- Réalisateur : Werner Schroeter
- Genre : Cinéma
- Plus d'informations : http://test.capricci.fr/editions.ph...
- Festival : Rétrospective Schroeter à Beaubourg
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– Sortie : 26 novembre 2010
– Editeur : capricci
Publié par les éditions capricci en collaboration avec le Centre Beaubourg à l’occasion de la Rétrospective Werner Schroeter ce petit livre à l’écriture nerveuse et inspirée parvient admirablement à cerner ce qui rend précieux, et même indispensable, l’oeuvre du cinéaste.
L’argument : Werner Schroeter (1945-2010), quarante films, dont La Mort de Maria Malibran, Le Régne de Naples et Malina.
Ce livre est dédié à une aventure esthétique, existentielle et politique qui aura tout traversé et tout dépassé : l’Allemagne, son jeune cinéma, les années 1970, le camp et le carcan expérimental.
Extrait : L’absence de peur face à la mort, où le jeune Allemand en a-t-il reçu l’enseignement ? Dans quel pays doté d’une vie violente ? Était-ce au Liban à l’hiver 1971 sur le tournage de Salomé, ou au Mexique en novembre 1973 alors qu’il filmait L’Ange noir ? À moins que ce ne soit un peu plus tôt, à la fin de l’été 1969 à Sorrente (au sud de Naples) sur le tournage (censé se situer en Espagne, à Almería...) de Prenez garde à la sainte putain, de Rainer Werner Fassbinder, un film qui se tournait en parallèle à Eika Katappa et dans lequel RWF avait demandé à Schroeter de jouer un photographe de plateau sans appareil photo - définition pas si nulle de Schroeter cinéaste : un observateur magicien qui n’a qu’à peine besoin d’une caméra pour transformer l’image en or.
Notre avis : Philippe Azoury, qu’on connait pour ses critiques de cinéma dans le quotidien Libération, a déjà publié plusieurs ouvrages remarquables. On recommandera particulièrement un brillant Fantômas, style moderne aux éditions du Centre Pompidou et un Cocteau et le cinéma - Désordres, aux Cahiers du Cinéma, tous deux en collaboration avec Jean-Marc Lalanne.
L’auteur, qui décrit l’impression produite par la vision, un soir des années 90, de La mort de Maria Malibran comme un choc tellurique, prévoyait de composer avec le cinéaste un livre d’entretiens que la disparation de Schroeter en avril 2010 ne permit pas de mener à bien.
C’est donc ce bref ouvrage d’à peine cent pages à l’écriture nerveuse qui paraît à l’occasion de la grande Rétrospective Werner Schroeter au Centre Pompidou et dont le titre sous forme de dédicace ou de déclaration d’amour annonce bien le ton et le propos.
Car il ne s’agit évidemment ni d’une analyse de style universitaire, ni d’une biographie en bonne et due forme, mais d’une tentative d’approche éclatée, en 74 fragments, souvent très brefs, d’un artiste singulier et de son oeuvre, les deux étant indissociablement liés.
La mort, présente dans le titre, est le fil conducteur d’un ouvrage apparemment écrit sans plan véritable si ce n’est un vague déroulement chronologique, mais qui, de citations en analyses de films, de notes biographiques en rapprochements éclairants (Cocteau pour qui le cinéma ne pouvait être autre chose que la mort au travail, Eustache pour le dandysme tragique, Warhol, Garrel ou Pasolini) parvient à dresser un portrait intime d’une oeuvre sans cesse en mouvement qui, en dépit de la réputation qui lui est faite parfois, ne cède jamais au décoratif mais ne nous parle que de l’essentiel.
Cette écriture tâtonnante, cédant volontiers au lyrisme et au goût de la formule, mais traversée d’intuitions fulgurantes, était sans doute la seule à-même de faire surgir, par éclats, la vérité de ces objets difficiles à ramasser que sont les films de Werner Schroeter, pour reprendre la formule chère à Cocteau qu’Azoury rappelle à propos de Weisse Reise.
Esthète, dandy, zorro psychédélique* : Schroeter était tout cela à la fois, mais chez lui, je cite : la mort alliée est très vite devenue (...) le point de départ d’une morale de la dépossession, tenant à la fois de dernier dandysme, de dernier anarchisme et d’ultime révolution.
On ne saurait trop recommander la lecture de ces pages alertes qui raviront les schroeteriens et donneront aux autres la furieuse envie de s’aventurer dans l’univers du cinéaste.
*Azoury cite cette expression utilisée par Nicole Brenez à propos de l’apparition de Schroeter dans le film de Fassbinder Prenez garde à la Sainte Putain.
Photo extraite de Eika Katappa
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