Portier de jour
Le 18 février 2018
Un uppercut comparable aux productions sauvages des années 70. L’existence même du film relève du miracle.
- Réalisateur : Pascal Laugier
- Acteurs : Morjana Alaoui, Mylène Jampanoï
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Survival
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Box-office : 95.226 entrées France / 21.139 entrées P.P.
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement
- Date de sortie : 3 septembre 2008
L’argument : Milieu des années 70, quelque part en France, une petite fille, Lucie, est retrouvée dans un état physique catastrophique. Elle avait disparu quatorze mois plus tôt. L’endroit de sa séquestration s’avère être une chambre froide d’un abattoir désaffecté. Aucune trace d’abus sexuel. Les raisons de son enlèvement restent mystérieuses. Quinze ans plus tard, Lucie n’a qu’une idée en tête : retrouver ses bourreaux et comprendre les raisons de son calvaire. Aidée par Anna, une amie inséparable rencontrée à l’hôpital pour enfants où elles étaient placées depuis, Lucie, qui n’a plus toute sa tête, croit avoir retrouvé ses ravisseurs et décide de se venger.
Notre avis : Pour Saint-Ange, son coup d’essai, Pascal Laugier se faisait plaisir en convoquant les fantômes de Dario Argento et Richard Loncraine dans un fantasme de cinéphile où la majorité des scènes cachait des références précises. Avec Martyrs, son second long métrage, il a manifestement voulu réaliser une œuvre radicale, sans concession, qui s’inscrit aux antipodes du précédent, évoquant les films sauvages des années 70, capables de bousculer la conscience du spectateur et de provoquer des sensations viscérales par la simple force des images. Ce serait un euphémisme de dire qu’il a parfaitement atteint son objectif, en dépassant largement le statut réducteur de série B. Il s’agit moins d’un film d’horreur que d’un film sur l’horreur où l’intime sert de vitrine à l’universel. En prenant en compte les reproches (l’étiquette du Christophe Gans bis plus cinéphage que cinéaste) et les écueils (une tendance à privilégier la forme au fond) que certains lui avaient fait sur son précédent long métrage, Laugier a renversé la tendance en proposant un traitement visuel moins poseur et un scénario d’une cohérence inouïe. Toute la première partie cherche à surprendre en perdant le spectateur dans un dédale d’images éprouvantes, à travers des pistes hasardeuses et en dissociant clairement ce qui se passe en surface (les apparences trompeuses) et en profondeur (les secrets de la cave). L’espace d’un instant, on pense à une réunion virtuose de toutes les catégories horrifiques.
Passés la puissance des images et un retournement de situation inattendu, la seconde partie reste dans le même état de fureur mais permet de déterminer les enjeux dramatiques. A condition de le voir dans son intégralité et donc de ne pas céder au réflexe instinctif qui consiste à quitter la salle, impossible de ne pas y voir autre chose qu’un simple exercice de style gratuit et provocant. Si Martyrs dérange, c’est non seulement pour ce qu’il montre (une violence graphique assez inédite) mais aussi pour son message (la relation entre les bourreaux et les victimes) dont l’ambiguïté risque d’être mal interprétée. Elle est indissociable d’une certaine forme de virtuosité. Pascal Laugier n’est pas Pasolini (il est plus instinctif que théorique) ni même Haneke. Mais, de toute évidence, il invite à lire entre les lignes et à se demander pourquoi ces images-là agressent à une époque déshumanisée où la violence s’est banalisée. Pourquoi le cinéma crée encore du scandale et redéfinit l’obscénité ? On en sort très éprouvé, tout en étant persuadé d’avoir vu une proposition mature et idéale de cinéma de genre qui impressionne autant qu’elle remet en cause des idées reçues.
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Norman06 29 avril 2009
Martyrs - la critique
Oscillant entre la série B, la série Z et le film d’horreur culte, ce récit terrifiant est somme toute une réussite, réconciliant le cinéma français avec un genre qui lui a peu porté bonheur. En dépit d’un quart d’heure un brin complaisant sur la fin, c’est un film à voir et le dénouement est surprenant. Cauchemars garantis.