A certain trigger

Cette fois ça y est : le label de Sheffield s’est carrément jeté à l’eau. Après avoir longtemps tournicoté autour de la pop (Broadcast et plus récemment Home Video) sans pour autant signer de vrai groupe à guitares, Warp a jeté son dévolu sur Paul Smith et ses élégants partenaires. Sur la foi d’un single et de quelques concerts, le label a ainsi proposé à Maxïmo Park de sortir son premier album, faisant fi des railleries à venir, osant le flagrant délit de retournement de veste. Mais grand bien lui en a pris. Car non seulement la scène électro ne donne-t-elle plus l’occasion de s’enthousiasmer qu’aux années bissextiles, mais surtout, A certain trigger est si irrésistible qu’il forcera le respect, et renforcera ainsi encore l’image du label.

Prenant pour ancrage l’éternel dilemme de la jeunesse britannique (faut-il absolument quitter sa petite ville pour Londres si l’on veut vivre pleinement ?), le groupe propose treize compositions incandescentes aux textes d’une froideur désespérée. Ces guitares urgentes et ces envolées surprenantes ravivent également l’image éternelle de ces groupes à peine sortis de l’adolescence, et déjà si pressés de vivre leurs fantasmes de grandeur et d’en découdre avec leurs aînés. Ainsi, à l’écoute des tonitruants Apply some pressure ou Now I’m all over the shop, ne manquera-t-on d’évaluer Maxïmo Park sur l’échelle Bloc Party, eux-mêmes évalués en ce moment sur l’échelle Franz Ferdinand, et ainsi de suite. Les éternelles poupées russes du rock made in England. Mais plutôt que d’opposer sans cesse ces formations, profitons de la période excitante offerte une nouvelle fois par Albion la Perfide, et ne boudons pas notre plaisir.