Les derniers jours du disco
Le 30 juillet 2003
Une compilation qui remet au goût du jour un groove amateur et avant-gardiste.

- Artiste : Compilations - v/a

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Le son ludique, bizarre et terriblement groovy d’une génération d’artistes sans plan de carrière. A l’image de la Big Apple d’avant le grand nettoyage des années Giuliani.
Tout d’abord, compliments au label Soul Jazz, à l’origine d’une série de rééditions et de compilations dressant une sorte de généalogie des tendances les plus fraîches et excitantes de la pop actuelle, et s’interdisant tout clivage musique populaire/musique expérimentale. Ceci fait d’ailleurs le charme de cette nouvelle parution qui, après le funk, le rocksteady ou la musique latino, dresse un tableau d’honneur de la "dance music de l’underground new-yorkais", période 1978-1982. Un âge où le disco, déjà moribond, lègue son ton hédoniste à une musique bien plus aventureuse, au croisement du funk, du rock et de la no wave (version typiquement new-yorkaise et arty du punk).
Comme le rappelle l’excellent livret qui accompagne la compilation, cette époque foisonnante a déjà accédé au rang de mythe, celui d’une Factory sans la férule autoritaire d’un Warhol. Sans le moindre espoir de percer dans le grand public, une génération d’artistes de toutes origines et toutes disciplines s’est mise à la musique pour un ou deux disques, jouant ce qui lui passait par les oreilles avec ce qui lui tombait sous la main (cuivres, synthés, violon...). Certains restés inconnus (qui se souvient de la Française Lizzy Mercier Descloux ?), d’autres passés à la postérité, comme les Liquid Liquid (dont le minimaliste Optimo sous influence brésilienne ouvre NY Noise) ou Jean-Michel Basquiat, qui produit l’ovni hip-hop Beat Bop, de Rammelzee vs. K.Rob. L’influence de la Lesson n°1 de Glenn Branca est évidente sur les premiers albums de Sonic Youth, de même que le Combat Rock de The Clash a été conçu dans l’esprit punk funk de Defunkt ou des Contortions. Mais les premiers pas d’une house faite main sont aussi présents, avec les longues plages dub-funk de Konk ou Dinosaur L.
Une fois l’envie passée, tout ce beau monde s’en est retourné à ses premières amours : graffitis, fringues, toiles ou pellicule. A l’exception de quelques musiciens à temps complet comme Arto Lindsay (ici présent avec son groupe DNA), Grenn Branca ou Bill Laswell toujours vénérés comme des vaches sacrées de l’underground musical. Reste une série de titres pop euphoriques, comme le Do Dada de The Dance, que seul le mauvais goût d’une époque qui allait accoucher de MTV pouvait empêcher de devenir des tubes.
V/A - New York Noise (Soul Jazz Records)