Le 3 juillet 2007
Un cauchemar américain détaillé avec précision dans une œuvre fleuve qui séduit l’œil et l’esprit. Il faut s’en réjouir.
Non, Robert De Niro ne rigole pas. Mais on ne rigole pas avec le gâchis d’une vie ni même avec des thèmes comme la conspiration paranoïaque ou la manipulation sournoisement ourdie. Avoir une telle ambition pour son public est totalement honorable voire rare dans la production actuelle. Treize ans après Il était une fois dans le Bronx, Robert De Niro impressionne encore les mirettes avec ce Raisons d’État, thriller vénéneux et dense dont la durée aride (environ trois heures) ne doit en aucun cas constituer une anicroche rédhibitoire. L’expérience en vaut la peine pour peu que vous aimiez l’intransigeance et les atmosphères torves durablement installées autour de personnages rongés par la culpabilité, la démence et la solitude. Dans la structure, le récit fait d’ailleurs étrangement penser à Abattoir 5, de George Roy Hill, autre histoire d’une vie singulière et pas simple confrontée aux tumultes du monde.
Tout d’abord, il ne faut pas confondre académisme et classicisme. Sous son apparence austère de vieux feuilleton télé pour pépés édentés, le film constitue un cauchemar éveillé glaçant et monochromatique qui réussit des exploits pas minces et pas si fréquents comme passionner et donner à réfléchir sur tous les soubresauts politiques qui ont affligé un pays en période trouble. Et donc une conscience fragile. La métamorphose - exemplaire - de Matt Damon passe par celle de la vraie vie du fondateur de la CIA (James Jesus Angleton), ossature du script. L’exigence, identique à celle des grands thrillers paranoïaques des années 70 fomentés par tonton Frankenheimer, mêlée au ludisme dans ses moments les plus enlevés, constitue sa vertu la plus sûre. En privilégiant sciemment le minimalisme humble et les failles humaines au gros pavé didactique barbant, De Niro cinéaste ne cherche pas à retranscrire toutes les répercussions géopolitiques de la CIA mais préfère simplement plonger dans le magma mental d’un homme en panne de lui-même. D’où la couleur décharnée, les personnages fantômes, le goût moite. Dans son genre, impressionnant.
La critique CONTRE : l’avis de Pierre Langlais
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