Le 6 décembre 2005
Quelle île pour sauver le monde de son naufrage ?
Quelle île pour sauver le monde de son naufrage ?
Rien qu’une coïncidence ? Deux îles de la Méditerranée se sont faites points finaux à deux romans de la rentrée, français tous deux et cherchant, l’un avec plus de profondeur que l’autre, à poser des mots sur le naufrage de notre temps. Le premier, de loin le plus léger, est signé Jean-Philippe Toussaint. Il conduit son personnage dans une course aussi folle que vaine autour du globe avant de l’arrêter, net et pour toujours peut-être, dans les eaux mouillant l’île d’Elbe. Fuir promettait le titre, s’arrêter sur une île lui répond l’histoire, dernier refuge face à la perte de sens d’un monde dont on voudrait nous faire croire qu’il peut tenir dans un téléphone portable.
Immersion, d’Alain Fleischer, laisse, lui, ses personnages au large de la Sicile, têtes et pieds sous l’eau, en marche vers une île immergée mais sur le point de refaire surface, près de deux siècles après sa dernière apparition. L’île devient alors promesse, non plus point final mais point de départ d’un monde nouveau, débarrassé de la barbarie du siècle passé, vidé du vide des marchands et des banquiers, rempli d’espoirs. Une île à portée de pas, quitte, pour l’atteindre, à s’enfoncer encore un peu. La possibilité d’une île ? Non, la nécessité.
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