Le 25 mai 2020
- Chanteur : Mory Kanté
- Compositeur : Mory Kanté
C’est encore un des grands noms de la world music qui est décédé il y a quelques jours. Mory Kanté est mort le 22 mai 2020, à l’âge de 70 ans.
News : Kanté s’en est allé avec sa légendaire kora. Enfant de griots célèbres, né au milieu du vingtième siècle en Guinée, le petit Mory est très tôt envoyé au Mali, chez sa tante, qui habite à Bamako. De sept à quinze ans, parallèlement à l’école, il apprend le chant et s’initie au balafron, instrument fétiche de la famille. La capitale malienne étant le carrefour de toutes les musiques, où se métissent la pop anglaise, le mambo cubain, la rumba zaïroise, le jeune artiste en herbe en subit les influences, qui se synthétiseront dans sa future production. Après avoir animé des bals, des fêtes de mariage et intégré différentes formations, il est repéré par le saxophoniste Tidiani Koné et intègre le célèbre orchestre du buffet de la gare de Bamako, le Super Rail Band qu’avait déjà rejoint le chanteur Salif Keita. Kanté abandonne alors le balafron pour la kera, remplace Keita au chant et tourne avec Rail Band dans toute l’Afrique. Puis il prend la tangente pour entamer une carrière solo. Installé à Abidjan à partir de 1978, il pose les bases d’un crossover musical, en électrisant sa musique mandingue. Trois ans plus tard, il enregistre son premier album Courougnegne qui établit les fondations d’un courant qu’on appellera bientôt la "world music". L’album est très bien reçu sur le continent africain, où l’artiste devient une star. Sa notoriété se confirme grâce au ballet mandingue qu’il dirige au Centre culturel français d’Abidjan en 1982, et qui réunit 75 artistes traditionnels.
Deux ans plus tard, Kanté s’envole pour la France où il est inconnu. Les débuts sont difficiles, mais le chanteur et musicien est porté par le vent d’un genre qui déferle, dont les stars seront, tout au long de ces années 80 initiatrices, Manu Dibango, Youssou N’Dour, Cheb Mami, Johnny Clegg, Idir... Dans ce contexte, l’album Mory Kanté à Paris permet à l’artiste de multiplier les tournées à travers toute l’Europe, de rejoindre Jacques Higelin sur scène pendant un mois, à Bercy, à l’automne 1984. A la fin de cette même année, il rejoint les stars de la musique africaine (M’Bamina, Salif Keita, Touré Kunda, Mory Kante, Ghetto Blaster, Souzy Kasseya, Ray Lema) pour enregistrer la chanson caritative Tam-Tam pour l’Éthiopie, le pays de la corne africaine subissant alors une terrible famine.
Le triomphe viendra avec Akwaba Beach (1987, Victoire de la musique du meillleur album francophone), qui contient le hit Yéké yéké, déjà présent sur l’album Mory Kanté à Paris, mais réenregistré dans une version considérablement électrifiée. La chanson fera danser la planète entière, sera le plus grand tube de son auteur, son morceau emblématique. Dès lors, sa notoriété lui permet de s’offrir la participation de Carlos Santana sur son opus suivant, Touma (Le Moment) (1990) disque d’or en France.
Les années suivantes se partagent entre projets musicaux et actions caritatives. Mory Kanté dirige notamment l’Ensemble traditionnel de Guinée, composé de 130 musiciens, qui se produit en 1991 pour l’inauguration de la Grande Arche de la Défense à Paris. En 1994, le chanteur enregistre le très funky Nongo Village, qui sent la redite. En terme de ventes, l’album est une déception. Son titre fait référence au studio de l’artiste, mas aussi à un complexe culturel que Kanté a entrepris d’initier à Conakry.
Sans doute lassé d’être estampillé "griot électrique", il explore d’autres sons à partir de 1996 : Tatebola, aux influences techno, est aussi un retour aux sources, celle de la musique mandingue. Les tournées se poursuivront à travers le monde, entrecoupées d’albums aux hybridations toujours aussi perceptibles, savoureuses lorsqu’elles ne s’encombrent pas du surplus technologique, comme sur l’excellent Sabou, en 2002. Le dernier album de Kanté était sorti en 2012. Il s’intitulait La Guinéenne.
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