Dormir au son du cor
Le 10 octobre 2010
Destinée à mettre en valeurs trois jeunes premiers en début de carrière, cette comédie enlevée et pleine de charme est un pur produit de studio transcendé par la touche Shimazu, auquel la MCJP consacre une mini-rétrospective.
- Réalisateur : Yasujirô Shimazu
- Acteurs : Ken Uehara, Shuji Sano, Kuniko Miyake, Mieko Takamine, Shin Saburi
- Genre : Comédie
- Nationalité : Japonais
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
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– Titre original : 婚約三羽鳥 - konyaku sanbagarasu
– Durée : 1h06mn
Destinée à mettre en valeurs trois jeunes premiers en début de carrière, cette comédie enlevée et pleine de charme est un pur produit de studio transcendé par la touche Yasujirô Shimazu auquel la MCJP consacre une mini-rétrospective.
L’argument : Trois jeunes hommes nouvellement recrutés dans une usine de textile tombent amoureux de la fille du directeur. Les trois rivaux sont pourtant déjà fiancés.
Notre avis : Plus ou moins inspiré de la comédie musicale Die drei von der Tankstelle - Le chemin du Paradis de Wilhelm Thiele (1930), konyaku sanbagarasu - Les trois prétendants est représentatif du style international qui caractérise nombre de films des années 30. Le Japon qu’on voit à l’écran est occidentalisé à l’extrême et les grands décors blancs sont dignes d’une production UFA ou Paramount, en particulier celui du magasin de mode où les trois héros sont engagés (dans le film de Thiele, ils s’occupaient d’une station service). On le croirait sorti d’un film de Lubitsch ou de La Cava, auxquels on songe irrésistiblement lors de la scène très drôle où Ken Uehara, sommé d’attirer des clients, provoque un attroupement devant la vitrine en faisant mine d’observer attentivement quelque chose dans le ciel avant d’entrainer tout le monde à l’intérieur.
On s’amusera aussi à entendre le même Ken Uehara, étudiant en droit allemand, réciter un article de loi dans la langue originale (mais avec un fort accent japonais).
© 1937, Shôchiku Co., Ltd.
Même s’il est vaguement question de crise économique (après tout, les héros sont tous les trois au chômage au début du film) le ton est résolument léger et la vision du monde du travail fortement idéalisée : tout se passe dans la joie et la bonne humeur. Deux ans plus tard, Ani to sono imôto - Un frère et sa petite soeur dressera un tableau nettement moins rose de l’univers impitoyable des entreprises.
Même le manège de la fille du directeur (Mieko Takamine, très jeune femme libérée à l’américaine) qui les teste tous les trois avant d’en épouser un quatrième, est traité comme un jeu sans conséquences et les trois prétendants éconduits se consolent d’ailleurs bien vite de leur déconvenue.
Tout cela est cousu de fil blanc, n’étant en fait que prétexte à fournir des rôles sur mesure à trois étoiles montantes de la Schochiku dont les personnages portent symptomatiquement le prénom.
Chacun est employé dans son registre à lui : Ken (Uehara) en rêveur romantique et musicien (qui chante et joue du cor !), Shin (Saburi) en rustre sans manières qui la joue au culot, et Shûji (Sano) en gentil un peu mou quitté par sa femme (la belle Kuniko Miyake), lasse de l’entretenir.
© 1937, Shôchiku Co., Ltd.
On a pris soin de les entourer de seconds rôles familiers du public tels que Choko Iida, en logeuse, ou Tatsuo Saito, en membre du comité d’embauche.
Mais ici encore, comme dans Les lumières d’Asakusa c’est la touche Shimazu et son goût pour les détails inutiles à l’intrigue mais amoureusement observés qui transcende l’ensemble et lui donne un charme puissant ainsi qu’un fort ancrage dans le réel, en dépit de tous les artifices : scènes de rue merveilleusement animées, promenade sur la jetée du port de Yokohama, Ken laissé seul par la jeune héritière dans le salon et qui se met à faire des grimaces et des onomatopées, elle qui s’endort doucement pendant qu’il lui joue au cor un motif de La somnambule de Bellini.
Comparée aux chefs d’oeuvres de Shimazu tels que Okoto et Sasuke , Les trois prétendants apparaîtra comme un intermède léger et fort réjouissant.
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