Le 29 décembre 2015
- Genre : Nanar
On les connaissait réalisateurs de films de genres, ils réalisent désormais des comédies dites franchouillardes. RIP.
On les connaissait réalisateurs de films de genres, ils réalisent désormais des comédies dites franchouillardes. RIP.
Qu’est devenue la nouvelle vague de cinéastes français, nourrie au cinéma d’action et d’épouvante qui avait essayé de bouleverser les règles du cinéma hexagonal, notamment via des productions gores (A l’intérieur, Humains, tous deux issus de La Fabrique de Films, qui depuis a coulé, mais aussi Martyrs) ? Au chômage technique pour beaucoup : Pascal Laugier n’a pas tourné de long depuis l’intéressant The Secret, parenthèse canadienne à succès dans le thriller. Des projets avec Hollywood, très souvent, notamment de remakes : Bustillo et Maury réalisent actuellement un nouvel épisode de Massacre à la tronçonneuse. Mais pour la France, il leur est difficile de trouver des producteurs alors que tous les films d’horreur locaux ont été de lourds échecs au box-office hexagonal, faute d’écrans volontaristes pour diffuser ce mauvais genre, généralement méprisé par deux des plus grands piliers du 7e art, les exploitants et les producteurs.
En 2015, si l’on écarte Yann Gozlan, le réalisateur du survival Captifs (passé inaperçu en 2010, malgré de réelles qualités et la présence à contre-emploi de Zoé Félix) qui a enchaîné avec Un homme idéal, un thriller adroit avec Pierre Niney et Ana Girardot et un beau succès dans nos salles, de ces cinéastes si prometteurs, cela a été quelque peu la débandade. Quelques-uns de nos espoirs se sont vus contraints de pactiser avec le diable : la comédie franchouillarde. L’alimentaire excrémentiel. Trois cas de figures.
– Tristan Aurouet est passé de la comédie déjantée Narco avec Canet et Poelvoorde au thriller branché et stylé Mineurs 27, œuvre glauque sur la pédophilie. Depuis 2011 et le flop de cette production personnelle, il doit attendre 4 ans et EuropaCorp pour s’en sortir avec Les Gorilles, film d’une médiocrité absolue où Manu Payet et JoeyStarr ne donnent jamais de leurs personnes pour faire fonctionner leur duo de bras cassés, dans le domaine des gardes du corps peoples. Un bide et un authentique gâchis de talent.
– Benjamin Rocher nous avait bien fait tripper avec La Horde, film de zombies et de Kairas, co-réalisé par Yannick Dahan. Son retour en 2009, après le décampant concept en 2 parties de Goal of the dead, à la réalisation du roublard Antigang, nous a consternés. Vendu comme une version française de L’arme fatale, ce polar franchouillard aux vannes lourdes et avec Jean Renno, marquait une régression cabotine pour le cinéaste.
– Avec Pension complète, Florent Emilio Siri propose un remake de La Cuisine au beurre. Lanvin et Dubosc se retrouvent dix ans après s’être fait complices dans Camping. Ils revêtent les rôles jadis tenus par Fernandel et Bourvil. Le film n’est pas montré à la presse et déboule à l’improviste un 30 décembre pour limiter la casse au box-office. Un journal de 20h sera essentiellement le cadeau promotionnel offert par le duo de stars qui a bien du mal à dissimuler le côté nanardesque de l’entreprise. La rédaction d’aVoir-aLire ne l’a donc pas vu, mais le fait de trouver Siri derrière ce projet fait saigner les yeux : il est le réalisateur de Nid de Guêpes, Cloclo et L’Ennemi Intime. Son passage dans le divertissement populaire est le troisième mauvais signal de l’année pour le cinéma de genre en France. Déjà en 2005, il s’était exilé pour tourner Otage avec Bruce Willis à Hollywood. Pas sa plus grande réussite.
Cette tendance à transformer les cinéastes prometteurs français de genres alternatifs à des faiseurs de divertissements impersonnels n’est pas nouvelle. Le co-réalisateur du thriller horrifique Ils, qui avait également tâté du remake hollywoodien avec le raté The Eye, avait dirigé Pierre Niney et Virginie Efira dans 20 ans d’écart en 2013. Pour le coup, l’expérience s’était avérée commercialement viable. Il reviendra au cinéma de l’étrange en 2016 avec Seuls, d’après la bande-dessinée de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti. L’espoir n’est donc pas perdu.
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